Le jeune ingénieur congolais, Pierre Sedi, a remporté la première édition de la compétition Africa Youth in Artificial Intelligence and Robotics (AYAIR-Compétition des jeunes de l'Union Africaine en Intelligence artificielle et robotique). La cérémonie de cette récompense s'est déroulée, le jeudi 17 octobre 2024 à Dar es Salaam en Tanzanie, lors de la clôture de la 8ème conférence tanzanienne annuelle sur les technologies de l'information et de la communication.
Ce sont exactement 1008 candidatures provenant des 55 pays de l’Union Africaine qui se sont engagées dans ladite compétition, du 29 février au 31 juillet 2024. Après un premier processus de sélection, les 30 meilleures solutions innovantes ont couru le second round. De ce lot, se sont détachées les 3 meilleures innovations, dont celle de l’équipe de Ir. Pierre Sedi, qui a reçu lors de la cérémonie de clôture le premier prix, dénommé « Prix Présidentiel » et signé du nom de Samia Suluhu Hassan, présidente de la République unie de la Tanzanie.
Le prototype présenté par l’équipe, nommé « Cerebro », consiste en une interface cerveau-machine permettant aux personnes sévèrement handicapées de contrôler des systèmes robotiques directement à partir des ondes de leur cerveau. L’équipe conduite par l’Ir. Sedi, a été composée de Boris Ikula, Daniel Mabanza et Samuel Matia, tous de la Faculté Polytechnique de l’Université de Kinshasa (UNIKIN). L’équipe n’ayant pu se rendre en Tanzanie pour des raisons financières, l’ambassade de RDC en Tanzanie a délégué un représentant pour recevoir ce trophée continental des mains du Premier ministre tanzanien, Kassim Majaliwa, représentant de la présidente Samia Suluhu, empêchée.
Contacté par 7SUR7.CD ce samedi 19 octobre, l’Ir. Sedi explique que grâce à l'intelligence artificielle, ils peuvent contribuer au quotidien des personnes handicapées.
« Notre pays la RDC compte actuellement environ une dizaine de neurochirurgiens pour 100 millions d’habitants, alors que l’OMS recommande 1 neurochirurgien pour 100 000 habitants. Il nous faut donc 100 fois plus de neurochirurgiens. Grâce à l’Intelligence Artificielle, nous pouvons contribuer à combler ce vide en permettant aux personnes souffrant de handicap moteur sévère de contrôler, directement par la force de leur pensée, des objets de leur quotidien par un bras robotique, voire de marcher à nouveau par un exosquelette robotique. Ceci contribue aux Objectifs de Développement Durable, notamment en ce qui concerne la Santé et le Bien-être, l’Innovation Technologique, et la Réduction des Inégalités », a-t-il déclaré.
En ce qui concerne la suite de ce projet, l’Ir. Sedi travaillé cette année sur la semi-autonomisation du système robotique.
« Cette année nous avons travaillé sur la semi-autonomisation du système robotique contrôlé par les ondes du cerveau, pour le rendre capable de prendre des décisions autonomes en appui à la personne sévèrement handicapée. Notre objectif désormais est de le tester dans un environnement médical, pour permettre aux personnes alitées pendant des mois de contrôler un lit robotique et lui donner la position debout, afin d’éviter les effets secondaires liés à l’alitement prolongé et contribuer ainsi à leur rétablissement rapide. Nous sommes donc à la recherche du budget nécessaire estimé à 50.000 USD, avec un retour sur investissement prévu endéans les douze mois, compte tenu du pouvoir d’achat en RDC », a-t-il indiqué.
Il sied de rappeler que le prototype Cerebro de l’Ir. Pierre Sedi, présenté pour la première fois en janvier 2023, a reçu plusieurs distinctions honorifiques, entre autres au conclave du génie scientifique congolais du ministère de la Recherche scientifique et innovation technologique, aux 100 Jeunes Espoirs de RDC, et au prix Sulmon d’Ingénieurs sans frontières Belgique.
Cette première édition de AYAIR a été co-organisée par l’Agence de Développement de l’Union Africaine (AUDA-NEPAD) et ELE-VATE AI en partenariat avec la Banque Arabe pour le Développement Économique en Afrique (BADEA), le Panel de l’Union Africaine sur les Technologies Émergentes (APET), la SADC, et autres.
Raphaël Kwazi