La plainte collective déposée le mardi 23 juin 2015 par le professeur Luzolo Bambi Lessa, conseiller spécial du chef de l’Etat en matière de lutte contre la corruption, le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme accapare toutes les conversations. Des fuites alimentent déjà la chronique. Sur la liste de Luzolo, l’on annonce de gros calibres. Ce n’est évidemment qu’un début. L‘on s’attend à un tsunami de forte amplitude. Que se passera-t-il lorsqu’il sonnera l’heure d’éventrer le boa ? Ce sera le tsunami !
L‘opération « mains propres» commence. C’est de cette manière que Le Potentiel a qualifié, dans son édition du jeudi 25 juin 2015, ce qui pourrait découler de la plainte déposée 48 heures auparavant, soit le mardi 23juin 2015 au Parquet général de la République, par le professeur Luzolo Bambi Lessa, dûment mandaté par le chef de l’Etat. Cette analyse a suscité un émoi dans l’opinion. Des réactions, on en a reçu de toutes parts.
Si certains hésitent sur la sincérité de la démarche, d’autres craignent que cette initiative ne se bute à un mur d’obstacles lorsqu’ il s’agira d’aborder le fond du problème. De toutes les façons, on n’est pas encore là.
Pour l’instant néanmoins, la plainte de Luzolo est encore en phase d’instruction, donc soumis « au secret de l’instruction ».
L’épopée ne fait que commencer. Quelle en sera l’ampleur ?
Difficile de le prédire. Toujours est-il que des personnalités, et non des moindres, vont sérieusement être bousculées. Dans la liste de Luzolo, l’on fait état de gros calibres qui se recrutent à différentes niveaux de la société. Les acteurs politiques, même ceux en fonction, ne sont pas épargnées. Ce qui alimente davantage la chronique. Qu’est-ce qui pourrait donc se cacher derrière la démarche amorcée par le chef de l’Etat ? C’est là où les Romains s’empoignèrent et firent mal.
LE GRAND DÉBALLAGE
La plainte de Luzolo tombe comme un couperet. On parle d’une liste qui approche la cinquantaine. Une bonne brochette pour une opération, censée susciter un nouvel élan dans l’assainissement des mœurs autour de la gestion de la chose publique.
Aux multiples questions que soulève cette plainte, il y a certainement des langues .qui vont bientôt se délier. Des révélations à venir présagent inévitablement l’existence d’autres pistes de recherche dans le sens de la lutte contre la corruption, le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. Ce qui ne devait pas empêcher que l’initiative se poursuive jusqu’au bout.
L’action ayant été lancée, il faut boire la coupe jusqu’à la lie. L’on devait donc s’attendre à des procès publics où rien ne devait être tenu au secret. L’instruction est secrète, mais les procès doivent être publics, parce qu’il faut donner à chacun le droit de se défendre et au peuple de juger de la crédibilité des verdis qui tomberont. Le peuple congolais est disposé tout connaître, lorsqu’il faudra éventrer le boa.
Au-delà des griefs portés à la connaissance du procureur général de la République par le professeur Luzolo, l’autre question qu’on semble éluder est celle portant sur l’enrichissement illicite. A ce niveau, tout le monde, nationaux et expatriés, est logé à la même enseigne. En effet, l’explosion immobilière de ces dernières années est le reflet de vastes réseaux maffieux qui se sont créés à travers la République.
Dans l’opinion, tout le monde plaide en faveur d’une deuxième plainte qui prendrait en compte tous les faits susceptibles d’être assimilés à l’enrichissement illicite. Cette plainte a l’avantage de prouver que derrière l’action de Luzolo, il n’y a pas de gens qui sont personnellement visés.
Pour l’instant, tout le monde est aux aguets. L’on attend donc plus que le moment opportun pour se jeter dans l’arène. Des Organisations non gouvernementales tant nationales et internationales sont à l’affût. C’est depuis longtemps qu’elles attendaient ce moment. Elles ont finalement l’occasion de mettre sur la place publique tous les actes délictueux commis sur le dos du peuple. Le temps du grand déballage a sonné.
A bien prendre, la période choisie, à l’approche des élections et de la recherche de la cohésion nationale pour des scrutins apaisés, risque de produire l’effet contraire. La seule plainte de Luzolo ne suffit pas pour mettre un terme au fléau de la corruption, qui a complètement gangrené la société congolaise. Bien au contraire, cette plainte risque d’ouvrir la boîte de Pandore, éclaboussant au-delà de la sphère projetée. Pire, elle aura du mal à se refermer de sitôt. De même, les noix de coco qui tombent d’un cocotier ne respectent pas toujours sa trajectoire de départ.
S’il avérait que la démarche ne viserait que de potentiels adversai.res politiques, en passant par la justice, l’efficacité ne sera pas au rendez-vous. En effet, cette action engagée n’épargnera personne d quelques, bords que ce soit. Personne ne sera épargné par ce tsunami qui se profile à l’horizon. Tous y passeront. Car en RDC, la corruption, le détournement des deniers publics, l’enrichissement illicite concernent les mieux placés sur l’échiquier de 1’Etat- des criminels à col blanc qui écument la sphère du pouvoir.
A ce stade, il faut seulement craindre que le chef de l’Etat ne st impliqué dans une démarche qui créera d’énormes dégâts ou se bornera à la recherche du sensationnel. Cette occasion, d’ailleurs attendue de l’opinion, doit viser à mettre un terme à la prédation opérée au vu et au su de tout le monde. Au grand dam du Trésor public. Cette machine de répression doit demeurer à la fois objective et impartiale.
La plainte du professeur Luzolo devra répondre à cette exigence d’équité. C’est l’espoir de toute une nation, pour garantir la stabilité et la paix à travers tout le pays.
Par LE POTENTIEL