Réduction de la dette pétrolière : la vérité ! (Tribune)

Lundi 6 janvier 2025 - 15:41
Image
Droits tiers

« La victoire a cent pères, mais la défaite est orpheline ». Cette célèbre citation de l'ancien président américain, John Fitzgerald Kennedy, nous plonge dans la politique congolaise. Les très officiels services de communication du Vice-Premier Ministre en charge de l'Economie nationale, Daniel Mukoko Samba, nous informent que ce dernier a réduit la dette de l'État contractée au premier semestre 2024 envers le secteur pétrolier à 16.043.984$ contre 170.398.000$ avant sa prise de fonction.

Tenez, la période de ce dû au pétrolier concerne le premier semestre de l'année 2024. Curieusement, une période où Mukoko Samba n'était pas encore aux affaires. C'est donc l'histoire de comment on s'attribue les lauriers de ces prédécesseurs en leurs lieux et places. Mais voici la vérité du processus et des mécanismes de remboursement des pertes et manques à gagner des pétroliers.

Les faits

Nous sommes le 26 avril 2021, le gouvernement du premier ministre Michel Sama Lukonde vient d'être investi. En son sein, Jean-Marie Kalumba Yuma en est le ministre de l'économie nationale. Un des piliers centraux de sa politique est la rationalisation des prix ou la recherche du « juste prix ». ». Le secteur pétrolier, du reste très stratégique, n'y échappe pas et fait l'objet de toute son attention. Il met en place, au sein de son cabinet, une équipe d'experts qui sous son leadership passe au peigne fin la structure des prix des produits pétroliers. De cet examen minutieux, Jean-Marie Kalumba décide d'élaguer de la structure des prix des produits pétroliers toutes les charges superflues qui encombrent celle-ci. C'est le cas des charges financières mais aussi des subventions sur les carburants consommés par les compagnies aériennes et les entreprises minières.

Cela a pour conséquence d'alléger la structure des prix des carburants et de réduire la dette due à la corporation des pétroliers. Mais le patron de l'économie nationale de l'époque, Jean-Marie Kalumba, ne s'arrête pas là. En concertation avec son collègue des finances, Nicolas Kazadi, le cabinet d'audit Mazars est recruté pour affiner les études d'assainissement de la structure des prix pétroliers.

Ce cabinet international poursuit en profondeur le travail de nettoyage de la structure des prix pour réduire sensiblement le paiement des pertes et manques à gagner aux pétroliers qui doit se faire sur des bases saines. Quand il est revenu à Nicolas Kazadi d'assumer l'intérim à l'économie nationale, ce dernier a poursuivi ce travail d'assainissement et signé les arrêtés préparés par son prédécesseur, Jean-Marie Kalumba, pour retirer la subvention des carburants aux compagnies aériennes et aux firmes minières.

Le cabinet Mazars remet et présente au ministre Nicolas Kazadi les conclusions de ses études pour une structure totalement assainie des prix des produits pétroliers. Le VPM Vital Kamerhe qui reprend le flambeau de l'économie nationale va admirer le travail de ses deux prédécesseurs et administrer la prise de finition à l'endettement sans fin de l'État envers le secteur pétrolier.

Il signe un important arrêté interministériel n°18 du 3 novembre 2023 fixant les mécanismes de mobilisation des fonds destinés au paiement des pertes et manques à gagner aux sociétés pétrolières. Les ministres des finances, Nicolas Kazadi et celui des hydrocarbures, Didier Budimbu ont également joint leurs signatures à cet arrêté. Ce texte a consacré l'instauration d'une nouvelle ligne dans la structure des prix pétroliers, "le stock de sécurité 2 (SS2)" décidé auparavant par Vital Kamerhe et Didier Budimbu et le recours aux banques pour faciliter le remboursement au secteur pétrolier.

VPM Mukoko, simple superviseur

Les fonds issus de cette ligne de «stock de sécurité 2» ont permis aux banques commerciales sélectionnées (Equity BCDC, First Bank DRC, EcoBank RDC et Standard Bank) d'accorder par. syndication un prêt de 125 millions USD au Gouvernement en vue de régler la première partie des arriérés des manques à gagner des pétroliers. Un deuxième emprunt vient d'être contracté en décembre 2024, toujours avec les fonds du stock de sécurité 2 pour payer une deuxième tranche de 282 millions USD aux pétroliers. (Pour rappel comme le signale l'arrêté interministériel, la dette certifiée de l'État envers le secteur pétrolier se chiffrait au 31 décembre 2022 à 438.279.183 $).

Le processus de rationalisation (juste prix) de la dette des pertes et manques à gagner du secteur pétrolier a commencé bien avant l'entrée en fonction du gouvernement Judith Suminwa Tuluka investi le 12 juin 2024 et surtout bien avant la prise de fonction du VPM Mukoko Samba deux jours plus tard (le 14 juin 2024). D'où la question : où est l'apport dans la réduction de la dette du secteur pétrolier du Vice-Premier Ministre en charge de l’Economie nationale, Daniel Mukoko ? Ce mécanisme de remboursement a été si bien ficelé qu'il fonctionne tout seul. Le VPM Mukoko n'a juste qu'à y veiller sans intervenir.

Les artisans de cet aboutissement heureux dans le remboursement des pertes et manques à gagner sont indiscutablement les ministres à l'économie Jean-Marie Kalumba, Nicolas Kazadi et Vital Kamerhe sous l'impulsion du Premier d'entre eux à l'époque, leur chef du gouvernement, Sama Lukonde.

Rien ne semble marcher pour le VPM Mukoko Samba au point qu'il tente désespérément de s'accrocher à une branche qui n'est pas la sienne...

Tribune de l’analyste politique Franck Gonza