Afin de remédier à la surpopulation carcérale dans les prisons de la République Démocratique du Congo (RDC), la ministre d'État chargée de la Justice et Garde des Sceaux, Rose Mutombo, a promis le 10 avril 2024 d'initier des missions au Nord-Kivu pour étudier la question du désengorgement des établissements pénitentiaires.
Cette annonce fait suite à des échanges avec un groupe de députés nationaux de cette région, qui ont plaidé pour que le Nord-Kivu devienne la prochaine étape du processus de désengorgement des prisons après Kinshasa.
Ces élus ont exprimé leur préoccupation quant à la capacité d'accueil dépassée des prisons dans une région opérationnelle confrontée aux réalités de la guerre. Ils ont souligné que de nombreux établissements pénitentiaires sont au bord de la saturation, appelant à une action rapide pour soulager cette pression croissante.
« Nous, en tant que députés du Nord-Kivu, sommes venus voir la ministre d'État, ministre de la Justice, pour que la prochaine activité se fasse dans la province du Nord-Kivu. Comme vous le savez, la province du Nord-Kivu est une zone opérationnelle et nous sommes en guerre. Il va de soi que la plupart des prisons du Nord-Kivu sont au-delà de leurs capacités d'accueil. La ministre d'État a été attentive à nos préoccupations et nous a promis que dans les jours à venir, des missions seront diligentées dans la province du Nord-Kivu pour examiner cette question », a déclaré le député Jacques Safari Nganzi.
De plus, lors des discussions, des inquiétudes ont été soulevées concernant le transfert de certains détenus de Goma à Kinshasa, laissant les familles dans l'incertitude quant au sort de leurs proches. Ces élus ont demandé à la ministre de la Justice de faciliter des visites aux prisonniers détenus à Kinshasa pour apaiser les familles concernées, sans pour autant interférer dans l'administration de la justice.
« Nous avons aussi échangé avec la ministre d'État sur la bonne administration de la justice en province du Nord-Kivu, car nous avons constaté que certains prisonniers sont transférés de la ville de Goma vers Kinshasa. Nous, en tant que députés nationaux, recevons régulièrement des plaintes des familles de ces prisonniers qui ne savent pas où se trouvent leurs proches détenus à Kinshasa. Nous avons sollicité que la ministre d'État nous aide pour les visiter. Nous ne voulons pas nous immiscer dans l'administration de la justice, mais au moins cela apaiserait les familles dont les proches sont en prison à Kinshasa et à Angenga. Ceux qui sont à la prison centrale de Makala, nous pouvons les visiter, mais ceux qui sont concernés par les dossiers sécuritaires ne nous sont jamais accessibles. Ils sont là depuis plusieurs mois et les familles nous demandent simplement de savoir s'ils sont encore en vie pour les rassurer », a ajouté le député J. Safari Nganzi.
Dans le cadre des efforts visant à réformer le système judiciaire et à lutter contre la surpopulation carcérale, le président Félix Tshisekedi avait instruit la ministre de la Justice de collaborer étroitement avec le Conseil Supérieur de la Magistrature pour prévenir les arrestations injustifiées des magistrats du parquet, respecter les délais d'instruction des dossiers et éviter les retards inutiles.
Suite à cette directive, une réunion a été convoquée, réunissant des représentants de divers organes judiciaires. Une commission spéciale a été établie pour trouver des solutions à la surpopulation carcérale dans les prisons de Makala et Ndolo, à Kinshasa. Cette initiative a déjà abouti à la libération d'environ 400 détenus de la prison de Makala.
Merveil Molo