Démocratie dans la bonne direction

Mardi 30 septembre 2014 - 17:00

La marche de l’Opposition a eu bel et bien lieu. La police s’est montrée discrète, les manifestants, eux, se sont limités à scander des slogans contre la révision de la Constitution, particulièrement l’article 220.

Lorsque les Congolais sont décidés à bien faire les choses, ils réussissent le plus souvent. Joseph Kabila l’a déclaré à l’intention de l’humanité entière, lors de la dernière assemblée générale des Nations Unies à New York.

L’illustration d’une marche de l’Opposition contre des thèses de la Majorité, autorisée par le gouverneur de la ville à Kinshasa et interdite à Goma, est la somme des contrastes qui caractérisent la République démocratique du Congo. Un pays des contradictions !

N’empêche, les arguments souvent avancés par la Majorité pour interdire les manifestations de l’Opposition, en dépêchant la police, qui avec brutalité disperse les marcheurs, viennent d’être battus en brèche par la pratique.

L’Opposition est capable d’encadrer ses manifestants, sans nécessairement provoquer des casses. La Majorité aux affaires vient également de prouver à la face de la nation qu’elle peut accepter la contradiction, même contre ses intérêts les plus vitaux.

Le gouverneur de la ville de Kinshasa administre par son acte la preuve de la marche dans la bonne direction de la démocratie congolaise. Le gouvernement devra encourager pareille attitude auprès des gouverneurs des provinces afin d’offrir de l’air non pollué à la respiration de la jeune démocratie congolaise.

Plus question d’estimer que la marche ou le meeting de l’Opposition n’aurait aucune finalité au profit du pays et de sa population. L’adversaire politique a le devoir de s’interdire d’être le censeur des actions et stratégies politiques de son vis-à-vis. En politique il n’y a pas de cadeau. Mais, l’éthique politique impose quelques interdits.

Quant à la démocratie, elle a des règles universellement observées auxquelles la RDC et sa classe politique ne devraient se dérober.

La marche du samedi 27 septembre à Kinshasa est le prélude d’un changement de comportement de la part des autorités. Elle démontre également que l’Opposition s’est ressaisie dans sa démarche vers l’alternance.

Une démarche qui se construit et se consolide, brique après brique. De même, au sein de la Majorité, tout le monde  compris que le pouvoir appartient au souverain primaire. A la Majorité, il est acquis que la notion de mandat désormais a un sens.

Lorsqu’une portion du souverain primaire veut s’exprimer, on ne la brime pas. On ne la brutalise pas. On ne la torture pas. Le grand espoir reste que les prochains scrutins prévus en 2016 puissent cimenter la cohésion nationale d’autant  que la publication des résultats ne se ferait pas sous les bruits des armes, mais ceux des cris de joie et des klaxons.