L’Union Européenne s’en mêle. Dialogue : Gouvernement et Opposition sous forte pression !

Mercredi 3 août 2016 - 06:51
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Après une semaine fortement agitée politiquement, Kinshasa retrouve son calme habituel. Hier,  mardi 2 août, on en était encore à commenter les manifestations croisées organisées par la Majorité au pouvoir et les opposants au régime du Président Kabila. L’heure est maintenant aux réactions. Des appels à la raison se multiplient pour que le Dialogue ait lieu avec la participation de tous. Le Gouvernement et l’Opposition doivent poser des gestes de dégel. 

L’Union Européenne, qui a suivi de près le meeting MP du 29 juillet au stade Tata Raphaël, ainsi que les deux manifestations de l’Opposition, apprécie la manière dont ces activités politiques se sont déroulées. Il est, certes, vrai que la Majorité Présidentielle, qui revendique 60 à 80.000 manifestants, avait déployé de gros moyens. André-Alain Atundu, le Porte-parole de la MP, dans une conférence de presse post-événement, a reconnu que sa famille dispose d’importantes ressources financières et matérielles pour la réussite de leurs activités politiques. Il a raison. Le vendredi 29 juillet, plus de 160 bus Transco étaient mobilisés pour transporter les manifestants sur les lieux du meeting. Il y avait bien plus que ça. Les opposants, de leur côté, se sont également mobilisés en masses d’abord,  le 27 juillet pour accueillir leur leader Etienne Tshisekedi, de retour de Bruxelles après environ deux ans d’absence au pays. Les uns parlent de plusieurs dizaines de milliers de personnes ayant réservé un accueil chaleureux à Tshisekedi, d’autres évoquent des centaines de milliers. Les opposants sont revenus à la charge,  le 31 juillet. Une fois de plus, ils ont démontré qu’ils peuvent mobiliser la rue. L’idée, ici, n’est pas de se lancer dans une guerre des chiffres. Le faire serait, d’ailleurs,  ridicule.

Ça suffit, place au Dialogue

Pendant que les politiciens congolais, de tous bords, se targuent d’avoir mobilisé une partie de la population de Kinshasa, se préoccupant peu de la faiblesse de l’esprit militant ou de l’adhésion du peuple à leurs thèses, l’Union Européenne a publié, mardi 2 août 2016, une déclaration rappelant toutes les parties concernées par le processus électoral rd-congolais à la raison.  La partie gouvernementale et l’Opposition sont invitées à créer les conditions nécessaires pour démarrer, le plus rapidement, le Dialogue.

Kodjo, son sort presque réglé

Une réunion du Groupe de soutien à la Facilitation du Dialogue est prévue pour jeudi 4 août. Plusieurs observateurs et éditorialistes évoquent ouvertement l’hypothèse d’un départ d’Edem Kodjo qui serait remplacé par un ancien Chef d’Etat africain, démocrate convaincu. Le nom de l’ancien Président malien, Alpha Oumar Konaré apparait dans les milieux diplomatiques. Il a l’avantage de mieux connaître la situation sociopolitique  en RDC et il a l’étoffe. Il connaît également mieux les différents acteurs politiques du pays. Entre 2005 et 2006, il s’était personnellement impliqué pour relancer le processus électoral déjà en panne à l’époque. Il n’y a rien d’officiel et Edem Kodjo croit encore en ses chances. Le 29 juillet dernier, dans un communiqué de presse, Kodjo a tenté de reprendre la main en ajournant  son calendrier du Dialogue à la base de sa récusation par le Rassemblement des opposants dirigé par Etienne Tshisekedi. Le diplomate togolais officialisait le report de l’ouverture des travaux du Comité Préparatoire, initialement prévue le 30 juillet 2016, dans le but de permettre à tous les acteurs de prendre leurs dispositions pour que la grande famille des participants au Dialogue soit au grand complet. Le Dialogue restant, à ses yeux, l’unique cadre devant permettre de trouver une solution consensuelle à la situation politique qui prévaut en RDC. Pour Etienne Tshisekedi et ses alliés, le repenti de Kodjo arrive tard, le mal étant déjà fait. Par ailleurs, il est curieux de constater que depuis que Tshisekedi a décidé d’ignorer Kodjo comme Facilitateur, seule la Présidente de la Commission de l’UA, Mme Nkosazana  Zuma, lui a réaffirmé un soutien inconditionnel. Un détail important, l’ex-épouse du Président Jacob Zuma n’a pas la cote dans les milieux  des opposants congolais qui l’accusent de partialité. Une réputation d’affairiste qui colle à sa peau depuis qu’elle gérait la diplomatie de son pays, l’Afrique du Sud. On peut se tromper. Mais, quand l’Union Européenne ne fait aucune allusion à Kodjo en pleine tourmente, c’est significatif. Une chose est vraie. Le Dialogue congolais a besoin d’un Facilitateur international neutre. Peu importe qu’il s’appelle Jean, Marc, Pierre ou Anuarite.

La Pros.