Des stratégies pour la production et la commercialisation de hip hop abordé par les artistes
L’Institut français de Kinshasa a abrité vendredi 17 juillet dernier une conférence-débat autour du thème «le modèle économique du hip hop congolais » dans le cadre de la 5ème édition du Festival Air d’ici initié par Racines Alternative. Dans cette tribune, les artistes et opérateurs culturels ont posé un diagnostic sur cette musique urbaine en pensant aux défis, stratégies à adopter pour la production et la commercialisation des œuvres d’esprit ainsi que des perspectives pour que celle-ci devienne une vraie industrie culturelle.
Les conférenciers ont échangé des vues sur la problématique de remettre le hip hop congolais au centre de l’aménagement commercial, en insistant sur les bases managériales à partir desquelles cette industrie doit se fonder afin qu’artistes et producteurs tirent le bénéfice de leur métier.
À cause de l’immensité de son public jeune, ont-ils souligné, cette musique ne doit pas être en rupture avec la musique typique africaine afin de se démarquer de sonorités occidentales et garder une touche authentique. Organisée par l’Asbl Racine Alternative, cette activité a connu la participation d’Alex Dende (LexxusLegal), Narcisse Baha, Akotchayé Okio, respectivement, coordonnateur de cette structure, promoteur de « Baziks », un label spécialisé dans la commercialisation numérique de la musique et manager et artiste béninois.
Clin d’œil sur l’émergence du mouvement Hip hop à Kinshasa
Le hip hop est indexé par certains mélomanes de la musique comme un mouvement des jeunes branchés. Ceux-ci sortent des sentiers de Ndombolo. Contrairement à la rumba congolaise ou musique typiquement dominante du terroir, le hip hop est plutôt engagé et original par ses sonorités qui captent les vibrations des rues de Kinshasa. Le hip hop congolais est à la croisée de chemin entre les influences musicales occidentales et des sonorités du terroir. Contrairement aux Etats-Unis, le hip-hop au Congo n’est pas une influence musicale des ghettos. Le hip-hop congolais jette un pont entre les vibrations des salons huppés de la ville et celles des quartiers chauds de la capitale. C’est un mélange entre d’inspiration entre les jeunes branchés qui vivent dans la bourgeoisie locale et ceux des ghettos qui apportent l’originalité, la connotation engagée. Les jeunes branchés sont au parfum des nouveautés grâceaux chaînes câblées des States (MTV) ou de France (Trace TV) diffusant à souhait le rap. C’est leur unique distraction et en font un mouvement des jeunes branchés. Et, c’est dans l’ambiance urbaine que des nouvelles sonorités et vibrations des ghettos se rattachent à ces influences occidentales. Ce cocktail débouche un mouvement hip hop typiquement congolais. Le hip hop dans son approche artistique est une combinaison d’expression musicale, corporelle et picturale. Ces dignes fils à papa partagent cette découverte avec leurs amis et collègues des cités acquises à la rumba avec sa variante la plus en vue, le ndombolo.
Ce « moove » gagne de plus en plus les rues de Kinshasa et à une histoire. De Marshall Dixon à Lexxus en passant par Kash, Estonjonjo ou encore RJ Kanierra, voilà des noms qui font succès tant à Kinshasa qu’à Lubumbashi dans cette mouvance du Hip hop.
(Saint Hervé M’Buy)