Calvaire de nouvelles provinces : Le temps donne raison à Alexis Mutanda

Mercredi 10 août 2016 - 11:05
Image

Cet élu de Mbuji-Mayi avait prédit, plus d’une fois, les difficultés des provinces, issues du découpage territorial surtout sur le plan financier et administratif, qui manquent avec acuité les infrastructures et les finances pour leur fonctionnement!

Plus d’une fois, le député national Alexis Mutanda Ngoy Muana, a dénoncé la précipitation avec laquelle la réforme territoriale, bien qu’elle soit une exigence constitutionnelle, a été réalisée dans le pays. Ainsi, à l’issue de ce découpage territorial, la République Démocratique du Congo a vu le nombre de ses provinces passer de 11 à 26 depuis l’octobre 2015.

Entrée en vigueur en février 2006, la Constitution congolaise issue du référendum populaire demandait que le découpage territorial intervienne d’ici mai 2010.

Une date butoir qui n’a pas été respectée jusqu’en 2015. De manière soudaine, le gouvernement congolais est revenu à la charge pour s’atteler sur ce découpage territorial, alors que les réalités sur le terrain ne favorisaient pas le déclenchement de ce processus de décentralisation très complexe pour un pays à la dimension continentale comme la RD Congo.

Calvaire des provinces

Quelques mois après le découpage territorial, le temps donne raison à Alexis Mutanda Ngoy Muana, quand on voit le calvaire dans lequel sont plongées les provinces, surtout les 15 nouvelles provinces issues de ce découpage territorial.

Cet élu de Mbuji-Mayi, pour le compte de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), avait prédit, plus d’une fois, les difficultés des provinces issues du découpage territorial, surtout sur le plan financier et administratif, qui manquent avec acuité les infrastructures et les finances pour leur fonctionnement.

Le député national Alexis Mutanda n’a pas été le seul a émettre des réserves sur le découpage territorial précipité, son homologue Adolphe Muzito, de la majorité et haut cadre du Parti lumumbiste unifié (Palu) avait même qualifié ces provinces des mort-nées dans une de ses tribunes.

Muzito, ancien Premier ministre, connaît bien les difficultés de ces provinces pour avoir rencontré énormément de problèmes dans la rétrocession de 40% à ces provinces, à l’époque elles étaient juste onze, et maintenant qu’elles sont au nombre de 26 en RD Congo.

Conflits de compétences

C’est ce qui se réalise pour le moment, où certaines de ces nouvelles n’existent que de nom. Dans la province de Tshopo, le gouvernement provincial n’est pas encore installé. Ailleurs, si les gouvernements provinciaux sont déjà installés, les animateurs manquent des bureaux pour leur fonctionnement.

Des sources vont plus loin pour parler des conflits de compétences entre certains chefs d’exécutifs provinciaux et les ministres provinciaux. C’est ainsi qu’un gouverneur d’une nouvelle province s’est même permis de séquestrer un des comptables de la province dans le coffre de sa voiture en lui ravissant tout l’argent qui était destiné à la paie des agents de l’Etat. Une autre difficulté, ce que beaucoup de ces gouvernements ne reçoivent pas les frais de fonctionnement, ont relevé des sources.

La situation des Assemblées provinciales est encore pire, déjà quand on sait que la ville province de Kinshasa manque de siège, que sera-t-il pour ces nouvelles provinces. C’est ainsi que, beaucoup d’observateurs avertis soutiennent que le gouvernement central ne devrait pas se gérer pour dire tout haut qu’il a manqué son opération de découpage territorial.

Pour rappel, la Constitution congolaise a consacré la décentralisation comme mode de gestion et d’organisation politique et administrative du pays.

Il n’y a aucun doute sur les bonnes intentions qui avaient animé les concepteurs de l’actuelle Constitution congolaise, adoptée par référendum en février 2006, lorsqu’ils ont proposé un Etat décentralisé après plusieurs années marquées par l’omniprésence et l’arbitraire du pouvoir central.

Vu l’immensité du pays et les nombreux problèmes, qui étaient tous urgents, en RD Congo, sans doute était-il temps de tourner la page et de concrétiser, enfin, une idée déjà ancienne.

Par Lucien Kazadi T.