Les violents combats qui opposent les militaires des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) aux rebelles du M23, appuyés par les Forces de défense rwandaises (RDF), dans le Masisi-Centre (Nord-Kivu), ont poussé près de 10 000 personnes à trouver refuge dans les installations de l'hôpital général de Masisi et sur le site de l'ONG internationale Médecins Sans Frontières (MSF), basée dans cette partie du pays.
MSF tire la sonnette d'alarme dans un document publié vendredi 10 janvier, consulté par l'Agence congolaise de presse (ACP), révélant que ces personnes, composées en grande partie de femmes et d'enfants, vivent dans des conditions jugées déplorables.
« Il est difficile d’estimer leur nombre exact, mais je dirais que plus de 10 000 personnes y sont toujours réfugiées, dont une écrasante majorité de femmes et d’enfants à l’hôpital général de Masisi et à la base de MSF, à cause de la situation sécuritaire et humanitaire très volatile dans le territoire de Masisi, au Nord-Kivu. Nous commençons à avoir quelques craintes car les installations sanitaires ne suffisent pas à répondre à leurs besoins essentiels. Les latrines commencent à déborder, et nous faisons le maximum pour répondre à cette situation. Mais le manque criant d’acteurs humanitaires dans cette zone rend les choses difficiles », rapporte Romain Briey, coordinateur du projet de MSF à Masisi.
Il rassure, par ailleurs, qu’aujourd’hui, ses équipes tentent d'aider les hommes et les femmes qui ont trouvé refuge à l’hôpital, en ce qui concerne l’accès à l’eau potable et aux soins de santé.
« La situation sécuritaire dans la zone affecte aussi la capacité de MSF à envoyer des équipes ailleurs dans le territoire ou à référer des patients en état critique vers Goma, rendant impossible l’évaluation des besoins ailleurs dans le territoire. Si la situation perdure, les besoins en alimentation vont rapidement se poser », a-t-il déclaré.
Le médecin-chef de la zone de Santé de Masisi, Dr Lucien Kandundao, a pour sa part exprimé sa crainte de voir son établissement hospitalier être pris à partie par les belligérants.
« Ni le Ministère de la Santé, ni MSF ne sont en mesure d’assurer la sécurité de la population à l’intérieur de l’hôpital si les belligérants ne respectent pas leurs obligations au regard du droit international humanitaire. Fort heureusement, ce respect a été assuré jusqu’à présent et, à notre niveau, nous œuvrons à ce que la neutralité de l’hôpital soit également pleinement respectée et qu’aucun individu armé ou en uniforme ne s’y trouve », déclare Dr Lucien Kandundao.
L'ONG MSF appelle ainsi les FARDC et le M23/RDF à continuer à garantir la sécurité des patients, des équipes et des personnes réfugiées dans les structures sanitaires et dans les locaux des organismes humanitaires.
Murphy Fika