Réagissant mardi, au cours du briefing presse, à la présence de Joseph Kabila dans la ville de Goma, au Nord-Kivu, occupée par l’armée rwandaise et le M23, le ministre du Commerce extérieur a posé 12 questions à l’ancien chef de l’État.
Les 12 questions se justifient, selon Julien Paluku, par les 12 recommandations formulées par l’autorité morale du Front commun pour le Congo (FCC) pour la refondation de l’État. L’ex-gouverneur du Nord-Kivu a posé des questions ci-après :
1. Est-ce le fils de son père, le président Laurent-Désiré Kabila, assassiné en 2001 par la mafia rwandaise qui est entrée à Goma sous contrôle des mêmes rwandais ?
2. Est-ce que c'est le fils de Mzee qui a relancé le dialogue de Sun City en 2002 et qui a ramené les rebelles auprès de lui et accepté la formule de 1+4 ?
3. Est-ce le fils de Laurent-Désiré Kabila qui a affronté et vaincu l'insurrection de Mutebusi et Laurent Kunda en 2004 ?
4. Est-ce que c'est le fils de Mzee qui a piloté les opérations contre Laurent Kunda ?
5. Est-ce encore lui qui m'a demandé, en tant que gouverneur du Nord-Kivu, de résister lorsque le 29 octobre 2008, le CNDP était à la porte de Goma ?
6. Est-ce le fils de Mzee qui, en janvier 2009, a demandé l'arrestation de Laurent Kunda par l'armée rwandaise et accepté l'arrivée de cette même armée au Nord-Kivu à travers l'opération Umoja Wetu ? Et consécutivement, est-ce le fils du Mzee qui avait demandé au président de l'Assemblée nationale de l'époque (Vital Kamerhe) de démissionner parce qu'il n'était pas d'accord avec l'entrée de l'armée rwandaise au Congo ?
7. Est-ce que c'est le fils de Mzee qui avait demandé à son ministre de signer les accords de paix, le 23 mars 2009, lesquels accords sont à l'origine de la création du mouvement du M23 ?
8. Est-ce le fils de Mzee qui a ordonné au général Etumba de concevoir l'opération « Pomme orange » qui a mis fin au M23 le 05 novembre 2013 ?
9. Est-ce le fils de Mzee qui a radié les officiers M23 de l'armée pour qu'il se retrouve aujourd'hui à leurs côtés pour sa sécurité ?
10. Est-ce que c'est le fils de Mzee qui, voulant rester au pouvoir, a inventé le terme « glissement », mais finalement a accepté de céder le pouvoir en 2019, ouvrant ainsi le pays à ce qu'on a appelé la passation civilisée du pouvoir ?
11. Est-ce le président honoraire, qui a été salué dans le monde pour son sens élevé de meilleur élève de la démocratie, malgré son jeune âge et son passé militaire ? Ce qui pouvait nourrir en lui l’ambition de se comporter comme ses voisins qui ont plus de 30 ans au pouvoir.
12. Est-ce que c'est cet homme, jadis considéré comme grand esprit, qui se trouve aux côtés de ses bourreaux d'hier ? Les bourreaux de la population qu'il a dirigée pendant 18 ans, avec plus de 5 millions de déplacés et de réfugiés, victimes de la barbarie du M23 ? Est-ce encore lui qui a pleuré le colonel Mamadou ? Le général Bauma ? Est-ce encore lui qui se souvient qu’il y a eu de 10.000 morts à Goma ? 5000 morts à Bukavu ?
« La personne que je connais n'aurait pas dû se retrouver à Goma au regard de toute la lutte qu'il a menée parce que j'en suis témoin. Dans les 30 ans d'instabilité de la RDC, il a quand-même 18 ans durant lesquels il a subi la pression rwandaise », a-t-il déclaré.
Dans son discours, Joseph Kabila a accusé Félix Tshisekedi d’avoir , d’après ses propres termes, dilapidé le bel héritage lui légué. Il a appelé à la refondation de l’État. Après ce discours, l’ancien chef de l’État a fait le déplacement de Goma , sous occupation, où il entame ce mercredi des consultations sur la crise qui secoue le pays.
Prince Mayiro