Les autorités militaires ougandaises démentent leur implication dans la crise sécuritaire en République démocratique du Congo, alors que des soupçons persistent dans l'opinion congolaise au sujet du probable double-jeu de Kampala.
Dans leur récent rapport, les experts de l'ONU accablent l'Ouganda, évoquant un nouveau déploiement de plus d'un millier de soldats des Forces de défense du peuple ougandais (UPDF) dans la ville de Bunia et dans les territoires de Mahagi et Djugu (Ituri), mais sans l'aval préalable de Kinshasa.
Ces révélations ont ramené sur la table l'interminable débat sur le soutien présumé de Kampala au M23 ou encore son intention d'envahir une partie de l'Est du Congo où il est d'ailleurs engagé au côté des troupes congolaises pour démanteler les djihadistes ADF.
Dans une publication sur les médias sociaux ce samedi 5 juillet, souvent critiqué pour ses positions tranchées et controversées en faveur du régime de Kigali, le chef d'état-major général de l'UPDF réfute les allégations contre son pays.
"Je peux vous assurer que nous n’avons jamais planifié d’attaquer la RDC. Si nous l’avions fait, vous pouvez être sûrs que nous serions déjà à Kinshasa. Mais cela n’a jamais été notre objectif. Quoi qu’il en soit, ce qui est important maintenant, c’est de mettre en œuvre les différents accords. L’Ouganda respecte ses accords bilatéraux avec la RDC ainsi que les accords de la CAE", a-t-il relayé.
Depuis le 30 novembre 2021, l'armée ougandaise participe à une opération conjointe avec les militaires congolais dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri.
Près de 4 ans après, les 2 Etats jugent positif le déroulé de l'opération, qui aurait permis de décapiter plusieurs actions meurtrières des terroristes ADF.
Il y a peu, le vendredi 20 juin dernier, le général Muhoozi Kainerugaba a fait le déplacement de la capitale congolaise où il a consigné, avec son homologue congolais, le lieutenant-général Banza Mwilambwe Jules, un mémorandum d'entente révisé portant sur les opérations conjointes FARDC-UPDF dans l'Est.
Toutefois, dans leur rapport, les experts de l'ONU soutiennent que la présence de l'UPDF en RDC va au-delà des questions sécuritaires. Pour eux, l'Ouganda tient également à protéger des intérêts économiques et géopolitiques en ce qui est du commerce des minerais et de l'or, les échanges commerciaux, l'exploitation du pétrole dans le lac Albert, etc.
Soupçonné par une partie de l'opinion congolaise de jouer dans les coulisses en faveur du M23, au côté des FARDC, Kampala aurait cependant permis d'empêcher la progression de la rébellion pro-rwandaise vers le nord du Nord-Kivu, évitant ainsi de justesse les chutes des villes de Butembo et Beni.
Isaac Kisatiro, à Butembo