Agression rwandaise : Mukwege dénonce une « invasion qui prend le visage d’une annexion avec la mise en place d’administrations parallèles illégitimes »

Mardi 25 février 2025 - 09:48
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Dans un message publié à l’occasion de la commémoration du 12ᵉ anniversaire de l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba pour la paix, la sécurité et la coopération en RDC et dans la région, le docteur Denis Mukwege a dénoncé la menace existentielle « sans précédent » que subit la RDC, depuis plus de 25 ans avec l’agression rwandaise dans la partie Est.

Pour le prix Nobel de la paix 2018, l’invasion des larges pans du territoire national par le mouvement rebelle avec l’appui de l’armée rwandaise prend le visage d’une annexion, avec la mise en place d’administrations parallèles illégitimes.

« La République Démocratique du Congo (RDC) subit une menace existentielle sans précédent depuis plus de 25 ans de crise avec l’agression du régime de Kigali et l’invasion de larges pans du territoire national qui prend le visage d’une annexion avec la mise en place d’administrations parallèles illégitimes, en violation de la Charte des Nations Unies et du droit international et en méprisant les appels au cessez-le-feu et au retrait des forces d’occupation. C’est dans ce contexte alarmant que nous profitons du 12ᵉ anniversaire de l’Accord-Cadre pour la paix, la sécurité et la coopération en RDC et dans la région, signé à Addis Abeba le 24 février 2013, pour réaffirmer qu’il s’agit du seul accord de paix visant à traiter des causes profondes de la violence armée et de l’instabilité », a-t-il déclaré.

Denis Mukwege souligne l’urgence de revitaliser l’Accord de « l’Espoir », où l’État congolais, les pays de la région et la communauté internationale s’étaient rassemblés pour parvenir à une paix durable en RDC et dans la région des Grands Lacs africains, en adoptant une série d’engagements dont la mise en œuvre effective devait être facilitée par des mécanismes de suivi aux niveaux national, régional et international pour consolider une stratégie pour la paix et le développement.

« Malgré l’espoir suscité, les promesses sont loin d’être réalisées : il est regrettable de constater que le manque de volonté politique des autorités congolaises couplé à la mauvaise foi des États déstabilisateurs de la région et au déficit de mobilisation diplomatique des institutions co-garantes aient abouti au pourrissement d’une situation qui menace aujourd’hui la paix et la sécurité internationales. Il n’est jamais trop tard pour agir et adopter des mesures urgentes et décisives pour faire pression sur les forces d’agression et d’occupation et endiguer l’escalade de la crise. Les pays et les institutions partenaires de la RDC, notamment les co-garants de l’Accord-Cadre, ne peuvent plus accepter ou tolérer ces violations flagrantes du droit international sans réagir avec fermeté. »

Le temps est venu, dit-il, de passer des paroles aux actes.

« À l’instar de tous les peuples, la Nation congolaise a le droit de disposer d’elle-même et de vivre en paix », ajoute le prix Nobel de la paix.

Pour le docteur Mukwege, le non-respect des engagements pris par les signataires de l’Accord-Cadre ainsi que des appels répétés au cessez-le-feu immédiat et au retrait sans condition des zones occupées par l’armée rwandaise et du M23 doivent impérativement être assortis de sanctions vigoureuses et de la suspension de la coopération militaire et sécuritaire par tous les États et les institutions qui bénéficient de leviers sur les parties au conflit.

Christian Dimanyayi