La Mission des Nations Unies pour l’action d’urgence contre l’Ebola (MINUAUCE) va bénéficier d’un budget de 50 millions USD devant couvrir le financement de 283 postes ainsi que les voyages, les infrastructures, les transports terrestre et aérien, les communications, les équipements informatiques, les services médicaux, les fournitures et autres.
C’est à cet effet que la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires a entamé ses travaux mardi 07 octobre 2014 à New York (Etats-Unis d’Amérique) en vue de donner son feu vert à ce budget estimé précisément à 49 millions 943 600 dollars par le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon.
La MINUAUCE, dont l’Envoyé spécial pour l’Ebola, Anthony Banbury, continuera d’assurer un rôle d’orientation stratégique globale, s’est assignée cinq priorités stratégiques: stopper la propagation du virus, soigner les malades, fournir les services essentiels, préserver la stabilité des trois pays touchés (Guinée, Libéria et Sierra Leone) et prévenir la propagation dans les autres pays.
Elle collaborera avec les Etats membres, les gouvernements, les acteurs régionaux et internationaux tels que l’Union africaine et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEOA), le secteur privé et la société civile, y compris les ONG, ainsi que les institutions spécialisées, les fonds et programmes et autres entités du système des Nations Unies, dont l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) qui a déjà élaboré une « feuille de route ».
« Il n’y avait aucun risque de chevauchement. La riposte doit être multipliée par 24 pour espérer y faire face le plus rapidement possible », a rassuré le chef de cabinet du Secrétaire général, Mme Susana Malcorra, face à ce foisonnement d’acteurs.
Après que le représentant de l’Union européenne se soit alarmé du « nombre des victimes (qui) double toutes les trois semaines », le président de la Cinquième Commission a souligné qu’« on déplore 80 morts chaque jour ».
Frantisek Ruzicka (Slovaquie) a aussi rappelé que « l’OMS estime à 600 millions de dollars les moyens nécessaires pour maîtriser l’épidémie ».
Appel du PNUD à « agir pour éviter un effondrement économique régional »
Le directeur du bureau du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) pour la politique et les programmes de soutien, qui a entamé lundi 06 octobre 2014 une visite de 10 jours dans les pays les plus touchés par l'épidémie d'Ebola (Guinée, Sierra Leone et Libéria), a estimé qu'« il faut tout faire pour que cette crise sanitaire ne devienne pas une crise socio-économique régionale ».
« Cette crise sanitaire dévastatrice détruit des vies et des communautés. Elle porte également atteinte aux économies nationales, détruisant les moyens de subsistance et les services de base, et elle pourrait anéantir des années d'efforts pour stabiliser l'Afrique de l'Ouest », a déclaré Magdy Martinez-Soliman.
« Alors que nous travaillons ensemble pour mettre fin à l'épidémie, il est maintenant temps de s'assurer que ces pays puissent également continuer de fonctionner et rapidement se remettre sur pieds », a-t-il insisté.
La Guinée, le Libéria et la Sierra Leone, qui souffrent déjà des plus bas niveaux de développement humain dans le monde, avaient pourtant émergé d'années de guerre civile et d'instabilité politique et avaient commencé à faire des progrès encourageants.
« La croissance du PIB en Guinée, en Sierra Leone et au Libéria a diminué de 2 à 3%. Ces pays devraient perdre au total 13 milliards de dollars, à cause notamment des salaires perdus et de la baisse de productivité dus à l'épidémie. L'épidémie a également un impact sur les services sociaux dans la région. En Guinée, les écoles primaires et secondaires et les universités sont fermées. Au Libéria, la couverture vaccinale a diminué de 50% au cours des premiers mois de l'épidémie », constate l’ONU.
Relevant également que « la sécurité alimentaire a également été touchée, avec moins d'hommes et de femmes capables de planter et de récolter », elle note qu’« en conséquence, le prix du riz a augmenté d'au moins 30% en Sierra Leone et la production nationale de riz est déjà en baisse de 10% en Guinée ».
« Le monde doit stopper Ebola maintenant »
« Le monde peut et doit stopper Ebola, maintenant », a déclaré mardi 07 octobre 2014 le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon lors d’une réunion de haut niveau qui s’est tenue en marge de la 69ème session de Assemblée générale, à New York.
Il a demandé instamment aux Etats membres de « venir activement en aide aux peuples de la Guinée, du Libéria et de la Sierra-Leone qui font directement face à l’épidémie d’Ebola, la plus importante et mortelle que le monde ait connue ».
La réunion, marquée par la participation de la Directrice générale de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), Mme Margaret Chan, du président de la Banque mondiale, Jim Kim, et du président des Etats-Unis, Barack Obama, a été l’occasion de faire le point sur la situation en Afrique de l’Ouest et de mobiliser la communauté internationale.
« Sur ce dernier point, l’Union européenne et ses États membres, le Japon, la Chine et le Timor-Leste ont fait d’importantes annonces de contributions financières. M. Ban a assuré que le système de l’ONU dans son ensemble était à pied d’œuvre pour aider les pays les plus touchés à venir à bout d’Ebola », rapporte le service de communication des Nations Unies.
Le Secrétaire général de l’ONU a indiqué que « l’OMS et la Banque mondiale, la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL) ainsi que les institutions spécialisées, Fonds et Programmes des Nations Unies fournissent une assistance dans la région depuis des mois ».
Ayant rappelé, auparavant, qu’« Ebola fait rage, tuant chaque jour plus de 200 personnes, les deux tiers des victimes étant des femmes », Ban Ki-moon a précisé que la Mission des Nations Unies pour l’action d’urgence contre l’Ebola, dirigée par son Représentant spécial Anthony Banbury, aurait pour « tâche principale d’appuyer les efforts de prévention à travers toute la région ».
« Chaque jour, chaque minute compte », a souligné avec gravité la Directrice générale de OMS, en insistant sur la nécessité d’adjoindre aux centres de traitement une fourniture de soins respectueuse des réalités culturelles locales.
« Dans un monde humain, nous ne pouvons laisser les peuples d’Afrique de l’Ouest souffrir autant », a souligné Mme Margaret Chan.
Nombreuses contributions financières
M. Jim Kim, a annoncé que la Banque mondiale, qui a « approuvé et décaissé 105 millions USD il y a 9 jours », demeure engagée à « allouer un total de 40 millions USD à la riposte contre Ebola ».
En outre, il a rappelé « les prévisions alarmistes de United States Centers for Disease Control and Prevention selon lesquelles un million de personnes au Libéria et en Sierra Leone pourraient être infectées d’ici à la fin de l’année, provoquant en outre un effacement des impressionnants gains de productivité réalisés ces dernières années par l’Afrique ». « Ce qui est en jeu, c’est rien moins que l’effondrement du continent », a-t-il prévenu.
« L’épidémie d’Ebola est plus qu’une crise sanitaire. Elle est une menace croissante à la sécurité régionale et globale », a affirmé le président américain Barack Obama.
Constatant qu’au Libéria, en Guinée et en Sierra Leone les systèmes de santé se sont effondrés, il a noté que si l’économie de ces mêmes pays continuait à ralentir au rythme actuel, c’est la région tout entière qui courrait à la catastrophe humanitaire. « Il est dans l’intérêt de tous de stopper Ebola », s’est-il inquiété.
Selon le service de communication de l’ONU, « M. Obama a interpellé les Etats membres en les exhortant à mettre d’urgence à disposition davantage de services aériens, de matériel d’évacuation médicale, de docteurs ou encore de traitements ».
Le président américain a soutenu qu’« agir vite pourrait faire la différence entre 10, 20 ou 30 000 morts et des centaines, voire des millions de victimes ».
S’agissant des annonces de contributions, l’Union européenne, par la voix du Président de sa Commission a promis 30 millions d’euros d’aide humanitaire.
« L’Union européenne est mobilisée depuis les premières phases de la crise et a déjà largement contribué à l’effort commun », a rappelé José Manuel Barroso qui a précisé qu’« avec ce don supplémentaire de 30 millions, l’Union européenne avait déjà contribué à hauteur de près de 150 millions d’euros ».
Il a toutefois signalé que « le financement n’est pas tout, l’essentiel devant être de garantir que l’aide humanitaire parvienne jusqu’aux zones les plus touchées. « Nous devons isoler la maladie, et non pas les pays ».
En ce qui le concerne, le ministre français des Affaires étrangères a réaffirmé « la détermination de la France à être au rendez-vous de la lutte contre Ebola » et déclaré que la France consacrerait 70 millions d’euros à l’effort global.
« Ebola n’est pas qu’une épidémie, c’est une catastrophe », a averti Laurent Fabius, en rappelant « l’attachement de la France aux pays touchés » et le fait que « ce sont des instituts français de recherche médicale qui ont identifié les premiers la maladie ».
De son côté, le Sous-Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères du Royaume-Uni, James Duddridge, , a assuré que les contributions de son pays « atteignent 160 millions de dollars ».
Pour sa part, le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a affirmé que son pays a « déjà fait don de 25 millions d’euros à l’UNICEF et à des ONG œuvrant sur le terrain ».
Son homologue de la République de Corée, Yun Byung-se, a dévoilé que son gouvernement a, pour l’heure, « alloué 5 millions de dollars à la riposte contre Ebola ».
Enfin, le ministre des Affaires étrangères de la Chine a indiqué qu’à ce stade, son pays a versé près de 40 millions de dollars d’aide pour le financement de la lutte contre l’épidémie.