Kingangu, un village enclavé dans la localité de Lusanga, dans le territoire de Bulungu, province du Kwilu, pourrait être électrifié dans un avenir proche. L’initiative vient du Cercle d'art des travailleurs de plantation congolaise (CATPC), dont le siège se trouve dans le même village.
Du vendredi 30 août au mardi 3 septembre,
une délégation composée, entre autres, d’un ingénieur spécialiste en hydroliennes, du président du CATPC et d’un représentant du secrétaire général du ministère de la Culture et des Arts a séjourné à Kingangu, à plus de 500 km de Kinshasa. L’objectif de la présence de l’ingénieur dans la délégation était de réaliser une étude hydrologique préliminaire en vue du montage d’une centrale hydrolienne sur la rivière Kwenge, qui longe Kingangu.
Après cette étude hydrologique, le technicien a déclaré que l’installation d’une hydrolienne à Kingangu est faisable. Évidemment, il reste à réaliser l’étude de faisabilité.
« Après avoir évalué la profondeur de la rivière et observé le courant d’eau, je peux dire que l’hydrolienne est montable. Évidemment, nous allons revenir pour approfondir les études », a déclaré l’ingénieur Ir Charles Kasende.
Selon lui, ce courant pourra répondre à plusieurs besoins sociaux de la population de Kingangu, notamment le fonctionnement des structures médicales et la distribution d’eau potable, ainsi que la réduction de la pression anthropique sur la déforestation.
« Au bas mot, nous restons concentrés sur 10 kilowatts. Nous pouvons cependant avoir une puissance plus grande si nous utilisons une technologie adéquate. Si tout est prêt, en deux mois, nous pouvons électrifier le village », a ajouté Charles Kasende.
Étant donné que le CATPC combine sculpture et agroforesterie, l’énergie est une nécessité, selon son président René Ngongo.
« Vu que nous envisageons de développer cette région en transformant localement ce que nous produisons, l’énergie devient essentielle. Nous avons donc fait appel à un spécialiste de l’hydrolienne. Il a analysé la profondeur de la rivière et le courant d’eau. Il va revenir prochainement avec toute son équipe pour une étude de faisabilité. Les premiers éléments qu’il a fournis nous encouragent. Ce sera une première dans la région et nous espérons que cette expérience sera capitalisée sur d’autres cours d’eau dans le pays. Pour le moment, nous utilisons des panneaux solaires et des groupes électrogènes pour éclairer les maisons », a-t-il expliqué.
Contrairement à une centrale électrique qui exige la rétention d’eau, la centrale hydrolienne génère de l’électricité en exploitant l’énergie cinétique des courants d’eau. Celle du CATPC sera fixée sur des flotteurs.
La multinationale Unilever (ex-PLZ) a, pendant plusieurs décennies, exploité des plantations d’huile de palme à Lusanga. Cette monoculture a fortement détérioré les terres.
En 2014, le CATPC y a acquis des terres dans le but de les restaurer grâce à l’agroforesterie. À ce jour, l’association a déjà restauré près de 300 hectares avec des acacias, combinés avec les arbres fruitiers et autres.
Le CATPC finance ses activités grâce à la vente des sculptures réalisées par ses artistes à Kingangu. Ces sculptures sont photographiées pour être imprimées en 3D aux Pays-Bas puis vendues. Les artistes du CATPC exposent depuis avril à la Biennale de Venise, dans le pavillon néerlandais. Ladite exposition est retransmise en direct et en temps réel dans un musée, White Cube, construit à Kingangu.
Bienfait Luganywa