Le doute qui planait sur la poursuite du procès contre Germain Katanga devant la Haute cour militaire, vient d’être enfin levé. Saisis en son temps par les autorités congolaises, à travers des correspondances du ministre de la Justice, les responsables de la CPI ont donné leur position, confortant les préoccupations des dirigeants congolais de ne pas faire le lit de l’impunité pour les seigneurs de guerre de l’Est.
Si les seigneurs de guerre s’attendaient à être blanchis à travers des accords arrachés lors des négociations de paix avec le gouvernement, les opérations DDRR, et par l’amnistie pour faits de guerre, les populations locales, elles, parmi lesquelles se recrutent des victimes, réclament à cor et à cri que des châtiments exemplaires soient infligés à leurs bourreaux et les rescapés de massacres exigent réparation. Cette équation à plusieurs inconnues triture quotidiennement les méninges des autorités congolaises.
En effet, après avoir livré un échantillon de chefs de groupes armés à la Cour pénale internationale, les autorités congolaises avaient cru dissuader leurs hommes à renoncer à leurs activités insurrectionnelles au prix de la paix, en invitant ces derniers à se constituer en partis politiques pour défendre par voie démocratique, leurs revendications politiques. Fidèle à ses engagements, le gouvernement a octroyé des grades et des fonctions à certains miliciens qui ont eu le privilège d’être logés et nourris à Kinshasa, comme des princes. La série allait certainement se poursuivre, n’eûssent été les attaques et crimes de populations enregistrés dans certains villages et territoires. Compte tenu de la fourberie des seigneurs de guerre dont les hommes gardent encore jusqu’aujourd’hui, leurs positions dans leurs différents fiefs, ainsi que leurs armements, le gouvernement a fini par renoncer à l’option de pactiser avec les groupes Maï-Maï.
La justice militaire s’est alors chargée d’enquêter sur les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et autres perpétrés par les forces négatives à l’Est de la RDC. Car, il fallait en finir avec l’impunité des chefs miliciens qui mettaient la paix en péril, continuant à commettre des exactions sur les populations et narguant les Fardc.
Le général-major Munkutu Tim a enquêté sur de nombreux crimes commis en Ituri
Au cours de l’audience de la Haute cour militaire où il avait siégé comme officier du ministère public, le général-major Munkutu Kiyana Tim avait rappelé que conformément à son article premier, le Statut de Rome reconnait que la CPI est complémentaire de cours nationales. Et il a prévenu qu’aucune disposition du Statut de Rome ne devrait interprétée pour faire échapper aux prévenus, des poursuites judiciaires. Car, la CPI ne vise pas l’impunité.
L’OMP a fait savoir qu’avant son transfert à la CPI, Germain Katanga, Goda Sukpa, Kakwavu et autres étaient invités à Kinshasa par le gouvernement pour des négociations de paix. Ils étaient hébergés dans un hôtel de luxe comme des princes. Placés dans un régime qui leur permettait d’actionner leurs réseaux en Ituri et ailleurs, les seigneurs de guerre ne se sont pas tous convertis et n’avaient pas renoncé à leurs razzias dans des villages.
Le général-major Munkutu Kiyana Tim a par la suite, clarifié la situation, en soutenant que les poursuites judiciaires contre Germain Katanga ne commencent pas avec son retour en RDC. Il estime qu’il est de bonne politique criminelle que Germain Katanga Simba réponde des faits graves dont il se serait rendu coupable, tels que crimes de guerre et crimes contre l’humanité à Bogoro, Jumbe et autres coins de l’Ituri.
Il a été évoqué une correspondance échangée entre les autorités congolaises et les responsables de la CPI, dans laquelle le ministre de la Justice, rebondissant sur les points de droit évoqués par l’Auditorat général des Fardc, a dit sa détermination à traquer tous les seigneurs de guerre et à enquêter sur tous les crimes de guerre et tous les crimes contre l’humanité. Objectif poursuivi, en finir avec l’impunité, prêcher par l’exemple de la sanction sévère, et aider les victimes à rentrer dans leurs droits par la réparation des préjudices qu’elles auraient subis.
Aujourd’hui, les responsables de la CPI ont fait droit aux attentes des autorités congolaises. Et le procès contre le général Germain Katanga pourra se poursuivre prochainement dans la sérénité devant la Haute cour militaire.
J.R.T.