Des containers faisant office des sous-commissariats de la police nationale congolaise, PNC, saccagés et brûlés notamment à Mombele et à Ngaba…cocktails molotov et même des tirs, laisse-t-on dire, ont répondu aux coups de feu de sommation des agents de la paix…La résistance opiniâtre opposée par des bandes des jeunes aux forces de l’ordre lors des journées troubles de 19 et 20 janvier 2015 repose avec acuité la question de la circulation des armes de tout calibre dans la capitale.
En vue de se prémunir d’une situation qui échapperait à tout contrôle, le Vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur et Sécurité, Evariste Boshab, devrait, de l’avis des observateurs, s’investir pour l’amendement de l’ordonnance-loi fixant nomenclature des droits, taxes et redevances du pouvoir central qui remonte à février 2012. La demande d’autorisation d’importation ainsi que la vente d’arme de chasse et d’autodéfense y sont reprises comme faits générateurs des recettes du ministère de l’Intérieur et Sécurité. La taxe y relative est désignée par taxe sur l’autorisation spéciale d’importation et/ou de vente d’armes de chasse et d’autodéfense.
L’on sait que la saison de chasse a officiellement démarré en RDC, il y a quelques semaines, et offre des opportunités de bonnes affaires aux fabricants locaux d’armes de chasse. Puisque il y a une réglementation sur la chasse en R-dC, naturellement, l’achat, la détention ou encore la fabrication d’armes de chasse sont naturellement autorisés conformément à la loi. Il y a d’ailleurs, une taxe relevant du ministère de l’Intérieur portant sur l’autorisation spéciale de fabrication d’armes de chasse. Toutefois, il serait moins laborieux de suivre la traçabilité de ce type d’armes, généralement traditionnelles, que celles dites d’autodéfense. D’autant plus que le concept même d’autodéfense fait encore débat, près de trois ans après la promulgation de la nouvelle nomenclature des recettes relevant du ministère de l’intérieur et Sécurité. Même M’zee Kabila au temps fort de la guerre d’agression a dû renoncer à distribuer des armes aux jeunes de la capitale regroupés en FAP, Forces d’autodéfense populaire. Jusqu’où faudrait-il étendre le champ d’application du concept dans la société ? certes, la commercialisation d’armes d’autodéfense pouvait se justifier, il y a encore quelques moins devant la montée de la délinquance juvénile avec le phénomène Kuluna. Mais les opérations «Likofi I et II» sont passées par là réduisant sensiblement le banditisme des jeunes particulièrement dans la capitale.
Quoique, dans certains quartiers de Kinshasa, l’on déplore encore quelques difficultés de sous commissariats, les fameux sous-ciat qui logent dans des containers parsemés ça et là dans la ville de Kinshasa d’agir vite et avec efficacité contre les hors-la –loi. Mais le contrôle des circuits de vente et même d’importation finira par échapper aux services attitrés…comme aux Etats-Unis, où suite à une série des drames dans des écoles, le président Barack Obama, tente, sans grand succès, à persuader les Yankees à se débarrasser de leurs armes. L’on se rappelle de l’impressionnant arsenal d’armes de guerre de tout calibre récoltée lors de l’opération «arme contre 100 dollars» menée par l’Ong PAREC de Ngoy Mulunda sur financement de l’Etat, il y a encore quelques années. Sans doute que la proximité des casernes avec des cités voyous, pour emprunter l’expression de l’ancien président américain Georges Bush à l’encontre de l’Iran, aura permis qu’une importante quantité d’armes légères circulent encore dans la Capitale. Une quantité qui doit, probablement, être largement en deçà des AK 47 et autres armes à feu en circulation dans de grandes agglomérations de l’Est, Beni, Lubero, Goma, Bukavu ou encore Lubumbashi où, semble-t-il, les indépendantistes « Bakata Katanga» auraient, chaque fois, abandonné des armes de toute sorte, dans leur tentative de prendre d’assaut la capitale du cuivre, devant la contre-offensive des troupes loyalistes. Voilà de potentiels stocks d’armes qui devraient vite être reversés sur le prochain marché d’armes. A moins que le gouvernement n’ait une perception tout autre d’arme dite d’autodéfense. Quoiqu’il en soit une arme reste une arme, un instrument de la mort, fut-il de sport. La nomenclature actualisée des droits, etc., taxes du pouvoir central prévoit également un droit de délivrance ou de renouvellement de permis de port d’arme de sport. Une fois encore pour le compte du ministère de l’Intérieur. A Boshab de se prémunir de l’irréparable.
PALM