Moni Della – Lumbala : divorce consommé !

Vendredi 29 janvier 2016 - 12:59
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Le premier refuse catégoriquement de prendre part au dialogue, alors que le second pense le contraire. Dans ce cas, ce qui devait arriver arriva : la séparation. Moïse Moni Della quitte le Rassemblement des Congolais démocrates et nationalistes (RCDN) après 16 ans de lutte commune avec Roger Lumbala.

 

Au jardin de sa résidence à Ngaliema, Moïse Moni Della a le ton, un peu lourd, au début de son adresse devant la presse. Difficile d’annoncer la fin de l’histoire avec un parti qu’il a porté sur ses épaules depuis 16 ans. Mais, il fallait bien le faire. « A ce jour, la donne politique de l’heur a engendré les divergences majeures entre le Président de mon parti Roger Lumbala et le Secrétaire général que je suis, au sujet du dialogue dans sa conception, son organisation, sa crédibilité, son opportunité et sa finalité. A ce jour, j’affirme sans ambages qu’il y a rupture de contrat de confiance qui me liait au Président Roger Lumbala », a-t-il déclaré, Tasbih à la main.

Le désormais ancien secrétaire énéra1 du RCDN justifie sa décision par le souci de « mettre fin à la cacophonie au sommet du parti et éviter toute polémique inutile ». Par le fait même, il quitte également le SET (Soutien à Etienne Tshisekedi), plateforme créée en 2011 pour soutenir la candidature du président de l’UDPS à l’élection présidentielle, au sein de laquelle il assumait jusque-là les fonctions de coordonnateur en lieu et place de l’indisponible Lumbala. « J’ai décidé à ce jour de rendre le tablier et de me désengager du RCDN ainsi que de SET après m’avoir entretenu avec la base représentative et significative du parti, le mercredi 27 janvier 2016, à ma résidence », a-t-il expliqué. Une seule cause a donné lieu à ce divorce entre Moïse Moni Della et Roger Lumbala. A partir d’Europe où il est en exil politique après son adhésion au M23 en 2012, Roger Lumbala est favorable au dialogue national convoqué au pays par le président de la République. Alors qu’à Kinshasa, celui qui assurait son intérim à la tête du RCDN est catégoriquement opposé à ces assises qui, selon lui, ouvriraient la voie à un présidence à vie de Joseph Kabila. « Pour ma part, je considère le dialogue prôné pare, le Président Kabila et sa majorité factice et mécanique comme un boulevard pour le glissement qui va nous amener tout droit vers l’autoroute du référendum pour entreprendre ensuite un TGV pour le changement de la Constitution et enfin l’avion qui amènera M. Kabila de voler vers une destination d’une présidence à vie », ergote Moni Della qui, dans ses paroles, ne garde aucune rancune contre Roger Lumbala. Le dialogue pourrait être un moyen pour Roger Lumbala de regagner le pays, lui qui n’a pas bénéficié de l’amnistie du chef de 1’Etat accordé à certains anciens membres du M23. Ce que semble comprendre son nouveau ex-compagnon politique.

 

Pour la suite, Moni Della dit continuer son combat politique sans donner des détails sur ses nouveaux choix : « Je vais continuer mon combat politique pour le bien-être du peuple congolais, combat pour la défense de la démocratie, de la protection des droits dé l’Homme et de la nature. Combat pour lequel j’ai consenti plusieurs sacrifices depuis l’époque de Mobutu jusqu’au régime actuel en subissant des brimades, des humiliations, des tortures jusqu’à me renvoyer en exil, non pas parce que j’ai volé un bœuf ou un œuf mais parce que je me suis battu pour la liberté et les droits de l’homme. Donc de mon côté, il n’est pas question aujourd’hui de reculer et d’hésiter. » Un parti à l’accent écologiste est-il envisageable pour Moni Della? Le concerné, qui déclare de plus en plus son amour pour la protection de la nature, n’exclut pas cette hypothèse. En attendant, il prend un temps de réflexion et demande au peuple congolais de « vaincre la peur afin d’appliquer l’article 64 de la Constitution. Il invite également la communauté internationale de dépasser maintenant le stade des « simples déclarations» afin de pousser le régime actuel à organiser les élections dans le délai constitutionnel.

 

Par Katz