Deux acteurs politiques se sont déjà signalés dans le dossier de la fosse commune de Maluku. Il s’agit du Vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur, Evariste Boshab, et du ministre provincial de Kinshasa chargé du Budget, du Plan, des Travaux Publics et des Infrastructures, Robert Luzolanu. S’il y a un mérite à leur reconnaître, c’est d’avoir accepté de mettre à la disposition du public des informations susceptibles d’aider à l’éclatement de la vérité.
Au regard des réactions internes et externes que suscitent des bilans macabres de nature à donner des sueurs froides à plus d’une famille kinoise, tous ceux qui sont proches du dossier au niveau du gouvernement central, du parlement national, du gouvernement provincial, du parquet général de la République, feraient œuvre utile en persistant dans la voie de la transparence.
Car, au stade actuel, tous les regards sont braqués vers le Palais du peuple, où Evariste Boshab est appelé à éclairer la lanterne de l’Assemblée Nationale dans les tout prochains jours, de même que vers l’Hôtel de Ville de Kinshasa, où Robert Luzolanu a considéré les enterrements collectifs comme une pratique courante dans les annales de l’administration urbaine.
Les chiffres des mort-nés, des indigents morts et des morts abandonnés, tous jusque-là non identifiés et sans adresses connues, appellent de larges explications, à compléter naturellement par des enquêtes indépendantes.
Les autorités nationales et kinoises, qui semblent disposées à ne rien cachet, bien qu’une certaine opacité ait couvert le tableau des opérations d’inhumation, ont désormais la lourde responsabilité de ne pas creuser davantage le fossé de la méfiance qui a apparu entre elles et l’opinion tant nationale qu’internationale. Mais, il a été noté, dans les différentes réactions, que personne n’oser aller trop vite en besogne. Tout le monde semble animé du souci de voir éclater la vérité à partir des investigations du terrain.
Par conséquent, toutes les dispositions devraient être prises pour mettre en place une commission d’enquête réellement indépendante. Comme souhaité par certains partenaires étrangers et des observateurs nationaux, le site de Maluku où reposent depuis plus de deux semaines les corps de 421 compatriotes ainsi que les autres sites où se trouveraient les 524 corps inhumés au cours de l’année 2014 devrait bénéficier d’une haute protection, afin qu’il ne soit pas souillé.
Si cette précaution est prise et respectée, aucune obstruction ne devrait être faite, le moment venu, contre le travail des enquêteurs. li est sûr et certain qu’à un moment donné, ils seraient amenés à recueillir des témoignages des responsables politiques, des experts de la police scientifique, de la médecine légale, des agents de la morgue de l’Hôpital général de Référence de Kinshasa, des fonctionnaires de l’Hôtel de ville, des conducteurs des corbillards, des employés du cimetière « Fula-fula » de Maluku, etc.
L’attitude la plus coopérative possible devrait être observée du côté des autorités nationales et locales congolaises, afin de ne pas éveiller des soupçons sur leurs éventuelles velléités de tripatouillage de la vérité. Laisser parler les faits et les preuves devrait être le maître mot du côté du gouvernement congolais et de l’Hôtel de Ville de Kinshasa. Car, au moindre accroc, la porte serait largement ouverte aux spéculations de toutes sortes, de nature à accréditer la thèse de l’existence d’un ou plusieurs charniers dans la périphérie de Kinshasa.
Par Kimp