Mouvement hip hop : une réalité vestimentaire à Kinshasa
Les artistes hip hop expriment les vibrations de la rue
Le hip hop est indexé par certains mélomanes de la musique comme un mouvement des jeunes branchés. Ceux-ci sortent des sentiers de Ndombolo. Contrairement à la rumba congolaise ou musique typiquement dominante du terroir, le hip hop est plutôt engagé et original par ses sonorités qui captent les vibrations des rues de Kinshasa. Ce mouvement hip hop gagne de plus en plus les rues de Kinshasa et à désormais une histoire. Sa musique est plus urbaine. Elle s’inspire des vibrations des rues des quartiers de la bourgeoisie congolaise aux ghettos. Le hip hop dans son approche artistique est une combinaison d’expression musicale, corporelle et picturale. Ce cocktail débouche un mouvement hip hop typiquement congolais.
A travers les artères de Kinshasa, côté vestimentaire, là ou se tiennent des concerts et autres meeting des stars de hip hop, les jeunes ont une manière particulière de s’habiller. Ils sont en look décontracté, des pantalons ou des culottes blues jeans amples, en taille basse, voire même très basse, avec ou sans ceinture, dévoilant peu le sous-vêtement par derrière. Toujours dans ce registre, ils ont une manière toute particulière d’enfiler leurs pantalons jeans, les coutures de l’entre-jambes restent suspendues. Du point de vue expression corporelle, les jeunes branchés ont une manière particulière de marcher. Ils balancent avec une certaine lourdeur leurs bras. Ils gesticulent de leurs mains aux rythmes des tempos de leurs baladeurs. Plongés dans leurs lunettes pas de contact, certains arborent des casquettes de baseball, le plus souvent disproportionné à la grandeur de leurs têtes. Et d’autres se coiffent des tresses comme des rasta men. Si les cheveux ne sont pas tressés ou même perlés comme ceux du pape du reggae Bob Marley, ils sont teintés ou en minuscules boucles, ce qu’on appelle à Kinshasa les « locks ».
Côté artistique, le hip-hop congolais jette un pont entre les vibrations des salons huppés de la ville et celles des quartiers chauds de la capitale. C’est un mélange d’inspiration entre les jeunes branchés qui vivent dans la bourgeoisie locale et ceux des ghettos qui apportent l’originalité, la connotation engagée. Dans la plupart de cas de jeunes gens marginalisés expriment leurs plaidoyers à travers un mode d’expression engagé. Ces rappeurs dégagent une énergie et un dynamisme qui sont manifestement un message qu’ils communiquent à leur entourage immédiat, au public, au mieux à la société. Leur message, disent-ils, c’est la liberté, l’indépendance et la revendication des droits fondamentaux en faveur des jeunes ainsi que des exclus. Qu’ils soient noirs ou blancs, homme ou femme, les musiciens et chanteurs du rap ressemblent, de par leur manière d’être, aux membres d’un même ordre mondial.
(Saint Hervé M’Buy)