Neutralisation des FDLR : Kinshasa qualifie de « chantage » l’exigence de Kigali pour le retrait de ses troupes de la RDC

Mercredi 9 octobre 2024 - 15:53
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La ministre des Affaires étrangères, coopération internationale et francophonie, Thérèse Kayikwamba, a révélé, mardi 8 octobre dernier à New York, les trois obstacles qui freinent le processus de Luanda. Le premier est le plan harmonisé pour la neutralisation des FDLR et le désengagement des forces.

Selon la cheffe de la diplomatie congolaise, le Rwanda conditionne son retrait par la neutralisation des FDLR, « un chantage qui viole les principes fondamentaux du droit international ».

« Ce plan repose sur deux volets : l’un pour la neutralisation des FDLR et l’autre pour le retrait des forces rwandaises. Dès avril 2024, la République Démocratique du Congo a élaboré son plan de neutralisation des FDLR avec précision et incluant une évaluation complète de la menace, des opérations militaires et un suivi rigoureux des résultats. En revanche, la contribution du Rwanda, sur le retrait des forces, se résume à une simple promesse de retrait, sans garanties ni détails concrets, créant un déséquilibre qui compromet l’application cohérente du plan. Pire encore, le Rwanda conditionne son retrait à la neutralisation des FDLR, un chantage qui viole les principes fondamentaux du droit international », a-t-elle déclaré devant le Conseil de sécurité des Nations unies à l'occasion de la présentation du rapport semestriel de l'envoyé spécial du secrétaire général pour la région des Grands Lacs, Huang Xia, sur la mise en œuvre du Cadre de paix, de sécurité et de coopération pour la RDC et la région (CPS-F).

Elle a par ailleurs estimé que pour que ce processus ait du sens, il est impératif que les deux volets soient mis en œuvre de manière concomitante.

« Pour que ce processus ait du sens, il est impératif que les deux volets soient mis en œuvre de manière concomitante. Seule cette simultanéité peut assurer la crédibilité et l’efficacité d’un plan qui aspire à restaurer la paix dans la région », a-t-elle précisé.

Le deuxième obstacle qui freine le processus de Luanda est le rejet de toute clause de responsabilité par le Rwanda.

« Le Rwanda rejette toute clause de responsabilité dans un éventuel accord de paix, ce qui soulève de graves interrogations sur la sincérité de son engagement envers la paix. En RDC, nous acceptons pleinement d’être tenus responsables de nos actes. Car le principe de responsabilité est le socle de toute résolution de conflit ; il impose à chaque partie de respecter scrupuleusement ses engagements, avec rigueur et sincérité. Lorsqu’un accord est violé, le principe commande des conséquences claires et sans équivoque, qu’il s’agisse des sanctions ou des poursuites judiciaires, pour que justice et droit international ne soient pas de simples mots, mais des réalités.Sans responsabilité, il ne peut y avoir ni confiance, ni paix durable», a expliqué Thérèse Kayikwamba.

En ce qui concerne le troisième obstacle, le Rwanda a refusé catégoriquement son inclusion de toute disposition visant à intégrer le mécanisme de l'accord.

« La RDC réaffirme la nécessité impérative d’un mécanisme de justice régional, pour répondre aux violations flagrantes du droit international commises depuis la résurgence du M23 en 2022. Le Rwanda refuse catégoriquement l’inclusion de toute disposition visant à intégrer ce mécanisme dans l’accord de paix actuellement en discussion. Ce refus obstiné dévoile, sans ambiguïté, l’intention du Rwanda d’échapper à la lumière de la justice », a-t-elle dénoncé.

Thérèse Kayikwamba a appelé le Conseil de sécurité à prendre des mesures fermes, en imposant des sanctions ciblées contre les individus rwandais au sommet de la chaîne de commandement, impliqués dans le soutien au M23.

Raphaël Kwazi

 

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