Deux personnes ont été tuées, seize autres blessées dont 9 graves et environ 131 maisons brûlées au cours d’un affrontement qui a opposé les deux groupements du territoire de Dibaya (District de la Lulua) au Kasaï Occidental (centre de RD Congo), le vendredi 10 juillet 2015.
Il s’agit d’un conflit champêtre qui dure depuis plus de deux décennies entre le groupement de Bakuakalume et celui de Bakuatshikonga qui a dégénéré récemment en conflit ethnique au cours d’un affrontement meurtrier à l’issue duquel on a enregistré, de part et d’autre, la mort d’une femme de 36 ans et d’un jeune homme de 17 ans, brûlé vif.
Selon le ministre provincial de l’Intérieur et de la Sécurité, Faustin Kambala Ilunga qui a livré ce bilan, « 16 autres personnes ont été blessées par balle et 9 d’entre elles sont dans un état critique ».
« Elles sont acheminées à l’hôpital de Tshikaji à Kananga, où elles suivent des soins appropriés. 131 maisons ont été brûlées dont 87 du côté de Bakuakalume et 44 du côté de Bakuatshikonga », a-t-il précisé.
Il a indiqué que la femme « victime » appartenait au secteur de Dibatayi, dans le groupement de Bakuatshikonga, et le jeune homme, au secteur de Kamuandu (groupement de Bakuakalume).
Les civils se sont servis de leurs armes « calibre 12 », de fabrication locale destinées à la chasse, pour se régler des comptes. Ce qui a provoqué ce nombre important de blessés.
Chronologie des faits
Tout est parti d’un conflit champêtre où les deux groupements affirmaient être propriétaires d’une galerie longeant la rivière Katoka. Le contentieux entre les deux parties a été déjà tranché par le Tribunal territorial qui avait procédé au tracé des limites qui séparent les deux groupements. En son temps, la décision du juge avait été contestée par l’une des parties.
Alors, les protagonistes s’étaient réunis au sein de leurs mutualités avec l’appui de tous les chefs coutumiers de Dibaya. Ils auraient, à l’issue de cette réunion, signé un accord qui aurait été remis en cause par l’une des parties. Car, selon les contestataires, cet accord prévoyait l’octroi d’une portion de leur terre à la partie adverse. C’est cela qui serait la pomme de discorde.
Tireur de ficelles
Certaines sources locales affirment cependant que l’affaire est politisée et que les tireurs des ficelles seraient ailleurs. Ils accusent, notamment, le ministre provincial des Finances, William Kazumba, et la secrétaire exécutive du gouvernement provincial, Bakanseka Tshiyoyo, d’avoir « mis de l’huile au feu dans une affaire qui avait pourtant été bien tranchée par le tribunal ».
A en croire la même source, ces deux personnalités, appartenant à cette circonscription électorale, auraient intoxiqué - « pour des ambitions politiques » - la communauté Bakuakalume pour qu’elle s’attaque à celle de Bakuatshikonga.
« Ce que je sais c’est qu’avant mon passage, la notabilité de Dibaya s’était réunie en son sein et le ministre provincial des finances ainsi que la secrétaire Bakanseka y avaient pris part pas comme membres du gouvernement provincial mais, comme notables de Dibaya », a confié Faustin Kambala.
Il a souligné que « c’est dans ce cadre qu’ils y sont descendus et y ont assisté comme invités à cet échange et, à l’issue de celui-ci, lorsque l’acte a été signé, ils n’étaient pas là ».
En dépit d’un calme relatif rétabli samedi soir par la police après la descente à Dibaya du ministre Kambala, la psychose domine les populations locales tandis que la situation reste tendue.
« J’ai tenu à rapprocher les chefs des deux groupements. A l’issue de la réunion, ils sont arrivés à un compromis sur la partie de terre qui les divise et ont signé un protocole d’accord. En présence des notables, les deux chefs se sont réconciliés », a rassuré le ministre provincial. Pour lui, « si cette réconciliation est sincère, cela favoriserait l’harmonie entre les deux communautés ».
Il a affirmé que quelques commanditaires ont été arrêtés à sa descente sur terrain et sont acheminés à Kananga. « Mais, les enquêtes se poursuivent. Car, ce sont des faits qui méritent un travail de fond pour mettre hors d’état de nuire les personnes impliquées », a-t-il fait remarquer.
Une source de Bakuatshikonga se demande pourquoi les autorités attendent toujours qu’il y ait mort d’hommes avant d’intervenir. « Cette situation mérite une solution durable et nous la suivons de près. Le gouvernement central est aussi invité à s’enquérir pour éviter de telles tensions pendant cette période préélectorale », estime-t-elle.
En définitive, les deux groupements se trouvant dans deux secteurs différents, les « frontières » de ces derniers devraient constituer automatiquement leurs limites.