La traque des « Kuluna » en cravate commence

Mercredi 24 juin 2015 - 08:11

Par le biais de son Conseiller spécial, le chef de l’Etat congolais a déposé, hier, sa première plainte contre les détourneurs au Parquet général de la République.
Finie la recréation, avait déclaré Joseph Kabila, lors d’un discours à la Nation. Ce message visait à interpeller les criminels en col blanc, communément appelés « Kuluna en cravate », qui s’illustraient haut et fort par des actes de détournements de deniers publics. Mais, cette phrase sensibilisatrice est passée dansl’opinion comme un simple slogan. Car, plusieurs actes de corruption continuent à être décriés dans divers secteurs de la vie congolaise, sans que la sanction ne puisse suivre. Ce " moratoire irrégulier " a trop perduré. Vient à présent l’heure de la sanction.

Hier mardi 23 juin, le chef de l’Etat Joseph Kabila a déposé sa première plainte contre la corruption, le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. C’est son conseiller spécial chargé de la bonne gouvernance, de la lutte contre la corruption, du blanchiment des capitaux et du financement du terrorisme, le Pr Luzolo Bambi Lesa, qui a remis cette déposition au Parquet général de la République.
Selon Luzolo Bambi Lesa, plusieurs dénonciations formulées par les particuliers, dont s’est approprié le président de la République, concernent que détournements des deniers publics et la corruption presque dans tous les secteurs de la vie nationale.

Pour cet ancien ministre de la justice et des droits humains, Joseph Kabila vient d’accomplir sa part de responsabilité. Il ne reste qu’à la justice de faire son travail. Luzolo Bambi n’a pas, cependant, cité les présumés auteurs de ces actes délictueux.

A travers cette plainte du premier citoyen congolais, des observateurs estiment que les présumés auteurs n’échapperont pas à la sanction une fois que leurs responsabilités seront établies, au terme d’un jugement coulé en force de chose jugée. Mais, on n’en n’est pas encore là car, le parquet doit d’abord instruire le dossier, réunir les éléments de preuve, avant de le soumettre aux cours et tribunaux. Cette fois-ci, pense Emmanuel Luzolo, la justice ne sera pas instrumentalisée par les puissances économiques, qui seront face au numéro un du pays, garant du bon fonctionnement de toutes les institutions de la République. Et cela va également de l’avenir de la RDC, qui veut à tout prix voir son enveloppe budgétaire augmenter, en vue de faire face à la charge sociale, qui ne cesse d’accroitre.

15 MILLIARDS USD ECHAPPENT AU TRESOR
D’après le rapport du conseiller du chef de l’Etat en matière de la bonne gouvernance, la RDC est ruinée par une fraude fiscale, évaluée à 15 milliards de dollars américains par an, alors que son budget atteint difficilement les cinq milliards USD en ressources propres. Un paradoxe dénoncé par Luzolo Bambi, au mois de mai dernier. Et le pays est mal coté sur l’échiquier mondial, en matière de corruption. La RDC occupe la 154ème place sur 174 pays parmi les plus corrompus.

La corruption, qui est devenue endémique, nécessite des mesures drastiques pour l’éradiquer. Dès son entrée en fonction au mois de mars dernier, Luzolo Bambi avait souligné que la victime de la corruption, c’est la population. "Le financement du terrorisme et le blanchiment des capitaux, c’est quand on voit le danger du terrorisme aujourd’hui et l’expression du blanchiment des capitaux en termes d’infrastructures et d’immeubles à travers la ville. Tout ce que nous dénonçons aboutit à la paupérisation de la population", avait-il déclaré.

Sans donner plus de précisions sur la manière dont s’organisent ces fraudes et détournements, Luzolo Bambi a souligné la nécessité d’adresser désormais toutes les plaintes contre la corruption et détournement des deniers publics, à l’adresse mail:[email protected]" Tout Congolais a le pouvoir de dénoncer les infractions, corruptions et autres. Tout congolais peut déposer plainte. C’est pourquoi, on met en place une nouvelle adresse mail pour tous ", avait-il expliqué. MOLINA