Fungurume : des habitants dans la rue pour exiger la libération de 3 agents de la TFM

Mercredi 2 juillet 2025 - 16:31
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Une marche pacifique pour réclamer la libération des trois agents de la société Tenke Fungurume Mining a été organisée dans les rues de la commune de Fungurume au Lualaba par des leaders communautaires, responsables d’associations et mouvements des jeunes, le mardi 1er juillet 2025.

Dans un mémorandum lu publiquement devant le bureau du Bourgmestre intérimaire, Aline Makano, ils demandent l’implication personnelle du président Félix-Antoine Tshisekedi dans l’affaire judiciaire visant ces trois hauts cadres congolais de la société minière TFM, détenus depuis près d’un mois dans des conditions qu’ils jugent « illégales et humiliantes ».

Le 3 juin dernier, Ivan Kasongo Kalonda, Directeur général des ressources humaines de TFM, ainsi que ses collaborateurs Julie Muteba Kifindwa et Jack Mbwanya Batubenga, ont été arrêtés dans l’enceinte même de la société pendant leurs heures de travail. Selon le mémorandum, l’opération aurait été menée par des ressortissants chinois de TFM, dont Patrick Zhou et Pang Wei, assistés de policiers congolais, sans mandat, ni réquisition officielle.

« De 15 h 30 jusqu’à 1 h 30 du matin, ils ont été séquestrés dans la concession de TFM, avant d’être transférés sous escorte à Kolwezi », dénonce Delphin Mwape et Gaspard Mumena, signataires de cette pétition dont une copie est consultée ce mercredi par 7SUR7.CD.

Après une semaine passée au cachot du parquet général, les trois cadres auraient été conduits le 11 juin à la prison centrale de Dilala à Kolwezi sans jugement ni confrontation avec leurs présumés accusateurs. Les communautés locales qualifient la société TFM, une filiale de CMOC Group, d'arrestations arbitraires, enlèvement et séquestration en violation des droits humains.

Les signataires s’indignent du fait que les motifs réels de ces arrestations ne sont toujours pas officiellement connus. Certaines rumeurs évoquent un supposé détournement de fonds au sein du département des ressources humaines. Une thèse que rejettent fermement les communautés.

« Tout le monde sait que ce département ne gère pas les finances. Ces accusations sont sans fondement. D’ailleurs, jusqu’ici, TFM n’a fourni aucune preuve tangible à la justice », rappellent-ils.

La même source révèle que les détenus sont privés de tout contact avec leurs proches. Leurs téléphones ont été confisqués et leurs comptes bancaires ainsi que ceux de leurs familles gelées, sur demande de la société auprès du procureur général près la Cour de cassation.

« Leurs enfants vivent désormais dans l’insécurité alimentaire. Et tout cela sans procès, ni droit à la défense », ajoute-t-il avec indignation.

Le mémorandum accuserait directement certains responsables chinois de TFM d’avoir orchestré cette affaire pour écarter des cadres congolais jugés trop proches des intérêts nationaux. Les communautés pointent aussi du doigt l’attitude de la justice, qu’ils estiment « instrumentalisée ».

« C’est un complot pour nuire à leur dignité, à leur carrière, et imposer des Congolais dociles, soumis aux intérêts étrangers », peut-on lire dans le document. Pourquoi avoir saisi la Cour de cassation alors que les juridictions locales sont compétentes ? Pourquoi refuser une mise en liberté provisoire, alors qu’un des accusés vient tout juste de subir une intervention chirurgicale ? La justice refuse même de confronter les accusés à leurs accusateurs chinois, brisant ainsi le principe fondamental d’un procès équitable », s’interrogent-ils.

Les manifestants interpellent directement le Chef de l’État, garant du bon fonctionnement des institutions, face à ce qu’ils considèrent comme une tentative de mainmise étrangère sur la souveraineté nationale.

« Excellence Monsieur le Président, les Chinois veulent coloniser les Congolais dans leur propre pays. Ils dictent la loi au Lualaba en influençant certaines autorités judiciaires et militaires. Ils sapent vos efforts de lutte contre l’injustice sociale », ont-ils conclu.

Les signataires estiment que seule l’intervention du Président Tshisekedi peut rétablir l’équilibre et redonner confiance à la population locale dans l’État de droit. Ils affirment avoir tenté, en vain, de soumettre ce dossier lors du dernier séjour présidentiel au Lualaba à l’occasion de la 12ᵉ Conférence des gouverneurs. Tous nos efforts pour entrer en contact avec les responsables de la société TFM sont restés vains.

Patient Lukusa, à Lubumbashi