Dans un communiqué de presse parvenu à la rédaction de 7SUR7.CD ce mercredi 06 Mars 2024, le directeur général du comité international de la Croix-Rouge (CICR), Robert Mardini, a annoncé la menace d’une hausse brutale du nombre de civils blessés par des armes lourdes dans la partie Est de la République Démocratique du Congo. Menace pouvant saturer les établissements de santé déjà mis à rude épreuve et aggravant l’une des crises humanitaires les plus importantes dans le monde.
Robert Mardini a visité à Goma au Nord-Kivu des camps de déplacés à l’Ouest de la ville et l’Hôpital CBCA Ndosho soutenu par le CICR depuis 2012, dans le cadre de son séjour de 5 jours en République Démocratique du Congo (RDC).
Robert Mardini a saisi cette opportunité pour lancer un avertissement sur l’utilisation d’armes lourdes, qui marque une nouvelle phase alarmante du conflit armé dans l’Est de la République.
« Ce à quoi nous assistons actuellement dans l'Est de la RDC est sans précédent et extrêmement préoccupant à bien des égards. Suite à la récente flambée des hostilités début février, des centaines de civils gravement blessés, dont beaucoup de femmes et d'enfants, ont afflué vers les établissements de santé du Nord-Kivu. 40 % avaient été victimes de bombardements ou d'autres armes lourdes utilisées dans des zones urbaines densément peuplées. Cette nouvelle dynamique vient accentuer la profonde souffrance de si nombreux civils déjà accablés par des décennies de conflit », renseigne-t-il dans ce communiqué de presse.
Et à Robert Mardini d'ajouter : « En cas d'utilisation d'armes explosives en zones habitées, y compris à proximité de camps de personnes déplacées, la probabilité d'effets indiscriminés est très forte. En un mot, des civils risquent d'être blessés voire tués. C'est précisément ce que nous observons en ce moment dans le Nord-Kivu avec les conséquences dévastatrices que cela entraîne ».
La complexité des défis humanitaires se manifeste de façon frappante à l'hôpital Ndosho.
Celui-ci gère aujourd'hui plus de 130 lits représentant le double de sa capacité d'accueil normale.
Beaucoup de patients sont installés sous des tentes.
Ce même communiqué renseigne que les patients venant des zones de conflit autour de la petite ville de Sake, à seulement 25 kilomètres sont de plus en plus nombreux à présenter de graves blessures nécessitant des interventions chirurgicales complexes et certains décèdent sur le chemin de l'hôpital.
La population civile étant la principale victime, plus de 7 millions de personnes ont dû fuir leur foyer, souvent à de multiples reprises, dont deux millions et demi dans le seul Nord-Kivu.
En en croire le directeur général du CICR à l'hôpital Ndosho,le niveau de souffrance subie est affligeant et ce n'est qu'un aperçu de l'ampleur et la complexité des défis humanitaires à relever en RDC. Il s'agit d'une crise de la protection à vaste échelle, qui peut pourtant être évitée.
Selon le droit international humanitaire, il incombe aux parties à un conflit de protéger les civils et les infrastructures civiles et de prendre toutes les précautions possibles pour les épargner.
« La réponse humanitaire, quoique essentielle, n'est manifestement pas la solution. Pourtant, il existe un seul moyen réellement efficace de réduire les souffrances dont nous sommes témoins : les parties au conflit doivent respecter leurs obligations, selon le droit international humanitaire, de protéger la population civile. Nous les appelons instamment à le faire de toute urgence. À défaut, un avenir sombre attend des millions de Congolais qui n'ont connu que la guerre», explique Robert Mardini dans ce même communiqué.
Pour sa part, le CICR collabore étroitement avec la Croix-Rouge de la RDC et porte assistance aux personnes touchées par le conflit, principalement par:
- Le renforcement des soins de santé physique et mentale fournis aux personnes blessées, malades et traumatisées;
- L'amélioration de l'accès à l'eau et l'assainissement;
- L'accompagnement en réunissant les familles dispersées.
Il importe de souligner que ces dernières semaines, les combats se sont intensifiés entre les forces gouvernementales de la RDC et le M23 dans la partie Est de la RDC, qui est l'épicentre de plusieurs conflits depuis les années 1990.
Grâce Kenye