MIBA : un partenariat avec des privés conseillé pour sa relance

Lundi 30 novembre 2015 - 13:03

La situation de précarité actuelle de la MIBA (Minière de Bakwanga) préoccupe de nombreux fils et filles du Grand Kasaï qui tiennent à voir cette société publique retrouver sa bonne santé d’antan. Dans cette perspective, une séance d’échange a été tenue entre un expert en droit minier, Maître Mukendi, et plusieurs observateurs qui suivent de près la situation de cette entreprise d’Etat disposant d’importantes concessions dans le Grand Kasaï.

 

A ce sujet, la délégation syndicale de la MIBA s’oppose, dans une déclaration faite le 11 novembre dernier, à l’émiettement de la concession de la MIBA. Elle estime que l’émiettement risquerait d’entraîner la faillite de l’entreprise. Par contre, l‘ONG « Dynamique pour l’unité et le développement du Kasaï-Oriental» (DUDKOR) propose la création de petites entreprises minières, selon le modèle de la Gécamines (Générale des carrières des mines), pour relancer la MIBA.

 

Devant cette situation, certains spécialistes estiment que le gouvernement devra exécuter «le plan d’urgence de la relance de la MIBA» qui est bien connu, et dont le coût s’élève à 9 millions de dollars américains.

 

C’est à ce niveau que Me Ken Mukendi, expert en droit minier, est intervenu pour relever les difficultés actuelles de l’Etat congolais qui, selon lui, n’a pas de moyens à mettre à la disposition de la MIBA pour sa relance. C’est pourquoi il a encouragé une lecture d’approche exacte de la situation de la MIBA.

 

Mais avant, il a proposé une solution à un double niveau. La première solution est celle de principe, où la société aurait ses propriétaires que sont les associés. Par rapport à la MIBA, il y a deux associés, l’Etat qui est majoritaire avec 80% de parts sociales et la CIBEKA, deuxième associée.

 

Maître Mukendi estime que la solution de principe voudrait que les associés mettent de l’argent à la disposition de la société pour sa relance.

 

La deuxième solution, selon l’expert, est palliative. A défaut de moyens, il préconise une technique d’autofinancement qui voudrait que la MIBA puisse recourir à certaines de ses concessions.

 

Il a, en outre, expliqué que, dans le contexte actuel de crise où se trouve la MIBA, cette politique de s’ouvrir à un partenariat avec des tiers n’est pas mauvaise. « Mais dans la vision à court terme, pour le maintien et la sécurisation de la production, il faut aller dans le contrat d’amodiation », a enchainé l’expert, insistant sur la nécessité de bien finaliser ce contrat, de définir correctement le taux de loyers et de solliciter aussi la présence de l’exécutif MIBA auprès des amodiants pour soutenir correctement la production journalière, surtout que la politique d’amodiation tire son fondement dans le code minier.

 

Il a donc parlé d’un processus, dans la mesure où le financement de l’Etat ou des investisseurs étrangers sont toujours attendus. A ce niveau d’investissements étrangers, sans la certification des gisements, les choses vont continuer à sombrer dans une situation de précarité. Pendant ce temps, on va continuer à comptabiliser des morts du côté de l’entreprise.

Raison pour laquelle, cet expert souscrit au schéma de partenariat avec des tiers, afin de permettre la relance de la MIBA. Cette option est soutenue aussi par le commissaire spécial, le dernier gouverneur du Kasaï Oriental avant le découpage territorial, Alphonse Ngoy Kasanji. Maitre Mukendi a encore soutenu que la MIBA pourrait ainsi mettre à la disposition des partenaires ayant un matelas financier certaines de ses concessions qu’elle n’a jamais exploitées.

 

Il faut rappeler que les concessions de la MIBA s’étalent sur les deux provinces du Kasaï, dans leur ancienne configuration. Ce sont des gigantesques concessions minières.

 

Ainsi, par rapport aux problèmes de la MIBA, attendre le financement de l’Etat, qui ne vient pas, représente non seulement un manque à gagner pour ces entreprises, mais aussi une charge supplémentaire pour ces concessions qu’elle n’exploite pas. C’est pourquoi, la solution devrait passer par un partenariat avec des privés disposants des capitaux frais, de manière à générer l’argent pouvant aider la MIBA à relancer ses activités. Pour ce qui est de permis d’exploitation situé dans ce que l’on appelle « polygone MIBA », cela devrait rester à la disposition de la MIBA pour lui permettre de continuer ses activités.

 

Par rapport à un spécialiste de l’audit qui soutient qu’il faudrait vendre les immeubles de la MIBA, Me Mukendi estime que ce n’est pas une solution en soi, car la MIBA a des bâtiments et des immeubles dans lesquels il loge les travailleurs qui, une fois ces derniers vendus, ne sauront où aller, alors qu’ils sont déjà dans une situation de précarité.

 

Pour lui, la deuxième option technique de céder des concessions à des partenaires avait déjà produit quelques fruits. Il y a des contrats que la MIBA vient de signer avec des partenaires, qui ont permis de juguler la grève qui s’annonçait à la MIBA.

 

Par ailleurs, l’état actuel de la MIBA nécessite une lecture exacte de la chose, mais n’est pas une fatalité. C’est plutôt une infirmité, selon lui. « La MIBA est en état de maladie qu’il faut guérir», a fait Me Mukendi. Cela nécessite, une fois de plus, des moyens pour la sortir de son état de malade. Il faut également relever que la MIBA a un gisement et une réserve avérés, mais- ne peut être éligible à un quelconque crédit de préfinancement, si elle n’a pas de certification sur sa dette.

 

Le juriste a soutenu que l’Etat congolais, avec son pouvoir régalien, est le seul qui peut sortir la MIBA de là où elle se trouve, Il faut donc des moyens pour exploiter ces gisements et générer les recettes pour sortir la MIBA du gouffre.

 

Par Lucien K.T.