Dans leur nouvel ouvrage intitulé « Économie politique des malédictions du développement », baptisé ce samedi 15 juin 2024 à l'Université Protestante du Congo (UPC) située à Kinshasa, les professeurs Matata Ponyo et Jean-Paul K. Tsasa ont exposé l'importance des institutions de qualité et d'un leadership efficace dans le processus de développement des pays. Ils ont également analysé les mécanismes de création d'un leadership performant et les conditions nécessaires à sa consolidation durable.
Ce livre examine les causes profondes pour lesquelles certains pays comme la RDC, Haïti et bien d'autres demeurent dans la pauvreté, ainsi que les raisons pour lesquelles cette pauvreté persiste alors que d'autres nations parviennent à s'en extraire.
En se basant sur des théories scientifiques, les auteurs ont identifié cinq blocs distincts, parmi les principales barrières au développement : la malédiction du climat, la malédiction du binôme culture-race, la malédiction des ressources naturelles, la malédiction des programmes d'ajustement structurel du FMI et la malédiction des institutions.
Dans sa présentation, M. Ponyo a souligné que la véritable malédiction réside dans le déficit de leadership et la qualité des institutions plutôt que dans des facteurs tels que la culture, la race ou la géographie. Il a insisté sur la nécessité de créer une offre de leadership de qualité pour favoriser le développement durable des pays.
« Les vraies malédictions ne sont ni la culture, ni la race, ni la religion. Ce n'est ni le climat, ni la localisation géographique. Ce n'est ni l'abondance des matières premières et des ressources minières. Ce n'est encore moins le FMI. Mais c'est essentiellement la qualité des institutions et la qualité du leadership, car toutes les autres explications ne sont pas totalement profondes. Pour nous, la vraie malédiction, c'est la malédiction du leadership, c'est-à-dire le déficit chronique de leadership. Étant donné que les pays du tiers-monde (les pays sous-développés) vont être en manque d'un leadership de qualité, ils vont se sous-développer davantage avec tous les risques de devenir des États défaillants ou de disparaître un jour. Il est donc nécessaire de créer cette offre de leadership. Le leadership est-il inné ou acquis ? Selon nos études, le leadership s'acquiert. L'offre de leadership peut être créée », a-t-il affirmé.
Par ailleurs, J-P Tsasa a mis en avant l'importance de former des dirigeants dotés de valeurs éthiques et de favoriser l'intégration intergénérationnelle pour garantir un leadership de qualité. Il a souligné qu'un audit en leadership est essentiel pour identifier et combler les lacunes dans ce domaine.
« L'offre de leadership peut être créée ; la réponse se trouve dans notre livre. Je donne quelques pistes : il faut former les employés, les dirigeants qui ont des valeurs éthiques et créer des plateformes qui favoriseront l'intégration entre la génération des aînés et la génération des jeunes sur le principe de la méritocratie », a-t-il expliqué.
M. Ponyo, ancien premier ministre et ministre des Finances de la RDC, et J-P Tsasa, titulaire d'un doctorat en sciences économiques, apportent ainsi une contribution significative à la réflexion sur le développement économique en mettant en avant le rôle central du leadership et des institutions de qualité.
Merveil Molo