L'artiste musicien Michelino Mavatiku Visi vient de rééditer, sous forme d'un CD, son album intitulé « Lebo-super HP » (Horse Power) sorti en 1985 format vinyle 33 T. Une œuvre de très haute facture artistique qui contient 4 titres : « Lebo », « Baby Amen », « Esala rien » et « Niama Nzoku ». Sa particularité tient du fait que l'auteur, connu pour ses talents de guitariste, devient chanteur. Il s'est confié à Lepotentielonline.com.
Lepotentielonline.com : Trente (30) ans après, comment vous est venue l'idée de remasteriser l'enregistrement original de l'album « Lebo-super HP » ?
Michelino Mavatiku Visi : Très franchement, ce n'est pas un calcul de ma part. L'Américain El Pollo Négro, créateur de playlists et collectionneur de disques de la musique africaine, avait eu l'ingénieuse idée de publier, en mars dernier, 2 titres de cet album format vinyle 33T sorti en 1985 après Lisanga ya Banganga.
Et comme je garde encore la bande originale de cet enregistrement ainsi que deux exemplaires de l'album, j'ai alors décidé de le rééditer à l'identique, mais sous forme d'un CD, en attendant la reproduction de toutes mes œuvres créées au sein du Festival des Maquisards, Afrisa international, T.P. OK Jazz et Makfé.
Cet album est imprimé format vinyle CD. Une première!
J'ai voulu garder son aspect ancien, « authentique », parce que le vinyle, c'est beau. C'est une première, et je m'en réjouis.
Vous avez souhaité chanter seul les 4 titres. Pourtant, les gens vous connaissent comme guitariste. Etes-vous devenu chanteur ou plutôt un choix délibéré de votre part ?
Je me définis comme un artiste musicien polyvalent. Je suis un guitariste, certes, mais la voix est le premier instrument que Dieu a doté l'homme pour communiquer.
N'oublions pas qu'au commencement était la parole... En fait, chanter n'était pas mon souhait. Parce que j'ai été choisi de faire partie de Lisanga ya Banganga, au même titre que Luambo Franco et Tabu Ley Rochereau, c'est-à-dire Michelino reconnu comme l'un des grands de la musique congolaise, cela n'a pas plu à certains de mes collègues jaloux de mon élévation.
A Kinshasa, les chanteurs ont fait savoir qu'ils avaient décidé de ne plus interpréter mes chansons. Je me suis donc jeté à l'eau, car je n'avais pas le choix.
Vous vous sentez à l'aise dans ce rôle de chanteur?
Bien sûr! C'est un talent caché que je possède. Le seigneur Tabu Ley, qui a interprété plusieurs de mes chansons, en savait quelque chose. Après que j'aie écrit mon texte et composer la musique, je chantais pour lui permettre de mieux s'imprégner de l'œuvre.
Si nous sérions restés ensemble, j'allais finir par faire un duo avec ce grand chanteur, à l'instar de Franco et Longomba. Nous l'avions d'ailleurs fait dans une chanson anonyme dédiée au feu président Bokassa de Centrafrique. Et dans "Ndaya paradis", il a bien chanté avec le guitariste Dechaud. Tabu Ley avait cette capacité rare de pouvoir chanter avec tout le monde.
En êtes-vous fier?
Je suis très fier. Pour moi, c'est un nouveau rôle qui me libère. Je n'ai rien à envier aux chanteurs qui ont des belles voix, même si la mienne reste celle d'un instrumentiste. Chanter, c'est pleurer pour soi. Et tout le monde ne pleure pas de la même façon. A chacun sa manière pour exprimer ses émotions.
Avez-vous le retour du public sur ce nouveau rôle de chanteur que vous souhaitez maintenant incarner?
Mon entourage a bien réagi parce qu'il sait combien j'en souffre. Maintenant que cette voix commence à être acceptée, ça fait du bien à tout le monde, moi le premier. C'est comme quand je suis passé de la guitare d'accompagnement à la guitare solo. Je ne doute point que le public va aimer.
Quelle est votre source d'inspiration?
C'est l'Eternel que je bénirai en tout temps, le générateur de pensées positives. Les 25% de mon inspiration viennent de lui, et les 75% de ma propre transpiration. La nature, la vie quotidienne, les faits sociétaux...Tout ça m'inspire. Et j 'écoute beaucoup notre musique et d'ailleurs.
Lorsqu'on lit les commentaires sur votre longue et riche carrière musicale sur les réseaux sociaux, en l'occurrence Facebook, les gens sont unanimes: vous êtes l'un des grands artistes qui aura marquer l'histoire de la musique congolaise. Comment réagissez-vous à ce compliment?
C'est un beau compliment. D'ailleurs, je remercie les internautes pour leur sympathie et leur marque de confiance. Cela me va droit au cœur. Je viens à peine d'ouvrir un compte Facebook, et je suis déjà submergé de messages de toutes sortes... On cite les titres de mes chansons, on me rappelle des anecdotes... Le public n'est pas dupe. Les anciens et les moins jeunes savent qui je suis et d'où je viens. J'ai gravi toutes les marches qui mènent à la célébrité. Certes, je n'ai jamais été décoré mais, comme l'a su bien le dire le célèbre écrivain et poète danois, Hans Christian Andersen, la reconnaissance est la mémoire du cœur. Tout y est dit.
« L'épuisement de la force n'est pas celui de la volonté » est votre assertion préférée. Pourquoi?
Avec la volonté, il n y a point de limites. Qui veut peut; et qui ose fait. Je suis un chanteur qui découvre sa voix en même temps que le public. Quand elle sera reconnue et adoptée, ça va changer la donne. Je suis confiant.
Un dernier mot?
J'exhorte mes fans à acheter cet album, voire par l'achat en ligne chez Amazon, Fnac, itunes, et dans tous les points de vente de la musique du monde, pour découvrir le nouveau Michelino. Sa sortie officielle est prévue à la rentrée, en septembre. Je suis là pour leur servir. Je l'ai fait et je continuerai à le faire jusqu'à mon dernier souffle.