A l’instar du FPI : Réforme dans la tourmente : forte pression politique sur les entreprises du portefeuille 

Mardi 5 janvier 2016 - 11:36

Bien que reformées, les entreprises du portefeuille peinent à s’affranchir de la forte mainmise politique Dans la plupart des cas, elles en sont victimes. La situation de crise artificielle créée au niveau du Fonds de promotion dé l’industrie (FPI) est une manœuvre téléguidée à partir de certaines officines politiques. Pour un seul objectif : nuire.

 

Les entreprises du portefeuille - le peu qui reste encore viable après la transformation hasardeuse menée avec le soutien de la Banque mondiale - peinent à se mettre à l’abri de la main politique qui cherchent à les prendre en otage. Une fois de plus, c’est la réforme de ces entreprises qui est mise en mal.

 

En les plaçant, pendant le règne du gouvernement «1+4» sous la coupe des partis politiques, les entreprises du portefeuille ont perdu toute leur autonomie. Si bien qu’aujourd’hui, elles ne peuvent pas se détacher de cette forte mainmise politique qui les empêche, en toute logique, de contribuer à l’effort national de développement.

 

A ce jour les entreprises publiques transformées, encore fiables, se comptent au bout de doigt. La plupart - si elles ne sont pas sous réanimation financière de l’Etat - sont le plus souvent en situation de banqueroute ou de faillite déguisée. Si les entreprises du portefeuille continuent à tenir, c’est parce qu’elles bénéficient encore de l’entière protection de l’Etat congolais qui en reste le seul et unique propriétaire. D’autres, par contre, sortent du lot par le fait d’un management visionnaire.

 

UN CAS TYPIQUE

Malheureusement, le peu d’entreprises du portefeuille qui excellent font l’objet d’une chasse en coupes, réglées, téléguidée à partir des officines politiques bien identifiées. La situation de crise artificielle créée au sein du Fonds de promotion de l’industrie (FPI) porte cette marque. Elle est révélatrice de la forte pression politique que subissent les rares entreprises du portefeuille qui affichent une bonne santé financière.

 

Sinon, comment comprendre qu’une entreprise du portefeuille où règne la paix sociale, où les salaires sont payés régulièrement et qui n’a connu aucun mouvement de grève durant cette dernière décennie fasse l’objet d’un acharnement qui ne trouve aucune explication sur le plan technique.

 

« On ne tire que sur un arbre qui porte des fruits», renseigne un vieil adage. Serait-ce le cas du FPI? Nombre d’analystes entrevoient le problème dans ce sens. Ils n’ont pas tort.

 

En effet, pour le cas du FPI, tout a commencé par une interpellation de son Administrateur directeur général, Constantin Mbengele, initiée à l’Assemblée nationale par l’honorable Fidèle Likinda, députe national de la Majorité présidentielle. Les arguments présentés par l’Adg Mbengele ont été si convaincants que l’interpellateur n’a pas trouvé de quoi redire.

 

Mais, en lieu et place d’une procédure de déchéance comme l’ont proposé certains élus, l’Assemblée nationale leva l’option de la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire pour s’enquérir de la situation exacte qui prévaut au FPI. Tout récemment, la commission a publié son rapport qui fait, notamment état de 140 millions Usd de créances que détiendraient par devers eux certains débiteurs du FPI. En effet, ceux-là sont connus du grand public. Ils se recrutent essentiellement dans la sphère politique. Et, leurs créances sont, dans la plupart des cas, antérieures à l’année 2008; année de nomination de Constantin Mbengele à la tête du FPI.

 

En réalité, le rapport de la commission parlementaire diligentée au niveau du FPI devait servir de déclic à une grande action publique en vue d’aider cette entreprise du portefeuille à rentrer dans ses droits. L’Etat congolais, seul propriétaire du FPI, dispose de tous les pouvoirs pour contraindre les différents débiteurs du FPI à apurer leurs crédits. Car, une telle initiative ne relève ni de la compétence du FPI, ni de son Adg. Seul l’Etat qui a le contrôle de toutes les manettes du pouvoir, notamment judiciaires, peut faire aboutir une procédure de recouvrement forcé.

 

A l’heure actuelle, le FPI n’attend qu’une chose : l’implication de l’Etat pour l’aider à recouvrer ses 140 millions Usd de créances. Des procédures régulières de recouvrement des créances arrivées à échéance sont prévues dans le manuel des procédures du FPI. Mais, la résistance sur le terrain est telle que seul l’Etat, qui jouit d’un pouvoir de coercition sans égal, peut aider l’entreprise à rentrer dans ses droits.

 

SAUVER LE BÉBÉ

De ce point de vue, l’acharnement sur l’ADG du FPI ne s’explique pas. Comme une pieuvre, la politique est en train de remettre en cause un effort de réforme des entreprises publiques bâties dans la douleur. Une fois de plus, la politique s’est mêlée d’un problème purement technique.

Aussi, profitant du rapport - du reste conciliant - de la commission parlementaire, les ennemis politiques de l’Adg du FPI se sont-ils engouffrés dans la brèche pour réclamer sa tête. Le FPI, à l’instar d’autres entreprises un portefeuille, est victime de la forte mainmise politique dans le portefeuille de l’Etat. Tout ce qui tente de lui résister est voué aux gémonies. C’est le cas de l’Adg du FPI.

 

La solution à la situation qui prévaut au FPI ne se trouve pas sur le terrain politique. Tenter de ramener le problème sur ce terrain en s’en servant pour couler Mbengele, c’est enfoncer davantage l’entreprise dans un trou noir. Après toutes ces années d’accalmie, le FPI ne mérite pas un tel traitement. Et, l’Etat congolais n’a pas intérêt à jeter le bébé avec l’eau du bain, alors que le bébé, en l’occurrence le FPI, présente une santé financière irréprochable. Les conclusions de l’enquête parlementaire l’ont prouvé, chiffres à l’appui.

 

Par LP

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