DIALOGUE, ÉLECTIONS : LA RECETTE Z’AHIDI !

Mercredi 29 juin 2016 - 06:28

A l’occasion de sa rentrée politique hier, l’ancien Vice-président de la République plaide pour un forum national qui ouvre la voie à des scrutins exécutés dans des délais consensuels, respectueux de la Constitution.

Du Dialogue, tout le monde en parle. Des élections dans le délai constitutionnel, tout le monde le ressasse. Mais, beaucoup abordent ces questions vitales pour l’avenir immédiat du pays de manière générique et donc, forcément, désincarnée. Au point qu’à quelque cinq mois de la fin constitutionnelle du quinquennat, le brouillard le dispute à la grisaille.

C’est dans ce contexte qu’une éclaircie a traversé, hier, le ciel- le nôtre- passablement assombri. Un homme a su trouver le contenu à mettre dans les concepts "dialogue", " élections dans le délai ". Effectuant sa rentrée politique dans la salle Bondeko, l’opposant Z’Ahidi Arthur Ngoma - puisque c’est de lui qu’il s’agit- n’a pas donné dans l’exhibitionnisme ambiant. Loin des postures politiciennes, le porte-parole du Cartel de l’Opposition congolaise a indiqué que " l’affirmation, aller aux élections, doit intégrer la complexité du réel. " Et, " c’est toute l’importance du dialogue ". Et Z ’Ahidi d’être davantage explicite : " Il s’agit dans le cadre de ce dialogue de considérer des questions liées à l’organisation, dans le pays, des élections qui rassurent tout le monde ; des élections qui soient pacificatrices de nos antagonismes, parce que réellement démocratiques et crédibles ; des élections qui tiennent dûment compte des contraintes organisationnelles et qui soient exécutées dans les délais consensuels, respectueux de la Constitution " . Hier dans la salle Bondeko au cœur de Kinshasa, il a flotté comme un vent fait de remake de tous les balbutiements des années transition. De fait, Z’Ahidi -le même - avait dit au seuil des années 2000 que le pays a encore vocation à aller de dialogue en dialogue et transition en transition. Deux élections ont eu lieu. Mais, l’impératif de dialoguer se dresse encore devant nous. Avec lui, la nécessité de mettre en harmonie la Constitution avec les contraintes objectives sur le front de l’organisation des élections. Là aussi, l’ancien vice- Président de la république et, par ailleurs, professeur de droit a cette formule qui bouscule le juridisme : " le droit est tout, sauf le miroir passif des réalités qu’il entend régir ". FDA

DISCOURS DE SEM Z’Ahidi Arthur NGOMA, ANCIEN VICE-PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE.
Kinshasa-Centre BONDEKO, 28 Juin 2016.

Chers compatriotes,
Dès l’abord, j’aimerais redire toute ma peine et ma compassion à nos compatriotes de Béni et de localités environnantes, fauchés par la barbarie criminelle des groupes armés qui ne cessent d’insécuriser la partie orientale de notre pays.
Il faut bien croire que l’expérience est une lanterne qui n’éclaire que le chemin parcouru. Le philosophe chinois, Confucius, l’a dit et le temps qui passe semble lui donner raison.
Comment le dire, il y a peu nous étions à Sun City. A l’évoquer ici, j’imagine déjà toutes ces questions qui fâchent et que l’esprit refuse : où sont donc passées nos certitudes alors partagées ; nos certitudes que nos guerres, nos conflictualités et leurs alliées objectives, que sont l’ignorance, la peur, toutes les peurs ne conduisent qu’à la servilité ?
Pays post-conflit nous le sommes. Et, nous n’en avons pas encore fini le traumatisme que, déjà, la mémoire est à la langue de guimauve. Nous semblons même oublier notre environnement international fantasque et récessif ; et, plus encore, l’histoire de notre pays, qui est telle une pièce de théâtre au thème accusateur : qui donc s’y reconnaîtrait coupable ? Tout le monde, il est beau ; tout le monde, il est gentil ; sauf peut-être la victime elle-même, le peuple congolais, dont on n’ose pas regarder l’indicible souffrance.
Alors, chers compatriotes, l’instant d’une seconde, celui que nous offre ce balbutiement de l’histoire que nous appelons " dialogue ", descendons dans la rue et regardons notre peuple au fond des yeux.
Regardons notre peuple qui, lui, ne peut comprendre nos volontés dispersées face à l’évidence.
L’évidence, c’est-à-dire, cette nécessité, par-delà la quête des responsabilités, d’éteindre le feu, de conjurer, par la rencontre des hommes, les perspectives d’une autre crise dans la crise qui affecte gravement notre cohésion nationale.
Au fond, pour tout dire, l’indispensable nécessité d’endiguer l’inexorable dépérissement de notre culture, cette forme singulière de violation massive et systématique des droits de l’homme.
Bien sûr, dans la grisaille de la réflexion le doute est légitime. Mais, convenons que face aux enjeux de l’heure, face aux mutations que connaît la société internationale contemporaine, rien ne peut arrêter un esprit précis.
Je pense à ce devoir sacré que nous avons de remettre, le plus rapidement possible, notre pays sur les rails de la bonne gouvernance. La vie à sauver c’est la nôtre et la quête de la légitimité consensuelle en est l’ultime recours.
Tel est l’objet du dialogue que nous soutenons et tel est le droit dans sa finalité. Le droit, dont il faut bien se rappeler, qu’il est tout sauf un miroir passif des réalités qu’il entend régir.
Que faire pour que notre pays ne retombe dans ses crises classiques de manque de légitimité politique du pouvoir ? C’est la question qui nous interpelle tous ici ; et, nous en connaissons la réponse : il nous faut, dans une démarche responsable, mettre en mouvement le calendrier électoral, c’est-à-dire le calendrier de la légitimité.
Dans une démarche responsable parce qu’en la phase actuelle, l’affirmation, aller aux élections, doit intégrer la complexité du réel. C’est toute l’importance du dialogue.
Loin des thématiques dont nous connaissons bien les réponses, pour les avoir maintes fois analysées, il s’agit, dans le cadre de ce dialogue, de considérer des questions liées à l’organisation, dans le pays, des élections qui rassurent tout le monde ; des élections qui soient pacificatrices de nos antagonismes, parce que réellement démocratiques et crédibles ; des élections qui tiennent dûment compte des contraintes organisationnelles et qui soient exécutées dans des délais consensuels, respectueux de la Constitution.
En substance, il s’agit des points relevés dans notre cahier de charge :
1.Le fichier électoral ;
2.La restructuration de la Commission Electorale Nationale Indépendante ;
3.Le financement des élections ;
4.La sécurisation des élections ;
5.La prise en compte de toutes les difficultés techniques objectives liées à l’organisation de ces élections, pour en élaborer un calendrier électoral consensuel global, à effet exécutoire.
La Nation, chers compatriotes, ne peut douter d’elle-même, encore moins de sa force morale et intellectuelle pour conjurer les contraintes du temps qui passe. C’est l’exemple que nous donne notre peuple qui, chaque jour, crée la vie là où elle est censée ne plus exister.
Alors, plus que jamais, il nous faut convoquer l’intelligence ; sortir des mythes et des prophéties, sortir des idolâtries fétichistes ; garder l’indispensable équilibre entre le sens du mouvement et le sens de l’Etat ; nous élever pour mieux voir et mieux nous regarder, c’est-à-dire regarder l’autre, qui n’est pas nous-mêmes ni le nôtre, sans parti pris à l’égard de ce qui constitue son altérité ; c’est ça la tolérance, valeur démocratique par excellence. Ce sont là des valeurs qui feront le succès de ce dialogue. C’est le sens de la grandeur de notre pays, le sens de sa souveraineté bien comprise.
Je dois conclure.
A vous, Messieurs les Présidents des partis et des plateformes politiques de l’opposition congolaise, qui ont compris et accepté le dialogue entre Congolais, il ne me reste qu’à vous dire, pour notre Peuple, ce mot le plus court mais le plus chargé de gratitude : MERCI.
Puisse la petite fille nommée " Espérance ", à laquelle l’auteur reconnaît des vertus théologales, porter très haut l’espérance fondamentale de notre Peuple ; et puisse le Seigneur Tout Puissant protéger et bénir notre pays, la République Démocratique du Congo !
Je vous remercie de votre attention.

Z’Ahidi Arthur NGOMA,
Ancien Vice-Président de la République,
Président National
de Forces du Futur,
Président du Camp
de la Patrie et
Porte-parole du Cartel de l’Opposition Signataire et
non Signataire de l’Accord global et inclusif de Sun City.

FORCES POLITIQUES DE L’OPPOSITION CONGOLAISE FAVORABLES AU DIALOGUE
ENTRE CONGOLAIS

DECLARATION D’ADHESION AU DIALOGUE ET A SES VERTUS
Nous, partis et plateformes politiques de l’opposition congolaise ici représentés :
1. Constatant les perspectives de crise qui s’annoncent au pays du fait des difficultés qui contraignent l’organisation des élections dans le délai constitutionnel ;
2. Ayant à l’esprit l’indicible souffrance connue par notre peuple depuis son accession à l’indépendance, du fait des guerres de prédation, des velléités de subjugation voire de domination, ainsi que des volontés citoyennes aussi dispersées qu’instrumentalisées, ce qui signifie servilité ;
3. Considérant que, dans ce monde en mutations, il est plus que temps d’en finir avec le règne de l’ignorance et de mettre en mouvement nos efforts créateurs pour promouvoir le droit de notre Peuple à l’existence pacifique et au développement ;
4. Considérant que la crise qui pointe à l’horizon est l’une des crises classiques qui ont endeuillé la République : la légitimité du pouvoir politique, et qu’il importe d’en conjurer les perspectives par la recherche d’une légitimité consensuelle.
5. Les partis et plateformes politiques de l’opposition congolaise ici représentés soutiennent l’organisation urgente du dialogue entre Congolais et proposent, à cet effet, le cahier de charge suivant.

Cahier de charge :

1. Le fichier électoral :
a)La révision et la dépollution du fichier électoral qui doit assurer que seuls les congolais sont effectivement électeurs ; et, qui ne contienne pas notamment des morts, des doublons ;
b)L’enrôlement des jeunes devenus majeurs ;
c)La production de nouvelles cartes d’électeur ;
2. La restructuration de la Commission Electorale Nationale Indépendante ;
3. Le financement des élections, qui nous invite à examiner les capacités internes en la matière et les perspectives d’apports externes ;
4. La sécurisation des élections, qui nous invite à mobiliser les forces de sécurité nationales et celles de la MONUSCO ;
5. La prise en compte de toutes les difficultés techniques objectives liées à l’organisation de ces élections, pour en élaborer un calendrier électoral consensuel global à effet exécutoire.
Les partis et plateformes politiques de l’opposition congolaise ici représentés renouvellent leur demande au Peuple congolais de soutenir cette démarche du dialogue comme étant le salut de la République au sens le plus profond de l’espoir.
En outre, les partis et plateformes politiques de l’opposition congolaise ici représentés demandent à la Communauté internationale d’accompagner le Peuple congolais dans ses efforts de dialogue qui répondent aux objectifs de paix et de sécurité internationale dont notre monde en transition a grandement besoin.
Fait à Kinshasa, le 28 juin 2016.
Les partis et plateformes politiques de l’opposition congolaise