COLLIN KANDOLO : "LA FRANCOPHONIE ENCOURAGE LE DIALOGUE DES CULTURES ET, PARTANT, LE DIALOGUE POLITIQUE EN RDC"

Mercredi 23 mars 2016 - 08:53
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Détenteur d’un diplôme de licence en sociologie et en anthropologie, Collin Kandolo Kikuni assume depuis octobre 2014 la fonction de Délégué Général a.i. à la Francophonie en République démocratique du Congo. Aux lecteurs de ’’Forum des As’’, il donne des éclaircissements sur la 46ème Journée internationale de la Francophonie célébrée dimanche 20 mars.

Monsieur le Délégué général, l’humanité a célébré le 20 mars dernier, le 46ème anniversaire de la Journée internationale de la Francophonie. Quels sont les thèmes qui sont mis en évidence au niveau national et sur le plan international ?
Dans les us et coutumes de la Francophonie, il n’y a qu’un seul thème autour duquel la Francophonie institutionnelle est célébrée chaque année. Pour l’édition 2016, c’est "le pouvoir des mots".

Pourquoi, selon vous, l’Organisation internationale de la Francophonie a jugé utile de focaliser l’attention de l’humanité sur le thème que vous venez d’évoquer ?
Question difficile, mais nous allons tenter de répondre, car le choix d’une thématique est tributaire de plusieurs facteurs. Mais d’une manière générale, le thème choisi traduit, en quelque sorte, un message ou un mot d’ordre donné par la haute hiérarchie de la Francophonie, pour alerter en vue d’une prise de conscience collective par rapport à un questionnement transfrontalier dont le moyen de réponse passe par la valeur de solidarité internationale. Dans le cas contraire, le questionnement persiste et crée des perturbations qui auraient pu être stoppées ou phagocytées par la symphonie culturelle, notamment le dialogue des cultures.

Vous avez récemment procédé au lancement des activités relatives à la célébration de la Francophonie au cours de ce mois de mars. Quelles sont les activités phares que vous avez prévues de réaliser avec le concours de vos partenaires ?
Certes, il y a eu plusieurs activités dans notre agenda, dont la plupart sont des activités de routine. Pour cette édition 2016, nous avons privilégié l’esprit inventif et créatif. C’est pourquoi nous avons initié le jeu concours’’orthogrAfrique’’, qui consiste en l’épellation correcte des mots tirés des textes des auteurs africains, avec une cotation conséquente. C’est ce qu’on appelle : lorsque la langue française rencontre les auteurs africains, ça donne l’orthogrAfrique. La deuxième activité découle de la première, étant entendu que le génie de la Francophonie est, en fait, un jeu de société qui consiste en la manipulation des mots et des devinettes en vue de la maîtrise, non seulement de la langue française, mais aussi des données démographiques, socio-économiques, politiques et culturelles et anthropologiques de l’une des entités étatiques territoriales membre de la Francophonie en Afrique. Notez bien : ce jeu pourrait s’étendre à l’avenir à l’échelle régionale, sous-régionale et internationale.

Bien souvent considérée comme deuxième pays francophone du monde, la RDC tire-t-elle profit de cette place de choix au sein de l’Organisation internationale de la Francophonie ?
Le mini-marathon francophones des jeunes et des femmes organisé cette édition, couplé à la journée porte ouverte est une réponse à cette préoccupation, car du point de vue de ralliement au point de chute des marathoniens via le point de transit, ces stations sont les expressions de la lisibilité et visibilité de la Francophonie en République Démocratique du Congo. Concrètement, le point de ralliement, en même temps, le point de départ du marathon est la Maison de Savoirs, sise avenue Kasa Vubu. Le point de chute, le complexe scolaire arabe appelé "le lycée libanais" est un site de l’éducation incontestablement de la Francophonie, car le Liban est membre effectif de la Francophonie institutionnelle. Les deux points de transit, notamment le Campus numérique francophone et la délégation Wallonie-Bruxelles sont des cadres opérationnels des opérateurs de la Francophonie.

Les Congolais ont souvent brillé par leur faible représentativité dans les institutions francophones. Cette tendance est-elle aujourd’hui inversée ?
Un est différent de zéro, dit-on. Si hier la RDC a été totalement absente, il faut dire qu’aujourd’hui même si il reste encore beaucoup à faire, on signale la participation des congolais dans l’organisation et le fonctionnement de l’Organisation internationale de la Francophonie. C’est notamment le cas du Volontariat international francophone où, de nos jours, certains Congolais sont admis.

En cette année électorale, l’OIF, par le biais de sa Secrétaire générale Michaëlle Jean, s’est engagée à appuyer activement le processus électoral en RDC. Pouvez-vous aujourd’hui éclairer l’opinion sur l’effectivité de ce soutien ?
Le soutien de l’OIF en RDC revêt plusieurs aspects. Mais, dans le cas d’espèce, le soutien de l’OIF en cette matière est avant tout technique. C’est notamment le cas de cinq missions déjà diligentées pour la révision du fichier électoral. Au plan thématique, la Francophonie encourage le dialogue des cultures et partant le dialogue politique.
Plus d’une année après votre accession à la tête de la délégation générale à la Francophonie en RDC, quelles sont les réalisations qu’on peut placer aujourd’hui à votre actif ?
Comme technicien il est difficile de quantifier mes réalisations. Cependant, au regard de trois défis auxquels je me suis assigné et pour lesquels je me bats encore humblement, je pense que le bilan n’est pas loin d’être positif. Pour votre gouverne, le premier défi concernait le maintien ou l’amélioration de la capacité technique de la délégation Générale à la Francophonie. Le second, c’est relatif à la gestion du personnel et le troisième porte sur l’organisation et la mise en œuvre de grands événements. Pour le premier et le deuxième défis, je vous laisse la latitude de mener vos enquêtes journalistiques et de tirer les conclusions. Par contre, pour le dernier défi, je suis à ma deuxième édition de l’organisation du mois dédié à la Journée internationale de la Francophonie. Vous avez été témoin depuis le lancement des activités jusqu’à la clôture. Je vous laisse la liberté de porter un jugement de valeur sur mon bilan. Notre combat a été aussi la représentativité de la RDC aux différents concerts de la Francophonie. Le dernier en date, c’est le deuxième forum économique qui s’est tenu à Paris et où le Premier ministre était invité, mais faute de temps, il avait dépêché une forte délégation avec, en tête, le Vice-premier ministre, ministre des Postes et télécommunications, son Excellence Monsieur Thomas Luhaka.
Propos rendus par Yves KALIKAT