Un ministre incorrigible : Kitebi, Matata obligé de le lacher, encore 300.000 usd detournés au mns

Vendredi 21 novembre 2014 - 09:25

Va-t-on assister à un rebondissement dans l’affaire qui oppose l’Opposition politique au ministre délégué aux finances, Patrice Kitebi, accusé de « détournement de 207 millions de CDF » (plus ou moins 220 .000 $) destinés au porte-parolat de l’Opposition? Tout le porte à croire avec le dépôt -par l’un des plus illustres députés nationaux, Franck Diongo- d’une question orale avec débat adressée à Kitebi, ce vendredi 21 novembre au Bureau de l’Assemblée nationale. Menacé il y a peu par une motion de défiance pour « détournement des crédits de l’Opposition », l’argentier national s’était tiré d’affaires grâce à la motion incidentielle du député Henry Thomas Lokondo (à qui on aurait graissé la patte) qui prétextait qu’il fallait d’abord attendre les conclusions du Rapport Ecofin sur la réédition des comptes 2013 de l’Etat. Et l’argument qui est revenu pour sauver le ministre des finances était que : il y avait « erreur d’imputation » dans cette affaire.

Après donc un bref répit, Patrice Kitebi est à nouveau chargé pour le même dossier mais cette fois-ci avec des éléments nouveaux que Franck Diongo à dénicher après une longue enquête à la Cour des comptes, au Mécanisme de Suivi et au ministère des finances (à la Chaine des dépenses) notamment. Pour le président du MLP, le détournement est plus important qu’annoncé car il porte, d’après ses recherches sur plus de 280 millions CDF (plus de 300.000$) au lieu de 207 millions CDF (220.000). Documents à l’appui, le Lumumbiste F. Diongo dénonce « la gravité de la mégestion » du ministre des finances. Pour Diongo, quand on dépense sans autorisation ou qu’on dépense plus qu’on est autorisé ce n’est ni plus ni moins qu’un « détournement ». Selon Franck Diongo, la Cour des comptes n’avait pas comptabilisé deux sommes importantes, 33 millions CDF (franc congolais) et 45 millions CDF, pourtant inscrites dans la chaine de la dépense et décaissées au titre de la Rubrique Opposition qui porte le numéro 93. La Cour des comptes n’a enregistré que le décaissement régulier d’une autre somme de 45 millions qui a un bon d’engagement et un ordre de paiement. Voir fac similé pages 3,4,5. Mais pour les deux montants ci haut, il n’y avait pas de bon d’engagement attesté par un PV. Moins encore un ordre de paiement. Raison pour laquelle la Cour des Comptes ne les a pas vus.
Toutes ses sommes, comptabilisées ou pas, selon le même document auraient atterri au MSN (Mécanisme de suivi que dirige l’ancien ministre du budget François Muamba). Mais chose grave, Franck qui est allé aussi fouiner du côté du MSN pour aller voir qui utilise cet argent, a trouvé un autre scandale.

Il découvre que ce Service public manque de tout notamment de véhicules de fonctions. Ni François Muamba son coordonnateur ni ses deux adjoints, personne n’a été doté d’un véhicule par l’Etat alors que le MSN a bénéficié de plus de 280 millions de CDF s’étonne Franck Diongo. Plus grave, la voiture qu’utilise François, a été donnée par Richard Muyez le ministre de l’Intérieur. Alors se demande Diongo où sont réellement passés les 280 millions CDF. Et dans ses recherches F. Diongo est tombé sur une correspondance adressée par le coordonnateur du MSN au Procureur Général de la République. Dans cette missive le coordonnateur du MSN se plaint de sa banque, BGFI bank, et d’un certain Noel Mbuya, dit « financier » du Comité exécutif du MSN qui refuse de lui donner des informations financières. Que cache ce refus ? Ne s’agit-il pas de l’argent public sur lequel la transparence doit prévaloir. Pour Diongo, il n’y a aucun doute, cette opacité dans la gestion du MSN cache un détournement. Diongo entend donc attaquer aussi bien François Muamba que Kitebi. Mais il va commencer par Kitebi avec la question orale qui doit aboutir nécessairement à une commission d’enquête parlementaire. Laquelle conduira forcément au MSN qui cacherait des cadavres dans le placard.

Sur la question de l’erreur de l’imputation qui excuse le ministre dans cette affaire, Diongo conteste cette erreur car selon lui elle a été répétée 8 fois. Quand on paie 8 fois il y a volonté délibérée de transgresser la loi budgétaire déclare F. Diongo. Il fallait un gestionnaire de crédit et un sous-gestionnaire de la Rubrique Opposition politique. En l’absence du porte-parole de l’Opposition il n’y a aucun gestionnaire désigné par l’Administration. Mais bizarrement il y avait un gestionnaire qui signait pour de l’argent non affecté constate Diongo.

Le président d MLP fustige, après avoir épluché une pile des documents officiels, « la mauvaise gestion des finances » du gouvernement Matata. D’après lui caractérisée notamment par des dépassements budgétaires excessifs et des exécutions des dépenses sans lignes de crédits notamment. F. Diongo en veut pour preuve la construction de l’hôtel du gouvernement sur Royal, le projet agricole de Bukanga-Lonzo dans le Bandundu et l’achat d’un lot de 200 bus par le gouvernement Matata. Toutes ses dépenses, assure Franck Diongo, n’avaient jamais été budgétisées. L’élu de Kinshasa dénonce aussi le mépris, par le ministre des finances, de la procédure de décaissements d’urgence. Oui il peut arriver que pour telle ou telle raison d’Etat que le gouvernement soit confronté à une dépense urgente non budgétisée, concède Franck Diongo.

Mais celle-ci doit suivre la procédure quant à ce martèle –t-il aussitôt. Et toutes les dépenses non budgétées doivent aboutir par une régularisation en bout de chaine qui est l’Assemblée nationale soutient Franck Diongo. Selon lui, c’est l’Assemblée nationale qui donne au gouvernement le droit de prélever les taxes et les impôts et c’est toujours la même Assemblée qui donne aussi l’autorisation de dépenser l’argent collecté. Les dépenses non autorisées par la Chambre basse doivent faire l’objet d’une régularisation par le gouvernement. Rien de tel n’a été fait alors que des dépenses extrabudgétaires abondent déplore Franck Diongo. Dans ses recherches, Diongo a trouvé un refus opposé au ministre des finances par le vice-premier ministre en charge du budget, Daniel Mukoko Samba. Mukoko motive son refus par l’absence d’un PV qui devait étayer la dépense d’urgence effectuée par Kitebi. Voir fac similé page. Pour Diongo, il ne faut pas faire attention à la modicité de la somme car il s’agit ici d’une question de principe. Et de de prévenir que si avec une « petite somme » il y a un tel dérapage qu’en est-il des sommes plus importantes dont on n’a pas connaissance s’interroge l’élu de la Lukunga. Pour toutes ses raisons, Franck Diongo veut voir le ministre des finances à l’Hémicycle le mercredi prochain lors du face à face gouvernement-Assemblée nationale pour répondre du « détournement de plus de 280 millions de franc congolais destinés à l’Opposition. Avec des telles charges, le premier ministre Matata Ponyo, champion de la bonne gouvernance , n’aura pas d’autres choix que de lâcher son ministre des finances.

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La lettre de Olivier Engundu au PGR

 

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