Le deuxième forum économique ouvre des perspectives nouvelles

Vendredi 26 juin 2015 - 11:49

Plus de cinq cent personnes ont pris part à la deuxième édition du Forum économique du Nord-Kivu, organisé à l’hôtel Cap Kivu, à Corna du 3 au 6 juin 2015 sur le thème Paix, amélioration du climat des affaires et relance économique. Ces assises ont été ouvertes par le Ministre d’Etat à la Décentralisation et Affaires Coutumières, Mr Salomon Banamuhere, à côté de qui ce trouvaient le Ministre National de l’Economie, Bahati Lukwebo, la Vice-Ministre de l‘Energie, Mme Magy Rwakabuba, le Gouverneur de Province, Julien Paluku Kahongya, le Vice-gouverneur du Katanga, Guibert Paul Yav Tshibal, quelques députés nationaux et provinciaux.

L’on notait également la présence de plusieurs délégations étrangères venues du Kenya, de l‘Ethiopie, de l’Erythrée, du Canada, du Mali, des Etats-Unis, du Sud-Soudan et des pays limitrophes, notamment l’Ouganda et le Rwanda.

Plusieurs opérateurs économiques regroupés dans la FEC, des ONG, des agences internationales et des agences du système des Nations Unies, des hommes d’affaires venus de Kinshasa, d’Europe et d’Asie ont participé aussi à ces travaux.

Circonscrivant le cadre de ces travaux, Mme Marie Shematsi, Ministre Provinciale du Plan, Budget, Information et Presse, a indiqué différents objectifs du Forum, entre autres, d’examiner les stratégies pour soutenir les efforts du Gouvernement provincial en vue du développement. Pour la Ministre, la croissance économique est un défi à relever dans différents secteurs porteurs de potentialités à explorer qu’il faudra identifier.

Douze exposés ont été présentés par des spécialistes. Ces exposés ont relevé les opportunités et les perspectives d’avenir de chaque secteur. Il s’agit des exposés suivants : la consolidation de la paix et relance économique dans la Province du Nord-Kivu, les opportunités d’affaires, amélioration du climat des affaires, l’agriculture, l’élevage et la pêche, l’industrie et l’énergie, le tourisme., la protection des ressources naturelles et de l’environnement pour un développement durable, les ressources forestières, les infrastructures routières le commerce transfrontalier et les possibilités locales pour le financement des projets d’investissement, etc.

Une autopsie scientifique des secteurs

Les différents intervenants se sont livrés à une analyse approfondie des problèmes qui se posent à chaque secteur d’activité avant de présenter les défis, les forces et es opportunités d’investissement.

Le Président de la Fédération des Entreprises du Congo, F.E.C, Mr Sengoma Mwanza s stigmatisé le déficit énergétique non favorable au développement de l’industrie bien que le Nord-Kivu regorge d’un potentiel important en ressources énergétiques. Il a aussi parlé de l’accès difficile à ces ressources énergétiques.

A en croire l’orateur, à la base de ce déficit d’énergie, se trouvent naturellement la guerre, la fiscalité contraignante et les tracasseries administratives. Pis est, la fourniture en courant électrique aux entreprises locales est de plus épisodiques.
Face à cette situation, l’assistance s’est insurgée contre les fréquentes coupures du courant produit par la centrale de Ruzizi et Ruzizi II. Si le Rwanda et le Burundi sont régulièrement alimentés en énergie électrique, les provinces congolaises du Nord-Kivu et du Sud-Kivu en sont régulièrement privées.

Il a été démontré qu’il n’y a pas de développement sans énergie. Par la suite des exposés sur le tourisme et les ressources forestières ont ému l’assistance au regard des destructions causées par des conflits armés, le braconnage et la pression démographique constatée. Pourtant, ont révélé lés orateurs, le parc national des Virunga représente un potentiel touristique énorme, avec 700 emplois directs et 1200 emplois indirects, 40 produits vendables dont des mammifères des éléphants, des Okapis, des serpents et des essences précieuses, des gorilles, des chimpanzés et une activité halieutique assez remarquable :15000 tonnes de poissons produites chaque année. Cependant, les ressources naturelles quoique abondantes sont sous exploitées pour l’intérêt public.

Le secteur agricole délaissé

Le Nord-Kivu n’est pas seulement une région touristique et minière, mais aussi une région agricole. Mais le secteur de l’agriculture, de la pêche et de l’élevage ne semble plus préoccuper une large partie de la population rurale condamnée â la déshérence. Plus de deux millions de déplacés internes à la suite des guerres à répétition et des conflits récurrents entre groupes armés antagonistes.

Le haricot, la pomme de terre, la banane, la viande de bœuf produit au Nord-Kivu inondaient les marchés de Kinshasa, des Provinces voisines et des pays voisins. C’était une réalité à une certaine époque où régn8ient la paix et la tranquillité. Depuis 1990, cela était resté un sou venir.

La production de la banane a’ connu une régression depuis 10 ans suite au Wllt bactérien, pendant ce temps, le riz et le maïs reprennent de l’ascenseur à la suite de. la mécanisation et du programme de modernisation du secteur agricole.

Le gouvernement provincial a lancé depuis 2009 une campagne agricole qui porte déjà des fruits. Si bien que l’exportation de différents produits agricoles : tels que le cacao, le quinquina, le café, la papaïne et la vanille a repris depuis cinq ans.

Des espoirs sont permis

Le virus de la guerre et des conflits armés a également infecté la production minière, a indiqué Mr Aloys Tegera, Directeur de Pole Institute.

L’orateur a ajouté que la mort lente du secteur minier a entraîné des conséquences socio-économiques et politiques dramatiques dans la Province depuis les années 90, année où avait éclaté la guerre de la Magrivi suivie de sa cohorte de destruction. Ensuite, l’embargo qui a par la suite, frappé les minerais dits de sang est venu complexifier davantage l’équation.

Désœuvrée, la jeunesse s’est laissée happer par des groupes armés qui sont nés comme des champignons, après les années 1994, 1996, 1998, etc.

Si la paix est rétablie, les différents secteurs d’activités reprendront effectivement vie, a souhaité l’assistance. Cela est aussi vrai pour le secteur de financement des projets porteurs de potentialités d’investissement par les banques installées et opérationnelles au Nord-Kivu. Les banques, a-t-on indiqué, jouent un rôle important d’intermédiation financière dans le financement de l’économie; mais “ l’argent craint les bruits des bottes “, a-t-on rappelé aux décideurs politiques.

Les opérateurs banquiers quant à eux, demandent expressément au gouvernement de combattre la forte dollarisation de l’économie, l’encadrement efficient du secteur informel prépondérant et d’alléger les contraintes réglementaires concernant le transfert sortant et entrant des fonds.

Chaque exposé présenté était suivi d’une série de questions qui traduisaient l’intérêt pour le domaine en question. Les travaux en carrefours qui ont suivi ont débouché sur des résolutions et recommandations, lesquelles ont attiré l’attention des investisseurs présents à la manifestation.

Une idée lumineuse qui suscite admiration et émulation

La seconde édition du Forum économique du Nord-Kivu, mieux que la première édition organisée du 9 au 13 novembre 2010 à Goma, a pu dégager beaucoup d’opportunités d’investissement et de potentialités à explorer pour le développement de la Province du Nord-Kivu.

L’organisation de ce Forum a ouvert des perspectives d’un avenir assez enchanteur et a vivement impressionné le Gouverneur du Sud-Kivu, Marcelin Cishambo, qui a promis de convoquer des assises du genre dans les prochains mois à Bukavu. Il n’a pas tari d’éloges à l’égard de se collègue Julien Paluku Kahongya dont « l’idée lumineuse » a réussi à mettre d’accord différents opérateurs économiques et des investisseurs tant nationaux qu’étrangers qui semblent prêts à se bousculer au portillon.

D’ailleurs, la Directrice pays du Pnud en R.D.C. a solennellement promis de mobiliser des investisseurs et s’est engagée à soutenir la mise en œuvre des stratégies pour la mobilisation de ces potentiels investisseurs. Promesses analogues tenues par la RE.C qui a laissé entendre sa volonté de créer des emplois pour “. booster” l’industrie et la croissance économique de la Province.

Le plus heureux à l’issue de ces assises de Goma était le Gouverneur de Province, Julien Pluku Kahongya pour qui, le Forum de Goma a atteint tous les objectifs lui assignés par l’organisateur qu’est le gouvernement provincial. “ Désormais, a annoncé l’autorité provinciale, le Forum se tiendra chaque année “. Annonce qui a suscité une salve d’applaudissements. Et pour joindre l’utile à l’agréable’, le Gouverneur a invité ses hôtes dont le Ministre d’Etat Salomon Banamuhere a une randonnée sur le lac Kivu.

Par Albert Sumaili pene Ndjadi.