Nord-Kivu : les enseignants de Masisi payés après 6 mois d'arriérés de salaire

Jeudi 3 juillet 2025 - 22:51
Image
Image

La paie des enseignants en territoire de Masisi (Nord-Kivu) a finalement été lancée par la Caritas depuis quelques jours après 6 mois d'attente. En effet, depuis la chute de Goma aux mains du M23 ainsi que la fermeture des banques dans la même ville en fin janvier, les professionnels de la craie dans la contrée sont confrontés à d'énormes difficultés de survie.

Toutefois, le syndicat des enseignants à Masisi affirme que la Caritas a enfin enclenché le processus de paiement. Par le passé, celle-ci évoquait non seulement des problèmes logistiques qui ne facilitaient pas l'acheminement des fonds à destination mais aussi le contexte sécuritaire difficile.

« Les enseignants venaient de passer 6 mois sans être payés mais les chose évoluent bien. On a échangé avec la Caritas, on a pris ensemble un consensus de payer les arriérés chaque vendredi. On a déjà commencé. Le vendredi passé, on a payé la première phase. Les agents payeurs se mobilisent et travaillent fortement pour que les enseignants touchent leur salaire », se contente Bauma Exaucé, porte-parole de l'intersyndicale des enseignants à Masisi, qui s'est exprimé, mercredi 2 juillet dernier, à 7SUR7.CD.

En juin dernier, les professionnels de la craie dans le même territoire menaçaient d'aller en grève. Les écoles du secteur Katoyi, dans le groupement Ufamandu, étaient principalement les plus affectées. Face à l'absence des frais de fonctionnement et des salaires, nombreux enseignants avaient déjà déserté le chemin de l'école.

Suite à la crise sécuritaire liée au M23, d'autres encore ont déjà quitté les régions touchées et vivent dans des conditions difficiles, déjà surendettés pour assurer leur survie, alertait déjà le secrétaire permanent du SYECO au Nord-Kivu 3.

Un SOS avait ainsi été adressé aux autorités provinciales du Nord-Kivu à travers un mémorandum où le syndicat des enseignants décriait leur abandon par le pouvoir public.

A l'instar de plusieurs autres territoires du Nord-Kivu, Masisi est contrôlé par le M23 depuis plusieurs mois. Ainsi, les fonctionnaires de l'Etat sont affectés par la guerre. Les uns ont été contraints au chômage, les autres éprouvent des difficultés à accéder à leurs salaires.

Dans certaines entités, comme à Goma, les enseignants sont obligés de se déplacer jusqu'à Butembo ou Beni, à plus de 300 km, pour être payés sur place. Généralement, les frais engagés pour leur déplacement et leur séjour à Butembo ou Beni équivalent à l'entièreté de leur salaire, regrette un enseignant du secondaire à Goma.

« Je suis payé à la TMB. Ils exigent que nous soyons physiquement sur place. Ils disent qu'ils n'ont pas encore rendu disponibles les cartes bancaires. Depuis que la ville de Goma est tombée, c'est ma 2e fois que je suis à Butembo. Je viens souvent à moto. Mais, je gaspille presque tout mon salaire par le transport. Souvent, j'engage des dettes que je paie progressivement », s'est plaint M. Mumbere Pilipili au micro de 7SUR7.CD.

Ce dernier espère que les initiatives en cours des autorités congolaises permettront de rétablir la situation sécuritaire dans le Nord-Kivu.

Isaac Kisatiro, à Butembo