Le procès d’Hissène Habré renforce la justice en Afrique

Mardi 21 juillet 2015 - 09:25

C’est « au nom de l’Afrique » que l’ex-président tchadien Hissène Habré est jugé à Dakar, et devant des juges sénégalais et burkinabés qu’il doit répondre de torture et de crimes contre l’humanité commis durant sa dictature (1982-1990). Exilé au Sénégal après avoir été renversé, il aura été le héros involontaire d’une longue saga judiciaire. Déboutées par la justice sénégalaise, les victimes s’étaient tournées vers la Belgique au titre d’une loi lui donnant compétence pour juger les auteurs de crimes de masse commis hors de son territoire. En 2005, Bruxelles émettait un premier mandat d’arrêt contre l’ex-chef d’Etat, contraignant le Sénégal et l’Union africaine à s’emparer de l’affaire pour ne pas avoir à livrer un des leurs.

A l’heure où s’ouvre le procès, lundi 20 juillet, l’enjeu dépasse largement les frontières du Tchad et du Sénégal pour s’inscrire dans le contexte d’une fronde de l’Union africaine contre la justice universelle et la Cour pénale internationale (CPI) d’un côté, et la longue route du continent dans sa lutte contre l’impunité. C’est pour contrer la Belgique que l’Union africaine avait donné sa caution au jugement d’Habré à Dakar à une époque où les lois de compétence universelle, dont se sont dotés de nombreux pays européens, entraînaient les premiers remous diplomatiques. En 2009, un juge espagnol délivrait quarante mandats d’arrêt contre des membres clés du régime rwandais, pour génocide et crimes contre l’humanité commis en République démocratique du Congo (RDC) entre 1990 et 2002.

Alors que ces mandats d’arrêt semblaient...

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