Dialogue à tout prix : la hantise du 19 septembre 2016

Lundi 29 août 2016 - 11:23
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Edem Kodjo, facilitateur de l’Union africaine au dialogue politique national, a réussi le premier round de sa mission. Tout est mis en œuvre pour boucler le dialogue avant le 19 septembre prochain; date du début du « préavis » lancé par Etienne Tshisekedi et son « Rassemblement».

 

Dans un climat tendu - le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement lui ayant définitivement tourné le dos - Edem Kodjo est parvenu, malgré tout, à clôturer, samedi dernier à Béatrice Hôtel, les travaux du Comité préparatoire du dialogue. On sait désormais de quoi sera fait ce dialogue, tout comme son timing et son format.

Selon la feuille de route adoptée unanimement par des délégués et contresigné par des représentants de la Majorité présidentielle, de l’Opposition et de la Société civile, le dialogue démarre en principe le 1 septembre prochain. Il est censé se clôturer deux semaines plus tard, avec un nombre limité de délégués, soit 200 répartis en quota suivant les trois composantes, à savoir la Majorité présidentielle, l’Opposition et la Société civile. 25 autres délégués seront convies comme invités spéciaux du dialogue. C’est la partie officielle de l’initiative que pilote Edem Koijo.

 

Il y a évidemment des dessous, des cartes, c’est-à-dire des faits qui guident le comportement de l’émissaire de l‘Union africaine.

 

Dans un premier temps, il faut dire qu’Edem Kodjo a mis tout en œuvre pour boucler le processus du dialogue avant la date fatidique du 19 septembre 2016. Quelle est .la symbolique de cette date ? La réponse réside dans l’article 73 de la Constitution qui stipule : « Le scrutin pour l’élection du président de la République est convoqué par la Commission électorale nationale indépendante, quatre- vingt di)’ jours avant l’expiration du mandant du président en exercice ».

Autrement dit, le mandat de l’actuel chef de l’Etat, Joseph Kabila, se terminant le 19, décembre 2016, la Céni est censé lancer le processus pour la présidentielle dès le 19 septembre prochain. Ce qui, malheureusement, ne sera pas le cas, compte tenu de nombreuses pesanteurs politiques et logistiques.

Dans l’Opposition radicale, la date du 19 septembre a été prise comme référence pour constater te glissement du cycle électoral. Devant ses militants réunis, le 31juillet 2016, sur l’esplanade du boulevard Triomphal, Etienne Tshisekedi, leader du « Rassemblement » a dit à ses militants de considérer la date du 19 septembre comme le début du « préavis» au chef de l’Etat; un préavis censé prendre fin, a-k-il martelé, le 19 décembre 2016.

Edem Kodjo doit avoir intégré cette date dans son business plan. Pour le facilitateur il s’agit de tout mettre en œuvre afin de parvenir à un compromis politique avant le 19 septembre. C’est dans cet esprit qu’il n’a pas voulu se soumettre jusqu’au bout aux préalables du «Rassemblement».

 

UNE DATE QUI FAIT PEUR

Le 19 septembre 2016 fait si peur que le facilitateur, sans doute aidé par la Majorité présidentielle et l’Opposition modérée, a mis les bouchées doubles, du 23 au 27 août 2016 à Béatrice Hôtel, pour planter le décor d’un dialogue politique. Peu importe son inclusivité. Pour Kodjo et la Majorité au pouvoir, tout doit être fait pour qu’au 19 septembre 2016, un compromis politique régente la période transitoire qui devient presqu’inéluctable.

Si la solution paraît politiquement acceptable, elle sera loin, prédit-on, à résoudre le problème. Car, en écartant délibérément l’aile dure de l’Opposition, Edem Kodjo a sans le savoir assené un coup dur à la mission que lui a confiée l’Union africaine. Avec la clôture en mode « commando » des travaux du Comité préparatoire du dialogue, Edem Kodjo réunit désormais tous les ingrédients pour échouer. Il est loin de résoudre le problème pour lequel Mme Nkosazana Dlamini Zuma, présidente de la Commission de l’Union africaine, l’a mandaté en RDC.

Sûrement, après lui, la RDC se retrouvera dans une crise politique inédite. On en a déjà perçu les germes au terme des travaux de Béatrice Hôtel.

Par peur de la date du 19 décembre 2016, Edem Kodjo a hypothéqué ses chances d’entrer, à l’instar du Botswanais Ketumile Masire, dans l’histoire de la RDC.

Par LP