Point d’Achèvement de l’initiative PPTE : Les « bailleurs » internes attendent un signal fort

Mercredi 29 juillet 2015 - 19:34

Depuis l’année 2010, la République du Congo est en parfaite harmonie avec les institutions de Breton Wood, principales gardiennes des intérêts de ses bailleurs de fonds extérieurs. En effet, avec l’atteinte du Point d’Achèvement de l’initiative PPTE (Pays Pauvres Très Endettés), marquée par l’effacement d’une large part de sa dette extérieure, elle est devenue très fréquentable dans les milieux des créanciers étatiques et privés de la haute finance internationale. Cette performance, faut-il le souligner, avait eu pour soubassement un effort spécial de remboursement de sa dette extérieure selon les échéanciers scrupuleusement respectés.

«Qui paie ses dettes, s’enrichit », dit un vieil adage. Les échos de l’atteinte du Point d’Achèvement de l’initiative PPTE n’ont pas échappé aux créanciers internes. Alors qu’ils pensaient qu’après avoir fait la paix avec ses créanciers extérieurs, le gouvernement congolais allait enfin se pencher sur leur contentieux financier, c’est toujours le brouillard, depuis cinq ans. Enfin, le dossier de la fameuse « dette intérieure » non payée remonte aux années Mobutu, plus précisément à la décennie’80.

L’ex-Zaïre, en programme d’ajustement structurel avec le Fond Monétaire International et la Banque Mondiale, avait momentanément mis une croix sur tous ses créanciers Internes, privilégiant des décaissements de fonds en faveur de l’extérieur. Ayant pris peur de la grogne populaire, Mobutu avait fait de l’anticipation en 1986, au cours d’un meeting populaire, et limogé «Qui paie ses dettes, s’enrichit », dit un vieil adage. Les échos de l’atteinte du Point d’Achèvement de l’initiative PPTE n’ont pas échappé aux créanciers internes. Alors qu’ils pensaient qu’après avoir fait la paix avec ses créanciers extérieurs, le gouvernement congolais allait enfin se pencher sur leur contentieux financier, c’est toujours le brouillard, depuis cinq ans. Enfin, le dossier de la fameuse « dette intérieure » non payée remonte aux années Mobutu, plus précisément à la décennie’80.

L’ex-Zaïre, en programme d’ajustement structurel avec le Fond Monétaire International et la Banque Mondiale, avait momentanément mis une croix sur tous ses créanciers Internes, privilégiant des décaissements de fonds en faveur de l’extérieur. Ayant pris peur de la grogne populaire, Mobutu avait fait de l’anticipation en 1986, au cours d’un meeting populaire, et limogé peu après le Premier Commissaire d’Etat, Kengo wa Dondo, sous prétexte que le « cheval » (ex-Zaïre) était fatigué », et qu’il avait besoin de repos, du sel et de l’eau pour reprendre ses forces. « On ne mange pas la rigueur », avait-il clamé à la ronde.
Mais, en dépit de la suspension du « Programme d’Ajustement Structurel », il était difficile à l’exécutif national, avec un budget gravitant autour de 300 millions de dollars américains, de dégager des ressources financières pour les créanciers internes.

Par conséquent, nombre d’entre eux faisaient le pied de grue du côté du bâtiment de l’Ogedep (Office de Gestion de la Dette Publique), dans l’espoir de décrocher un paiement. Plusieurs réseaux maffieux avaient germé autour de la « dette intérieure », proposant aux fournisseurs des biens et services à l’Etat des commissions allant jusqu’à 50%, en contrepartie du paiement de leurs dettes. Dans le passé, on a vu de têtes tomber autour de la dette intérieure, en raison de gros intérêts qui s’y bousculent.

Des opérations de certification à l’infini

De Mobutu Sese Seko à Joseph Kabila, en passant par Mzee Laurent Désiré Kabila, les opérations de certification de la dette intérieure ne se comptent plus. Dès que s’annoncent les rumeurs d’un règlement de ces litiges financiers par l’Etat, l’on assiste à l’émergence d’une multitude de « Commissions » de certification, où s’entredéchirent vrais-faux fournisseurs, entrepreneurs, bailleurs immobiliers, prestataires d’actes médicaux, transporteurs, hôteliers, restaurateurs, personnels politiques d’appoint, etc.

C’est à chacun de rappeler sa déclaration de créance sur l’Etat et d’exhiber les documents justificatifs. Dans cette sorte de foire aux cancres, il est souvent difficile de faire la différence entre les vrais et les faux créanciers de l’Etat. Il y a cinq ans ou six ans, l’on a cru que la situation allait être débloquée, au terme d’un travail de dépoussiérage de la dette intérieure mené par une méga-commission composée des représentants des ministères des Finances et Budget, de l’Ogedep, de la Banque Centrale du Congo, de la EEC (Fédération des Entreprises du Congo), etc.

Selon des indiscrétions échappées du milieu, la dette intérieure congolaise aurait été chiffrée à hauteur d’environ un milliard et demi de dollars américains. Mais, une fois de plus, le doute sur sa fiabilité aurait plombé le processus de paiement.

Nouvel espoir de paiement?

Mise en veilleuse depuis plus de deux décennies, la dette intérieure congolaise fait des victimes sans nombre dans les rangs des opérateurs économiques internes ayant réellement fourni des services ou des biens et équipements à l’Etat congolais. Au fil du temps, nombre de petites et moyennes entreprises ont disparu de la carte économique nationale, pour n’avoir pas su renouveler leurs fonds de roulement, après avoir tout investi dans la livraison à l’Etat congolais, des intrants ou matériels agricoles ou encore des fournitures de bureau, la construction d’une route ou d’une école, la climatisation d’un bâtiment, etc.

A ce sujet; l’on ne peut que déplorer l’asphyxie, par les pouvoirs publics, de la classe moyenne nationale, capable de créer des richesses et de permettre au Trésor public de trouver son compte dans la perception des taxes administratives, fiscales, douanières, domaniales et autres.

Alors que l’amère pilule du gel prolongé du paiement de la dette intérieure a du mal à passer, l’on apprend de la « ville haute » qu’un nouveau feuilleton de réchauffement du dossier est en chantier. Si cela se confirme, l’un des vœux à formuler est que l’autorité gouvernementale chargée de le piloter remette réellement de l’ordre dans un dossier qui représente une question de vie ou de mort pour les opérateurs économiques détenteurs de créances certifiées sur l’Etat congolais. Mais au regard de la taille de cette dette intérieure, qui doit s’exprimer aujourd’hui en milliards de dollars américains, la prudence s’impose dans les modalités éventuelles de décaissement.

En cette année électorale, il y a non seule- ment des scrutins à financer, mais aussi des fonds supplémentaires à dégager pour le fonctionnement de nouvelles provinces, sans oublier les dépenses contraignantes de rémunérations des fonctionnaires et agents de l’administration publique, les personnels politiques, de la défense du territoire national. Bref, s’il y a une dette intérieure à liquider, cela devrait se faire progressivement, en tenant compte des moyens disponibles. La survie de petites et moyennes entreprises ainsi que de petites industries nationales est à ce prix.

Par Kimpozo

 

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