Kinshasa, 20 août 2025 - La crise angolaise née des protestations des taximen fin juillet contre la hausse des carburants prend une ampleur inquiétante pour la République Démocratique du Congo voisine. Sous la présidence autoritaire de João Lourenço, la réponse gouvernementale a basculé dans la répression généralisée.
Une escalade préoccupante
Plutôt que d'engager le dialogue face au mécontentement social alimenté par l'inflation et les inégalités, Luanda a choisi la voie des arrestations massives. Parmi les personnes interpellées figurent des responsables syndicaux du transport, des journalistes dont le correspondant de la Télévision Publique Angolaise (TPA) Carlos Tomé, ainsi que deux ressortissants russes, Igor Ratchine et Lev Lachtchanov, détenus dans des conditions obscures.
Le dossier explosif des Russes
Cette affaire prend une dimension diplomatique critique. Comme le confirme une source gouvernementale à Kinshasa :
« L'ambassade de Russie dénonce publiquement le refus persistant des autorités angolaises d'autoriser tout contact avec ses citoyens détenus. Ce blocage contrevient ouvertement aux conventions consulaires internationales ».
Impacts directs sur la RDC
Cette instabilité chez notre voisin immédiat représente une menace tangible : elle compromet les projets ferroviaires transfrontaliers, risque d'accroître les flux migratoires vers l'est congolais, et entrave la coopération sécuritaire dans le bassin du Congo.
La stratégie répressive de Luanda – déjà condamnée par l'opposition angolaise de l'UNITA et le rapport du Département d'État américain – révèle ses limites. Un expert des relations congolo-angolaises, s'exprimant sous couvert d'anonymat, alerte :
« Comment garantir la stabilité régionale quand un pays voisin bafoue les droits fondamentaux et entrave la protection consulaire ? L'Angola exporte désormais sa crise interne ».
Le gouvernement congolais surveille cette situation avec vigilance, particulièrement l'opacité entourant les détenus étrangers, tandis que les partenaires internationaux s'interrogent sur la capacité de Luanda à maîtriser cette spirale répressive malgré ses ressources pétrolières.
Tribune de Samuel Okeke, journaliste