
Une étude menée par l'ONG américaine Ipas RDC en collaboration avec l'École de Santé Publique de l'Université de Kinshasa et l'Université d'Abidjan a révélé que 67 % des élèves dans les écoles de Kinshasa sont victimes de violences sexuelles.
Ces résultats d'une enquête menée dans quatre provinces éducationnelles de la capitale, auprès d'un échantillon de plus de 4 000 élèves dont l'âge s'étale de 14 à 19 ans, ont été diffusés ce vendredi 26 septembre 2025, lors d'un atelier tenu à Kinshasa.
Nadia Lobo, chargée de recherche, suivi et évaluation chez Ipas RDC, a clarifié la double ambition de cette initiative, tout en partageant l'étendue des découvertes faites sur le terrain.
« Ce projet porte deux messages, à savoir : l'inclusion et la sécurité dans nos écoles. Nous voulons des écoles inclusives pour les élèves, sûres et où les élèves se rendent en tenant compte de leurs différences, sans discrimination, sans avoir peur d'être violentés. Notre objectif était d'aller dans les cinq provinces éducationnelles de Kinshasa. Malheureusement, les moyens financiers ne nous ont pas permis d'atteindre la cinquième province, qui est celle du plateau, mais je pense que nous allons la récupérer grâce aux interviews approfondies avec ces acteurs et à travers des activités de renforcement de leurs capacités. Tout le monde parle tous les jours des violences basées sur le genre, des violences sexuelles, des problèmes d'inclusion. Aujourd'hui, on parle de plus en plus de l'inclusion des filles enceintes à l'école, mais on n'avait pas vraiment des données générées. Aujourd'hui, nous avons des preuves sur les violences sexuelles : il y a au moins 84 % d'élèves qui subissent des violences verbales à l'école, 67 % des violences sexuelles, 76 % des violences corporelles à l'école. Ce sont des faits qui peuvent aider les écoles, le Ministère de l'Éducation Nationale et les autres parties prenantes à réfléchir à des solutions et des interventions efficaces », a-t-elle déclaré.

L'étude, qui s'inscrit dans un projet plus large, a maintenant pour objectif de passer à la phase de diffusion et d'intervention. La responsable d'Ipas RDC a détaillé la méthode de travail à venir et le rôle de son organisation.
« Les prochaines étapes seront toujours des activités de diffusion, mais cette fois-ci avec des groupes ciblés. Ici, nous avons fait une restitution générale aux parties prenantes. Maintenant, nous allons nous attaquer aux sous-groupes des enseignants, des chefs d'établissements, des autorités du Ministère de l'Éducation Nationale, des programmes spécifiques comme le programme de santé de la reproduction et d'autres acteurs comme le Comité des Parents. Ipas est l'institution qui met en œuvre ce projet en RDC. Nous allons nous occuper plus de la partie intervention, l'École de Santé Publique s'occupe de la partie exploratoire. Sur la base de ces résultats, nous allons mener des activités pour relever les défis que nous avons rencontrés lors de la présentation des résultats », a-t-elle précisé.
Nadia Lobo a conclu son intervention en insistant sur l'importance de l'action politique et sociétale pour transformer ces constats en changements effectifs, réclamant l'application des lois existantes.
« Plusieurs recommandations ont été formulées. Plusieurs recommandations concernent le Ministère de l'Éducation Nationale et l'engagement de notre gouvernement, les sensibilisations au niveau des personnels scolaires, des élèves et surtout des communautés, de la presse et des textes légaux qui souffrent d'application », a-t-elle indiqué.
Ce travail s'inscrit dans le cadre du projet intitulé : « Utiliser des solutions axées sur les jeunes et la technologie numérique pour rendre les écoles plus sûres et plus inclusives pour les jeunes enceintes, les filles-mères et les élèves non- conformes au genre en Afrique francophone ».
Ce programme trinational se déploie en Côte d'Ivoire, en République Démocratique du Congo et au Mali sur une durée de 36 mois, s'étendant du 1er avril 2024 au 31 mars 2027.
Bob Bondo