Le devoir de mémoire oblige tout patriotique congolais digne de ce nom à ne jamais oublier le sombre feuilleton de la guerre d’agression imposée à la mère-patrie, le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi à compter du 2 août 1998, et dont les effets négatifs continuent à se ressentir
aujourd’hui, en dépit du vrai-faux cessez-le-feu conclu entre belligérants au terme du Dialogue intercongolais (2002-2003). Selon les statistiques onusiennes et de plusieurs ONG internationales de défense des droits de l’homme, plus de 5 millions de Congolais avaient perdu leurs vies dans la « première guerre internationale » africaine, dans laquelle s’étaient engagées les armées rwandaise, ougandaise et burundaise pour le camp des « agresseurs » et congolaise, namibienne et zimbabwéenne pour celui des « résistants ».
Tous tueurs et pilleurs
Il serait difficile d’oublier qu’entre le mois d’août et d’octobre 1998, le barrage d’Inga fut occupé par un contingent des rebelles congolais appuyés par des soldats rwandais, ougandais et burundais, privant ainsi de courant électrique toute la province du Kongo Central, les villes de Kinshasa, du Bandundu, de Lubumbashi, de Likasi et de Kolwezi. Des milliers de bébés prématurés moururent dans des couveuses. Des milliers de patients sous respiration artificielle ainsi que des femmes en phase d’accouchement connurent le même sort.
Des millions de tonnes de vivres frais prirent le chemin des dépotoirs. Coupée des ports de Matadi et de Boma, la ville de Kinshasa connut une pénurie sans précédent des produits de première nécessité.
Des avions, des bateaux, des véhicules, des immeubles détruits par les bombes des armées d’agression comme celles de libération ne comptaient plus. Certains acteurs politiques congolais, alliés des agresseurs de la RDCongo, se délectaient, dans les médias internationaux, des bilans macabres signés par des rebelles congolais et des soldats étrangers à leurs services. Des seigneurs de guerre congolais naissaient comme des champignons dans les territoires occupés. Malheureusement, le régime de terreur régnait également dans les parties contrôlées par l’armée de Kinshasa et ses alliées namibiennes et zimbabwéennes.
Les « agresseurs » comme les « libérateurs » semblaient s’être donné la même consigne : pillage des ressources naturelles et minières du pays. Chaque jour, des aéronefs venus de nulle part atterrissaient sur des aérodromes de brousse et repartaient, vers des destinations
inconnues, avec des cargaisons de minerais de toutes sortes. Pendant que des millions de compatriotes étaient sans logis et tiraient le diable par la queue, des seigneurs de guerre des deux camps et leurs proches collaborateurs se faisaient des millions de dollars à travers
le trafic illicite des matières premières et la levée des taxes arbitraires.
Toujours pas de paix
La « grande guerre » de 1998 à 2003 a officiellement pris fin en 2003, après l’installation du « Gouvernement de Transition », fondé sur le régime « 1+4 » (un président et quatre vice-présidents).
Recasés dans les institutions de la République et nourris aux mamelles du Trésor public, de nombreux anciens animateurs des mouvements rebelles se permettent de s’étonner de la persistance de l’insécurité à l’Est du pays, alors qu’ils étaient tout contents de la partition du
pays et de l’infiltration de son système de défense par des étrangers.
Les « chevaux de Troie » qu’ils avaient fait entrer sur le territoire national ne cessent d’y susciter de nouvelles rébellions, quand ils n’appuient pas des nébuleux groupes armés nationaux et étrangers (FDLR, ADF) qui écument la partie Est du pays. Les FARDC (Forces
Armées de la République Démocratique du Congo), la Monusco et la
Brigade internationale de l’ONU ont beau se déployer sur le front de
bataille, les complicités internes et externes sont telles que le «
business » s’avère plus fort que la faible volonté de construire une
paix durable.
18 ans après l’épisode du 2 août 1998, les alliés des « agresseurs »
comme leurs partenaires de Kinshasa qui avaient accepté d’effacer le
tableau des massacres, crimes économiques et autres violations des
droits de l’homme à la faveur du Dialogue intercongolais, auraient dû
avoir le courage de demander pardon à la communauté nationale et
l’honnêteté de ne pas briguer des postes de gestion de la chose
publique. C’est anormal que ceux qui avaient pillé et massacré hier
ainsi que leurs alliés politiques de Kinshasa, architectes de
l’insécurité qui persiste à l’Est, donnent de la voix pour faire
croire à la multitude qu’ils sont capables de ramener une paix durable
dans la partie orientale du pays.
Kimp