Lorsque la capitale d’en face est déstabilisée, c’est sa sœur de l’autre rive du fleuve qui est toujours la première à en subir les contrecoups sur le plan sécuritaire et humanitaire.
* En plus, le même contexte préélectoral pourrait renforcer le phénomène de deux vases communicants.
Brazzaville était hier en quasi-insurrection. A 5 jours de la date fixée par le pouvoir de Denis Sassou Ngouesso pour le referendum constitutionnel, la ville s’est embrasée. La population est descendue dans la rue manifestant bruyamment en brûlant des pneus pour s’opposer à ce qu’elle qualifie de 3ème mandat du Président congolais.
Brazaville est sous les feux des manifestants qui jurent d’aller au bout pour empêcher ce qu’ils estiment être un coup d’Etat constitutionnel perpétré par Denis Sassou, au pouvoir depuis 30 ans. Par le passé, Brazzaville a connu de dures épreuves jusqu’à la guerre civile de 1997 qui a envoyé plusieurs obus dans la ville voisine de Kinshasa.
Ce qui veut dire que ce qui se passe à Brazzaville est intimement lié à Kinshasa sur bien des plans et vice-versa. Quand on éternue à Brazzaville, on le ressent à Kinshasa. Les deux capitales les plus proches du monde sont connectées à une sorte de vase-communiquant.
Ce qui fait que tout embrasement de Brazzaville concerne Kinshasa à divers titres. D’où dans la capitale de la RDC, on ne doit pas rester insensible à des troubles qui peuvent secouer Brazzaville comme l’embrasement qui a commencé hier.
Lorsque Brazzaville est déstabilisée, c’est sa sœur Kinshasa qui est toujours la première à en subir les contrecoups sur le plan sécuritaire et humanitaire. Très souvent la guerre se prolonge à Kinshasa et le flux des refugiés qui en découlent. La preuve est donnée en 1997, lors de la guerre de l’AFDL contre le pouvoir du Maréchal Mobutu.
Avant la chute de Kinshasa, on a enregistré un important mouvement des populations kinoises traversant le pool-Malebo pour aller se mettre à l’abri à Brazzaville. Des milliers de RD-Congolais ont fait ce déplacement vers Brazzaville la verte devenue leur lieu sûr de refuge où ils se sentent sécurisés.
MOUVEMENT MASSIF HUMANITAIRE DE LA POPULATION VERS KINSHASA
Survient la guerre civile qui chasse Pascal Lissouba du pouvoir pour réinstaller Denis Sassou Nguesso. Mouvement massif inverse de la population vers Kinshasa, devenue un lieu sûr de refuge. Sur le plan militaire, lors de cette guerre civile du Congo-Brazzaville, plusieurs obus tirés de Brazzaville sont tombés à Kinshasa où ils ont fait d’importants dégâts humains et matériels.
Toute guerre à Brazzaville la verte a des effets néfastes à Kinshasa, la belle. A Kinshasa, c’est donc une obligation de suivre de près la situation de Brazzaville qui peut très vite virer au pourrissement comme on l’a vu par le passé.
D’autant que le contexte politique de débat sur des révisions de la Constitution ou des changements de Constitutions est le même dans les deux pays. Au Congo-Brazzaville, Denis Sassou Ngouesso a mis en marche la machine du referendum qui intervient en principe dans les cinq jours. Tandis qu’à Kinshasa, l’Opposition soupçonne le Pouvoir de préparer un 3ème mandat sous forme du "glissement " au délai constitutionnel.
A la différence de son homologue d’en face, le Président rd congolais s’est jamais prononcé pour une révision de la Constitution ou la tenue d’un referendum pour une nouvelle Constitution.
La crise à Brazzaville doit intéresser au plus haut point les Congolais de Kinshasa qui ne sont pas à l’abri des effets contagion quand on sait qu’il s’agit bien d’un même peuple, avec la même culture et qui vit presque les mêmes réalités politiques. KANDOLO M.