Quand l’absence de vision ministérielle prive le Congo d’opportunités : Le cas des MOU signés entre le Qatar et la RDC [ Tribune ]

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La visite de l’Émir du Qatar en République démocratique du Congo, accompagnée de la signature de plusieurs protocoles d’entente, aurait pu marquer un tournant décisif dans la stratégie économique nationale.

Malheureusement, les priorités mises en avant lors de cette rencontre n’ont pas reflété les besoins urgents de la RDC, ni les opportunités qu’un partenariat stratégique avec le Qatar aurait pu offrir dans les secteurs structurants de l’économie.

Il est regrettable de constater que certains responsables publics – pourtant détenteurs de portefeuilles économiques majeurs – se montrent peu réceptifs aux nouvelles idées, aux innovations stratégiques et aux contributions intellectuelles indépendantes.
Le refus du Ministre concerné de recevoir un exemplaire gratuit de mon ouvrage « Le Modèle Dubaï : Une stratégie de reconstruction pour un Congo moderne » en est une illustration frappante.

1. Une opportunité manquée : quand la vision fait défaut

Si le Ministre avait pris le temps de lire cet ouvrage, il aurait disposé d’outils conceptuels et pratiques pour orienter le gouvernement sur les axes stratégiques à prioriser lors des discussions avec la délégation qatarie.

En effet, le modèle de Dubaï, loin d’être un slogan, constitue un cadre éprouvé permettant :
  •   d’attirer des investissements massifs ;
  •   de catalyser la transformation urbaine ;
  •   de développer des infrastructures de classe mondiale ;
  •   d’améliorer la gouvernance publique ;
  •   et d’accélérer la diversification économique.

Ce sont précisément ces leviers qui manquent aujourd’hui dans les MOU signés.

Alors qu’un partenariat plus ambitieux dans les infrastructures routières, l’urbanisation, la logistique, l’industrialisation et les investissements productifs aurait apporté une transformation réelle, les accords retenus demeurent essentiellement protocolaires.

2. Une gouvernance réactive au lieu d’être proactive

Le problème ne réside pas dans le Qatar, ni dans la diplomatie congolaise, mais dans l’absence d’un appareil étatique capable d’anticiper et de structurer des demandes cohérentes.

La valeur d’un MOU dépend directement de la capacité du pays bénéficiaire à formuler, défendre et imposer ses priorités stratégiques.

Or, tant que certains ministres restent enfermés dans :
  •   le statu quo,
  •   la peur des idées nouvelles,
  •   l’absence d’ouverture intellectuelle,
  •   et une gestion routinière non tournée vers la performance,

la RDC continuera à saisir les opportunités à moitié.

Le refus de se nourrir d’analyses et de recherches indépendantes n’est pas anodin : il traduit une gouvernance qui n’innove pas, ne planifie pas et ne s’adapte pas au monde moderne.

3. Ce que le Ministre aurait dû recommander

Mon ouvrage, dont une copie gratuite était mise à sa disposition, contient des propositions concrètes, directement transposables à la situation actuelle.
En voici la synthèse qu’il aurait pu présenter au gouvernement avant la visite de l’Émir :

Les cinq axes concrets ignorés :
    1.    Créer des Zones Économiques Pilotes (ZEP)
– Inspirées des free zones de Dubaï, pour attirer les investissements qataris.
    2.    Lancer un plan national d’infrastructures stratégiques
– Routes nationales, corridors logistiques, projets énergétiques.
    3.    Moderniser et digitaliser la gouvernance économique
– Lutte contre la corruption, transparence budgétaire, gestion efficace du portefeuille de l’État.
    4.    Développer un programme d’urbanisation moderne
– Logements sociaux, planification urbaine, transport public.
    5.    Créer un cadre d’accueil pour les fonds souverains étrangers
– Notamment le Qatar Investment Authority (QIA), l’un des plus puissants du monde.

Aucun de ces axes n’a été intégré dans les accords signés.
Voilà le prix de l’absence de vision.

4. Le Congo mérite mieux que l’immobilisme

Il est inadmissible qu’en 2025, des ministres censés porter la modernisation du pays refusent même de recevoir un ouvrage de réflexion stratégique leur étant offert gratuitement.

Ce comportement révèle un malaise profond : la méfiance envers les idées nouvelles et indépendantes.

Un pays ne se développe pas par réflexe bureaucratique mais par vision, audace et capacité à intégrer l’intelligence collective – nationale ou diasporique.

Le Congo ne peut plus se permettre des dirigeants publics qui répètent les mêmes méthodes, protègent le même statu quo et bloquent l’innovation stratégique.

5. Conclusion : l’obligation morale de proposer et de persévérer

Malgré cette incompréhension, ma démarche demeure celle d’un patriote.
Je continuerai à proposer, à écrire, à analyser, à alerter et à mobiliser toute expertise utile pour la reconstruction du Congo.

Les nations qui se développent sont celles qui savent capitaliser sur les idées, les talents et les contributions de leurs chercheurs, intellectuels, professionnels et stratèges.
La RDC doit impérativement rejoindre ce cercle.

Éric Kamba

Auteur – Chercheur en développement et gouvernance
Analyste Politique & Géostratège
Auteur de :
  •   Le Modèle Dubaï : Une stratégie de reconstruction pour un Congo moderne
  •   À la chinoise : Leçons du développement pour la RDC
  •   Vers un modèle africain de développement

 

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