Sans justifier ce qui s’est passé, mais lorsque l’on gratte, les folles journées émaillées des pillages les 19 et 20 janvier à Kinshasa sont aussi un message fort à l’endroit de la classe dirigeante. Ces pillages et autres casses enregistrés ces jours sont l’œuvre des jeunes dont la plupart n’ont pas d’autres alternatives que la rue. Sans emplois, sans perspectives, ils représentent une bombe à retardement. A laquelle il faut vite apporter une réponse si l’on veut que la bonne trajectoire prise par le pays, aux termes des réformes courageuses, attire effectivement les investisseurs internationaux. Si rien n’est fait en faveur de l’emploi de ces jeunes, on risque d’assister à une catastrophe dans le pays.
La population de la RD Congo est composée à majorité de jeunes dont l’âge est inférieur à 30 ans et qui, malheureusement, sont presque tous en chômage. Et n’ont d’autres perspectives que la rue. Ces jeunes gens peuplent les quartiers populaires de la capitale congolaise et n’attendent que la moindre occasion pour s’illustrer par des actes de pillages et autres casses. Du camp Luka, dans la commune de Ngaliema, à Kingasani dans la commune de Kimbanseke, en passant par Ngaba et Makala, on les trouve par dizaine de milliers.
Selon des sources qualifiées, si rien n’est fait en faveur de l’emploi de ces jeunes, on risque d’assister à une catastrophe, car ces jeunes constituent une bombe à retardement.
Les décideurs ont intérêt à réfléchir sur une croissance inclusive en investissant dans les jeunes. Plus précisément des politiques qui ouvrent de nouveaux horizons à une population à majorité jeune, mais en plein chômage de masse et exclue du partage de la richesse nationale. Les dirigeants doivent avoir à cœur l’autonomisation de ces jeunes pour leur participation aux efforts de développement du pays. Car si on les laisse à la marge, ce sera toujours des casses. Comme on l’a vécu les 19 et 20 janvier. Ce qui est un très mauvais signal pour les investisseurs que tente de séduire le Gouvernement congolais.
Depuis son avènement, le Premier ministre Matata Ponyo, sous le leadership du chef de l’Etat Joseph Kabila, sillonne le monde, multiplie des contacts avec les capitaines d’industrie, les représentants du secteur privé, avec un seul message : « venez investir en RD Congo ».
CLIMAT DES AFFAIRES ASSAINI
Le chef du Gouvernement congolais ne manque pas d’arguments lorsqu’il s’agit d’appuyer cette vision par des faits et des chiffres. En effet, les réformes entreprises pour améliorer le climat des affaires se traduisent par des progrès notables. Pour créer une entreprise en RDC, il fallait payer plus de 3500 dollars, compter 155 jours minimum et accomplir 13 formalités auprès de différents ministères et administrations publiques. Depuis la mise en place, en avril 2013, d’un Guichet unique de création d’entreprise, le délai est limité à trois jours, frais réduits à 120 dollars pour les entreprises et 40 dollars pour les établissements individuels.
Pour lutter contre l’insécurité juridique et judiciaire et renforcer la protection des investissements, la RDC a adhéré à l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (OHADA). Pour renforcer ce dispositif, des tribunaux de commerce sont installés progressivement dans tout le pays, et à l’heure actuelle, ils existent déjà dans les principales villes du pays.
La RDC, l’un des géants d’Afrique fait tout pour séduire et attirer les investisseurs. Or promouvoir la RDC comme destination des affaires ne peut pas rimer avec des actes des razzias dont ont été victimes les commerçants chinois.
Didier KEBONGO