L’adoption éclair de la loi sur la répartition des sièges par circonscription électoral pour les élections locales et municipales lors de la singulièrement brève plénière du mardi 11 août 2015 à la Chambre Haute du parlement, a provoqué la levée des boucliers du côté des acteurs de l’Opposition contre le président du Sénat, Léon Kengo wa Dondo.
Après les groupes politiques de l’Opposition présents au Sénat, qui ont exprimé, sans mettre des gants, leur désaccord avec le speaker de leur chambre dans une lettre datée du mardi 11 août 2015 et signée par les Sénateurs Ramazani Baya et Mokonda Bonza, les membres de la « Dynamique Politique Congolaise pour l’Unité d’Actions de l’Opposition Politique Congolaise » viennent d’enfoncer le clou, en donnant un carton rouge à « l’homme de la rigueur ».
Dans une déclaration politique lue hier par le modérateur de cette Dynamique, Mwenze Kongolo, ancien ministre de l’Intérieur puis de la Justice sous le règne de Mzee Laurent Désiré Kabila (1997-2001), au siège de l’UNC (Union pour la Nation congolaise) sur l’avenue de l’Enseignement, dans la commune de Kasa-Vubu, en présence de ses pairs, les acteurs de l’Opposition ne sont pas allés avec le dos de la cuillère pour fustiger le comportement, qu’ils jugent léger, de Léon Kengo.
A leurs yeux, l’homme qui a battu le record de mandats de Premier ministre (1983-1986 ; 1989-1990 et 1994-1997) sous le régime du Maréchal Mobutu, est en réalité à son « deuxième forfait, après avoir introduit par la fenêtre, en janvier 2011, le projet de loi de révision constitutionnelle qui a supprimé le deuxième tour des élections présidentielles, facilitant le hold up électoral de 2011 ».
« En récidivant avec sa décision de convoquer le Sénat en une deuxième session extraordinaire, monsieur Kengo s’est totalement disqualifié et est désormais répertorié comme l’un des responsables de tout ce qui adviendra demain du fait de cette provocation », ont martelé les sociétaires de l’opposition, avant d’appeler le peuple congolais à l’éveil pour prendre en mains son destin.
Les membres de la Dynamique se sont dits « consternés après avoir suivi le spectacle pour le moins rocambolesque et cocasse, du vote opéré par les sénateurs de la Majorité de la loi portant sur la répartition des sièges pour les élections urbaines, municipales et locales ».
Pour les acteurs de l’opposition, « cette session extraordinaire du 11 août 2015 a été convoquée en violation des articles 116 de la Constitution et 75 du règlement intérieur des lois de la République surtout que cette fameuse loi a transformé ce qui devrait être une loi en annexe à la loi électorale du 12 février 2015, en une loi autonome, faisant de celle-ci, un objet juridique non identifié », ont-ils clamé.
Eu égard à tout ce qui précède, l’opposition ne doute plus qu’au travers du vote par le Sénat de la loi sur la répartition des sièges, la majorité au pouvoir a pris en otage les institutions de la République, mettant ainsi le pays en danger, aux fins de conforter sa démarche tendant à réaliser son Coup d’Etat constitutionnel et obtenir son glissement tant recherché.
Tout en faisant constater qu’après les événements du 19 et 25 janvier, les caciques de la majorité se comportent en « récidivistes impénitents », en choisissant, une fois de plus, la voie de confrontation avec le peuple, les acteurs de l’opposition ont réaffirmé leur attachement à la constitution que le pouvoir en place ne fait que violer et rappellent au peuple l’article 64 de cette loi fondamentale qui l’autorise à mettre hors d’état de nuire « tout individu ou groupe d’individus qui prend le pouvoir par la force ou qui l’exerce en violation de la Constitution ».
Par ERIC WEMBA