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Chaque fois que l’on parle de révision constitutionnelle, les voix s’élèvent.N’est-ce pas en contradiction avec le principe d’irrévocabilité de la nationalité congolaise d’origine adopté lors des « concertations nationales » tenues à Kinshasa en septembre 2013 ? Ces conditions sont conformes à la loi. Il n’y a donc aucune contradiction. Au niveau du gouvernement, nous avons enclenché cependant un processus qui aboutira à l’application de la résolution n°3 des concertations nationales, laquelle consacre en effet le principe d’irrévocabilité de la nationalité congolaise d’origine. Mais ce projet de loi nécessite la modification de l’article 10 de la Constitution qui stipule que la nationalité congolaise est une et exclusive. Or, en RD Congo, chaque fois que l’on parle de révision constitutionnelle – même dans un bon sens – les voix s’élèvent pour s’y opposer. Pourtant, pour que tous les Congolais d’origine votent à la présidentielle, il faudra réviser la Constitution. Je leur demande alors de lancer une pétition pour demander un référendum à ce sujet. Parallèlement, des députés qui ont acquis une autre nationalité bénéficient d’un « moratoire » [délai pour régulariser leur situation] depuis 2007… C’était une décision de l’organe législatif. Moi, je fais partie de l’exécutif. Ceci dit, il serait plus facile pour tout le monde que toute personne née congolaise ou ayant des ascendants congolais puissent exercent ses droits civiques. C’est pourquoi nous avons déposé un projet de loi. C’est une démarche qui vise à rassembler les Congolais, au delà des camps politiques. Que vous inspire ces mouvements dits « combattants », actifs dans plusieurs villes occidentales, voire en Afrique du Sud, et très opposés au régime de Kinshasa ? C’est un phénomène créé par la haine et la xénophobie des nostalgiques du régime de Mobutu. Ces derniers avaient ainsi lancé le poison de la division au sein de la diaspora, en s’arrogeant le droit d’attribuer, ou pas, la qualité de Congolais à tel ou tel animateur des institutions en RD Congo. Cela a conduit à des voies de fait contre certains représentants du pouvoir qui ont subi, pendant quelques années, une forme de fatwa inacceptable.
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RD Congo : Joseph Kabila, jusqu’à quand ? Aujourd’hui, depuis notre arrivée aux affaires, le climat est beaucoup plus apaisé. Nous avons entamé le dialogue et nous avons demandé à ces « combattants » de se muer en partis politiques pour faire entendre leur voix. Beaucoup sont désormais prêts à rentrer au pays et disposés à participer au dialogue politique inclusif convoqué par le président Joseph Kabila. Entre-temps, les partenaires extérieurs de la RD Congo, les États-Unis en tête, menacent de « sanctions ciblées » (gel des avoirs, interdiction de voyager, etc.) les dirigeants congolais qui entravent le processus démocratique dans le pays. Qu’en pensez-vous ? C’est un manque de respect. Nos partenaires savent d’où viennent les difficultés de la RD Congo à organiser dans les délais les élections. Ils savent que certains groupes financiers occidentaux entretiennent des foyers de tension à l’est du pays pour s’accaparer de nos richesses, privant ainsi le pays des moyens nécessaires au processus électoral.Des assaillants attaquent la nuit des villages, pillent, violentOrganiser les élections et sécuriser les civils à l’Est, cela ne relève-t-il pas de la responsabilité première de l’État congolais ? À l’Est, l’État a pris ses responsabilités. Mais nous avons affaire, comme en Europe aujourd’hui, au terrorisme. Ce n’est pas une guerre classique ! Des assaillants attaquent la nuit des villages, pillent, violent et massacrent des civils. Puis, ils disparaissent. Que font les 17 000 hommes de la mission onusienne qui sont présents en RD Congo ? Comme l’armée congolaise, ils font face aux guérillas. Et dans certains pays d’accueil, comme en Inde ces derniers mois, des Congolais sont souvent victimes d’actes de racisme, de meurtres… Que fait le gouvernement congolais ? Nous suivons la procédure diplomatique normale. Nous n’enverrons pas les avions de chasse pour bombarder des pays où nos compatriotes sont malmenés. Nous exigeons par ailleurs des pays d’accueil des Congolais qu’ils respectent la Convention de Vienne, qui leur demande de protéger les étrangers sur leur territoire. Inversement, nous demandons à nos concitoyens de respecter les lois et les coutumes des pays qui les accueillent. Après l’expulsion de Jason Stearns, chercheur américain du Groupe de recherche sur le Congo, les autorités congolaises ont refusé de renouveler le visa d’Ida Saywer, la représentante de Human Rights Watch dans le pays. Le Congo est-il en train de se renfermer sur lui-même ? Est-ce que la RD Congo va voir ce qui se passe à Bâton-Rouge, aux États-Unis, lorsque la police tue lâchement des Noirs ? Tous ces activistes ou chercheurs sont les bienvenus chez nous mais ils ne doivent pas s’immiscer dans les affaires intérieures du pays.
Nous n’avons pas besoin de pyromanes.Établir des rapports sur la situation des droits de l’homme du pays, est-ce une immixtion dans les affaires intérieures de la RD Congo ? Nous estimons que leurs rapports, souvent partiaux, risquent de mettre le feu dans le pays. Nous n’avons pas besoin de pyromanes. Ils ne parlent jamais de la liberté de la presse en RD Congo, de la liberté de culte, ou de la liberté de participer à la vie politique : la RD Congo compte plus de 400 partis reconnus ! Quand des bandits s’attaquent à des civils à Kinshasa, éventrent des femmes enceintes, voudriez-vous que la police reste arme au pieds ? Un État de droit protège ses citoyens. Il est temps que cesse le Congo bashing : le moindre fait divers fait la une de tous les médias internationaux. C’est inacceptable ! Trésor Kibangula