Union Sacrée : Une loyauté dans la tempête (Tribune de Steve Mbikayi)

Samedi 9 août 2025 - 09:49
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La publication du Gouvernement Suminwa II a fait naître chez certains l’ivresse des honneurs, et chez d’autres la frustration des attentes déçues.

Parmi les critiques formulées, on reproche au Chef de l’État d’avoir reconduit  les mêmes visages, alors  qu’il avait promis, devant la Nation, une équipe réduite de moins de cinquante membres. Or, le gouvernement en compte aujourd’hui cinquante-trois.

D’aucuns y voient une contradiction, d’autres un choix assumé. Celui de privilégier l’équilibre interne à la stricte discipline des chiffres.

Le Président a voulu apaiser les tensions en contentant les regroupements politiques disposant de députés à l’AN. Il a voulu préserver la stabilité, cimenter la cohésion, maintenir une majorité solide face aux défis qui s’annoncent.

Mais cette volonté de satisfaire toujours la même dynastie pendant tout son règne a eu un coût . Elle écarte certains compagnons . Ceux qui ont soutenu le Président dès sa prise de pouvoir et dans les heures sombres, lorsque Goma et Bukavu tombaient, lorsque le doute rongeait les esprits, lorsque la tempête médiatique battait son plein. Ceux-là, aujourd’hui, ne sont pas seulement oubliés. Ils sont devenus, aux yeux de l’opinion nationale, la risée publique, les naïfs d’une loyauté sans réciprocité.

Oui, l faut assumer cette humiliation. Porter sans la renier, l’image de ces alliés fidèles qui, au bout du compte sont constamment repoussés. Il faut l’assumer au nom de la constance, au nom de la patrie. Il faut continuer à soutenir la République. Dénoncer l’agression. Ne jamais pactiser avec le diable. Mais de l’intérieur, comme toujours, avoir le courage de dénoncer le mal quand c’est nécessaire. Malversations et dépassements budgétaires chroniques…

L’histoire politique de notre pays regorge d’exemples d’hommes  qui, déçus de ne pas avoir obtenu une place, ont tourné casaque, franchi la ligne de l’opposition la plus féroce, parfois même rejoint ceux qui ont pris les armes contre la République. Certains se sont retrouvés dans les bras de l’agresseur. Des trahisons qui ont fragilisé l’État et renforcé l’ennemi de la mère patrie. Erreur.

Déceptions ou pas, il ne faut jamais empiéter la voie de la trahison de la nation au nom des ambitions personnelles.

Ne  jamais suivre ce chemin.
Ni la frustration due à l’indifférence ni les moqueries, ni les humiliations ne sauraient  faire oublier que l’intérêt du Congo est plus grand que des  ambitions personnelles. La loyauté est un serment silencieux envers son pays, un serment qui se mesure dans la durée, surtout dans l’épreuve.

Nous aurions souhaité que le Président allie deux critères. récompenser les forces parlementaires indispensables, mais aussi reconnaître ceux qui ont été des piliers politiques, des éclaireurs dans les moments d’orage. Ce choix aurait montré qu’en politique , la fidélité compte autant que le poids électoral.

Le Chef de l’État a choisi une autre voie. Celle d’aller à la conquête de ceux qui le contestent, négligeant et repoussant ceux qui le soutiennent. C’est son droit. C’est aussi sa responsabilité devant l’histoire.

Malgré tout, il faut rester debout.
Debout face aux sarcasmes.
Debout face aux moqueries.
Debout face aux épreuves.

Le problème,ce n’est pas les leaders rejetés. Les décennies de travail vérifiable  et de progrès graduels  ont mis certains en bonne position sociale. Que dire de leurs disciples, ces fidèles déçus qui ne comptent que sur le positionnement des chefs de leurs partis pour exister ?

À eux nous demandons de tenir bon. L’ humiliation et la déception ne doivent pas avoir raison de leur engagement, de leur patriotisme.

Déclarer tout haut sa déception, c’est dire non à l’hypocrisie. Rester fidèle et critique comme toujours. Si c’est le prix à payer, il faut l’accepter . Continuer à afficher loyauté et indépendance d’esprit quel qu’en soit le prix. C’est une marque déposée. Notre particularité.

Tribune de Steve Mbikayi, député National