Depuis la libéralisation du secteur de l'électricité en RDC il y a dix ans, la question de l'électrification exhaustive du pays demeure un sujet brûlant. De nombreux défis persistent, suscitant des interrogations au sein de la population quant aux raisons qui bloquent l'éclosion de ce secteur vital pour le développement économique et social du pays.
Certaines de ces interrogations populaires ont été recueillies et rassemblées par la Coalition des organisations de la société civile pour le suivi des réformes et de l’action publique (CORAP) dans un document intitulé « Des questions citoyennes, énergie et environnement ».
Ce document destiné aux décideurs dans le secteur de l’électricité, dont le président de la République, a été publié le lundi 15 avril.
Au président de la République Félix Tshisekedi, la CORAP demande les raisons qui empêchent l’opérationnalisation des projets Katende, Kinshasa Solar City, les projets d’électrification de 145 Territoires alors qu’au premier ministre cette organisation de la société civile interroge sur les raisons d’une fiscalité asphyxiante (80 taxes, redevances et impôts) dans le secteur de l’électricité ?
Au ministre des ressources hydrauliques et électricité, la CORAP veut savoir pourquoi le secteur de l’électricité en RDC n’attire toujours pas les investisseurs alors qu’il y a une décennie depuis que la libéralisation est effective. Quant à la directrice générale de l’Autorité de régulation du secteur de l’électricité (ARE), Sandrine Mubenga, la CORAP demande notamment pourquoi sa structure met trop de temps pour accorder des autorisations nécessaires aux opérateurs désireux d’investir dans le secteur de l’électricité, pourquoi cette structure publique ne s’implante pas au niveau décentralisé afin de se rapprocher des opérateurs ?
Au directeur général de l’Agence nationale des services énergétiques en milieux ruraux et périurbains (ANSER), CORAP demande, entre autres, l’impact réel des différentes initiatives d’électrification que son institution met en œuvre sur les ménages en milieu rural et péri-urbain et aussi où nous en sommes avec le fonds Mwinda qui vise à mobiliser 500 millions de dollars pour financer l’électrification en milieux rural et péri-urbain ?
S’adressant au directeur général de la Société nationale d’électricité (SNEL), la CORAP lui demande notamment les raisons qui empêchent à son entreprise d’améliorer la qualité de la desserte en électricité, le plan directeur que la SNEL met en place pour faire face au déficit de la production de l’électricité, dans le but de satisfaire sa clientèle.
Interrogé sur les raisons de la démarche de son organisation, le secrétaire exécutif de CORAP, Emmanuel Musuyu, a expliqué que les questions que les communautés leur posent sur le terrain seules les autorités du pays peuvent y répondre.
« Nous travaillons sur le terrain, nous sommes aux côtés de la population. Partout où nous passons on nous pose des questions auxquelles seules les autorités du pays peuvent répondre. C’est dans cette optique de vouloir davantage renforcer le relais communautaire et ramener les demandes de la population vers les autorités du pays que nous mettons en place cet outil. C’est-à-dire que toutes les questions qu’il y a dans ce document viennent de la population. Partout où nous sommes passés en RDC,les gens disent qu’ils sont fatigués de continuer de vivre dans le noir », a-t-il déclaré.
Notons que la CORAP qui représente la société civile congolaise dans le processus d’élaboration de la politique nationale d’électricité mène régulièrement des plaidoiries pour favoriser l’accès pour tous à l’électricité en RDC. En 2023, par exemple, cette organisation a mené une étude qui a identifié plus de 80 taxes, redevances et impôts qui asphyxient le secteur de l’électricité dans le pays.
Bienfait Luganywa