L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch a accusé mercredi Kinshasa de négligence "criminelle" en reprochant aux autorités congolaises la mort d'une centaine personnes dans un camp militaire accueillant des rebelles démobilisés.
"Plus de 100 personnes parmi les combattants démobilisés, leurs femmes et leurs enfants [...] sont mortes de faim et de maladie" dans le camp de Kotakoli, dans l'extrême Nord-Ouest du pays, "après que les responsables ont négligé de leur fournir la nourriture et les soins de santé appropriés", écrit HRW dans un communiqué.
"La négligence du gouvernement congolais envers ces anciens combattants et leurs familles est criminelle", ajoute l’ONG américaine, pour qui le gouvernement congolais "devrait de toute urgence déplacer toutes les personnes du camp vers un site plus accessible" et "traduire en justice les personnes responsables de mauvais traitement".
Selon HRW, "42 combattants démobilisés et au moins cinq femmes et 57 enfants" sont morts à Kotakoli depuis décembre.
Interrogé par l'AFP, un diplomate en poste à Kinshasa confirme que la situation dans le camp est "dramatique" et qu'on avait connaissance de plusieurs dizaines de morts il y a quelques mois. Selon une source militaire occidentale, le camp accueillait 865 rebelles démobilisés et 226 de leurs "dépendants" mi-juillet.
Kotakoli est l'une des trois bases militaires retenues par le gouvernement comme "centres de triage" dans le cadre du dernier plan de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) des combattants des dizaines de groupes armés congolais qui écument encore l'Est de la RDC. Le tri doit permettre de déterminer ceux qui pourront être intégrés dans l'armée et ceux qui seront appelés à retourner à la vie civile.
Interrogé par l'AFP sur les accusations de HRW, le ministre de la Défense, Alexandre Luba Ntambo, s'est borné à répondre que la situation dans le camp était "mauvaise" et qu'on y trouvait "des personnes qui ne s'acclimatent pas".
"Le gouvernement n'a pas envoyé les gens là-bas pour les tuer" et il "est en train de prendre des mesures", a-t-il ajouté sans plus de commentaire.
De source diplomatique, on note que "les autorités civiles sont bien conscientes du problème mais qu'elles ne peuvent y apporter une solution à cause du manque de décision de la part de la haute hiérarchie militaire".