Le mercredi 18 décembre dernier, alors que le processus de paix de Luanda est dans l'impasse suite à la volte-face de Paul Kagame, Joao Laurenço a dépêché, à Kigali, Téte António, ministre angolais des Affaires étrangères avec un message au président rwandais.
Même si les détails au sujet de ce déplacement n'ont pas encore fuité, le ministère angolais évoque "des questions d'intérêt commun, qui ont mis un accent sur la paix et la sécurité dans la région des Grands Lacs, en particulier les derniers développements du conflit dans la région orientale de la République démocratique du Congo dans le cadre des efforts déployés par Joao Laurenço", mentionne une note de presse publiée à l'issue des échanges entre le chef d'État rwandais et l'émissaire angolais.
Une source diplomatique rapporte que la médiation angolaise tient à aplanir les vues pour une sortie de crise entre Kinshasa et Kigali, en dépit de la tripartite manquée du dimanche dernier et des tirs croisés, qui ont suivi.
Comme l'espérait la médiation angolaise, la tripartite avortée de Luanda du 15 décembre devrait conduire à la signature d'un accord définitif de paix entre la RDC et le Rwanda, qui sont en disgrâce depuis la réapparition du M23 au Nord-Kivu.
Le sommet avait été annulé quelques heures plus tôt suite à un point de divergence lié à la rébellion. Le régime de Kigali tient à ce que le gouvernement congolais accepte des négociations directes avec le M23 alors que Kinshasa considère cette option comme une ligne rouge.
D'ailleurs, dans un communiqué, la présidence congolaise avait affirmé que la question du dialogue avec la rébellion avait été introduite comme condition de dernière minute dans le processus de Luanda alors que la position des autorités congolaises était déjà connue à ce sujet.
Sur le terrain, grâce à des drones kamikazes, particulièrement à Lubero (Nord-Kivu), le M23 continue de s'emparer des localités au détriment de troupes gouvernementales.
Depuis le weekend dernier, près de 10 villages sont passés sous son contrôle, dont Alimbongo, jusqu'ici considéré comme verrou stratégique de l'armée congolaise. Nombre d'observateurs soutiennent que la stratégie du M23 est de conquérir le plus de territoire afin de faire plier le régime de Kinshasa et le contraindre aux négociations.
Face à cette progression, les forces vives de Butembo a appelé à une auto-prise en charge et une mobilisation générale pour contrer l'ennemi.
Isaac Kisatiro