La sortie du gouvernement Sumwina dans la nuit du mardi à mercredi a provoqué un véritable onde de choc dans l’Union Sacrée de la Nation (USN), la majorité présidentielle, où plusieurs cadres n’ont pas caché leur mécontentement.
Pour gérer les frustrations, Augustin Kabuya, membre du praesidium de l’USN, a convoqué le vendredi dernier une réunion dite "de concertation" avec les leaders des regroupements politiques du camp présidentiel.
À l’issue de celle-ci, le patron du parti présidentiel n’a pas dévoilé la teneur des discussions, se contentant d’exhorter l’opinion à ne pas suivre les réseaux sociaux et promettant de faire d’abord rapport au président de la République.
7SUR7.CD a interrogé ce samedi plusieurs leaders ayant participé à ladite réunion pour savoir ce qui s’y était réellement dit.
Frustration "massive" ?
« Plus de 70% des élus sont frustrés après la sortie du gouvernement Sumwina », a déclaré d’entrée de jeu ce samedi un cadre de l’USN qui a souhaité rester anonyme.
À la question de savoir d’où vient cette frustration massive, il a répondu que le gouvernement Sumwina n’a pas respecté le poids numérique des regroupements politiques. D’après lui, la clé de répartition de 10 députés pour un ministère et de 5 à 9 députés pour un vice-ministère n’a pas été totalement respectée.
« Il y a des regroupements qui ont plus de 10 députés qui n’ont obtenu aucun ministère. Comme celui dirigé par Théophile Kazadi », a-t-il révélé.
Première ministre en électron libre ?
Un chef d’un autre regroupement politique a reproché à la première ministre le fait de n’avoir pas tenu compte des listes déposées par les regroupements de l’Union Sacrée.
« Pire, la première ministre n’a pas pris en compte les listes présentées par les regroupements politiques. Elle a nommé des gens qui ne figuraient sur aucune de listes présentées par les chefs de regroupement. Nous retrouvons des gens venus de nulle part. Pourquoi nous avoir demandé des listes si c’est pour que la première ministre ait puisé ailleurs ? », a-t-il fustigé.
Des ministres venus de nulle part
Dans la foulée, il affirme que les règles fixées pour la formation du gouvernement n’ont pas été respectées.
« D’où, le mécontentement au sein de notre famille politique », explique-t-il, toujours sous couvert d’anonymat.
Un autre cadre de la majorité fait observer l’absence de la province du Maniema au gouvernement, pour exprimer sa frustration.
Les chefs de regroupements de l’USN ont donc fait part à Augustin Kabuya de leurs reproches contre le gouvernement Sumwina, qui à son tour, va les répercuter auprès de Félix Tshisekedi.
Quelle suite donnée à leurs revendications ? Deux options avaient-été soulevées : la "compensation" ou "revenir sur la composition du gouvernement".
Les deux options ont été soumises au président de la République par l’entremise d’Augustin Kabuya.
Mais d’ores et déjà, la deuxième option semble irréaliste. Car après 6 mois d’intenses tractations, qui ont fini par lasser et exaspérer l’opinion, pour sortir le gouvernement, le pouvoir ne peut plus ouvrir un nouveau cycle de conciliabules pour remanier l’Exécutif national. Reste donc la première. Les compensations interviendront sûrement lors de nouvelles mises en place dans les entreprises et établissements publics.
Test population via les élus dans deux semaines
Pour savoir si le démineur Augustin Kabuya a su contenir les frustrations de la majorité présidentielle, rendez-vous lors du vote d’investiture du gouvernement à l’Assemblée nationale, prévu avant le 15 juin.
En RDC, composer un gouvernement n’est pas une sinécure ! C’est un exercice de plus difficile sous les tropiques car tout le monde veut y entrer ! Le président de la République et le premier ministre font souvent l’objet de multiples pressions de tous de bords. Pressions politiques, pressions occultes (maraboutage), pressions familiales, pressions des proches, pressions des puissances d’argent, pressions des partis politiques, pressions des regroupements, pressions des figures politiques de proue, etc. Ce sont notamment ces pressions qui sont à la base des gouvernements éléphantesques et des retards de leurs sorties.
Le gouvernement Sumwina Tuluka compte 54 membres. Plusieurs technocrates y ont fait leur entrée.
GMM