La réussite de la dédollarisation nécessite une prise de conscience

Mercredi 2 décembre 2015 - 13:57

L‘économie congolaise a besoin de têtes pensantes pour bien se développer.

La dédollarisation de l’économie congolaise décrétée depuis quelques années en RDC doit cesser de demeurer un simple slogan. Elle doit effectivement s’appliquer sur toute l’étendue de la République afin de donner «un nouveau souffle » à l’économie nationale. Pour y arriver, gouvernants comme gouvernés doivent mettre la main à la pâte. Les efforts doivent ainsi être conjugués pour réussir cette importante réforme du gouvernement appuyée et soutenue par l’institut d’émission.

En décidant que les prix de tous les articles soient affichés en monnaie nationale, le gouvernement, à travers le ministère de l’Economie, a vu juste.

 

Un spécialiste du droit des affaires abordé à ce sujet a renseigné que la République démocratique du Congo risque de mettre plusieurs années avant de dédollariser son économie. Pour cause, l’Etat autorise que des comptes bancaires soient ouverts en monnaies étrangères. Evoquant un principe de droit financier, il a fait comprendre que le fait que « le Franc congolais ne soit pas convertible » n’ouvre pas la voie à la dédollarisation. Pour lui, l’économie congolaise n’est pas structurée. Ce qui rend une fois de plus la tâche difficile.

 

Sur le terrain, il se remarque un grand fossé entre le discours tenu par les gouvernants et les faits. A ce jour, l’on s’aperçoit que nous faisons surplace. Même le gouvernement qui est censé prêcher par l’exemple enfreint la loi. Il fixe et affiche le prix du billet d’avion de la compagnie nationale d’aviation en dollars américains. Les frais scolaires et les frais académiques sont aussi fixés en monnaies étrangères dans des institutions publiques comme privées. Le prix des produits pétroliers sont aussi fixés en dollars américains. Certaines taxes de l’Etat sont également payées en dollars américains.

 

A la Banque centrale du Congo (BCC), l’on annonce que depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle réglementation de change, l’institut d’émission ne cesse de sensibiliser différents agents économiques au bien-fondé des réformes contenues dans cet «ensemble des dispositions édictées qui régissent les transactions en monnaies étrangères à l’intérieur du pays et celles entre la RDC et le reste du monde ». La politique monétaire de la Banque centrale du Congo fixe les coefficients de la réserve obligatoire à 8% et 7% sur les dépôts en devises à vue et à terme ainsi qu’à 5% et 0% pour les dépôts en monnaie nationale à vue et à terme. Toutes ces mesures, rassure-t-on, vise à lutter contre la dollarisation de l’économie congolaise.

 

DESCENTE AUX ENFERS

 

Pour mettre fin à ce comportement  dollariste, le gouvernement doit sensibiliser correctement l’opinion nationale quant à ce. Parmi les publics visées, l’on doit privilégier les chambres de commerce, l’élite et autres. D’autres spécialistes estiment que tant qu’il continue à exister des intouchables et des privilégiés dans la répression, il faut s’attendre à un fiasco. « Tant que les autorités politiques continueront à se promener avec du cash en monnaies étrangères dans leurs poches, la situation n‘ira que de mal en pis », a fustigé un expert. Le prix du billet d’avion de la compagnie nationale d’aviation comme dans des compagnies privées doivent être fixés en Franc congolais tel que la loi le dispose.

 

D’autres experts interrogés considèrent que le décret-loi 004 /2001 du 31janvier 2001 autorisant la libre circulation du franc congolais et des devises étrangères sur le territoire national est « contraire à l’article 170 de la Constitution de la troisième République. Lequel, établit le Franc congolais comme la seule monnaie ayant cours légal dans tout le pays ». Et pour cette raison, ils pensent qu’« il convient de respecter la Constitution du pays, en attendant que ces dispositions constitutionnelles puissent être modifiées ».

 

« La dollarisation appauvrit la RDC au profit des Etats-Unis d’Amérique (USA) et favorise le blanchiment d’argent sale. Les revenus de seigneuriage reviennent logiquement à l’émetteur de la monnaie en circulation dans un pays », soutiennent d’autres experts. Or, poursuivent-Ils, les revenus de seigneuriage sur les dollars circulant en RDC ne reviennent ni à la Banque centrale du Congo ni à la RDC, mais plutôt à la Réserve fédérale des Etats-Unis d’Amérique (Banque centrale américaine), qui en est l’émetteur.

 

Par Olivier KAFORO